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Le seul vrai hétéro
Le seul vrai hétéro
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31 mars 2019

C'est en commençant par se rendre compte qu'on

C'est en commençant par se rendre compte qu'on n'est pas des mecs que l'on pourra ensuite cesser de les voir comme des filles. C'est d'abord nous-même qu'il faut déconstruire, puis viendra l'objectal (qui dans un premier temps s'impose trop d'emblée comme ce vers quoi on tend, donc difficile de prendre du recul). Les mecs ont moins d'excuses pour ne pas se déconstruire puisqu'ils sont moins victimes de la violence de l'objectal : ils ont juste à comprendre qu'ils n'existent pas. Les filles peuvent plus difficilement cesser de croire qu'elles existent, ou disons que ça leur coûte davantage, puisque le règne de l'objectal le leur répète à longueur de temps (qu'elles existent comme filles vers qui on tend). Le mec c'est du vide : le mec c'est quand la violence de l'objectal est mal vécue (on enrobe ça sous des dehors de mec). Les filles, c'est leur quotidien de subir l'objectal à leur encontre : leur parade, c'est soit d'être fille autrement, soit de ne plus l'être. 

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30 mars 2019

Je suis à la fois pire que ce que tu penses et

Je suis à la fois pire que ce que tu penses et mille fois mieux : oui, c'est la violence de l'objectal qui me pousse vers toi, mais ce sera pour faire avec toi tout ce que je peux faire avec un être humain (toute la curiosité qu'on peut y apporter).

29 mars 2019

Bien sûr que j'ai une « idée derrière la tête »,

Bien sûr que j'ai une « idée derrière la tête », mais elle n'a rien à voir avec « moi » ! C'est une absence-présence. C'est tout entier vers toi. Et la moindre des choses, le moindre des respects est que je ne t'embête pas avec tout ce que cela peut avoir de « localisé dans moi » (car oui, je parle bien de quelque part, je pars de quelque part, j'ai paraît-il un sexe mais il ne dit rien sur ce que je vais finalement décider de ressentir ou de faire). Pour que tu comprennes, j'aurais parfois envie de me mettre à tes pieds façon cœur d'artichaut en t'implorant de la façon suivante : « De la même manière que ce n'est pas parce que « je t'aime parce que tu es une fille » que « je pense que tu es une fille » (que les filles ça existe vraiment), ce n'est pas « un mec qui se pense mec » qui se conduit vers toi, c'est quelqu'un qui est poussé à te considérer ainsi (comme fille) – et ce que j'y mets n'a sûrement rien à voir avec ce que tu y mets. À la fois c'est triste car on ne pourra peut-être jamais comprendre ce que chacun y met – pourquoi j'aime les filles, pourquoi tu aimes les mecs –, mais à la fois je t'assure que pour ma part je n'excuserai jamais mes manquements, indiscrétions ou irrespects par le fait que “je veux être un mec” (car je ne le veux pas). »

28 mars 2019

Quelque chose s'éprouve de particulièrement

Quelque chose s'éprouve de particulièrement rassérénant pour le seul vrai hétéro : l'amitié pour une fille qui aime les filles. Il n'est donc plus seul : comme il n'aime que les filles, il commençait à penser qu'il fallait forcément aimer les mecs (vu que les filles aiment les mecs), or l'honneur est sauf, il découvre qu'on peut aussi être une fille et aimer les filles. Ça le trouble mais pas du point de vue sexuel comme on pourrait le croire et pourtant, si, c'est bien de sexe dont il s'agit. Car il ne s'agit pas de se complaire dans une « relation sans enjeu » – « comme elle aime les filles, je peux penser à autre chose » – non, car le seul vrai hétéro pense toujours aux filles. Mais il s'agit justement de découvrir le commun qu'il peut y avoir avec une fille qui est bel et bien une fille et qui aime les filles comme nous : une alchimie ultime à laquelle on n'aurait jamais pensée. Le ton de ma voix se fait alors différent, je sens que j'atteins une complicité inouïe ; je me rappelle lorsqu'elle m'avait dit « elle est jolie cette chanteuse, non ? » avec un clin d'œil : ça y est, le partage humain de l'émoi existait proprement dit.

Mais avec toujours quelque chose d'un peu triste car que fera t-elle de ce partage ? À quel moment la gêne se fera t-elle sentir (puisqu'après tout, l'on n'est qu'un mec et elle aurait bien raison de nous le rappeler) ?

Mais même dans cette tristesse il y a l'intensité de l'absence-présence de l'objet (de l'indicible) ; c'est le principe d'être le seul vrai hétéro.

27 mars 2019

Elle (hétéro) me dit « tu devrais quand même

Elle (hétéro) me dit « tu devrais quand même essayer une fois l'homosexualité pour voir, en fait c'est comme si tu regardais l'autre qui est toi de la façon dont l'autre sexe te voit : tu regardes cette fille comme les mecs regardent les filles et tu comprends mieux alors ». Regarder ce mec comme les filles regardent les mecs et mieux comprendre alors. Mais je ne veux pas comprendre ! Je ne veux pas savoir ce que l'on pourrait trouver à un mec, ce que l'on pourrait trouver de mec chez moi ! Regarder ce mec en me disant qu'une fille me regarderait ainsi, comme ceci comme mec, c'est tout ce que je ne veux pas me rappeler ! Ce serait me rappeler que l'on peut me voir comme un mec qui est sexuellement un mec ! Or, laissez-moi oublier que je ne suis pas seulement le seul vrai hétéro. Je veux juste tendre vers l'objet, jamais me souvenir de mon intérieur assigné.

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26 mars 2019

Dans ce rêve, elle me prenait dans ses bras

Dans ce rêve, elle me prenait dans ses bras (était-ce elle ou Elle ? Oh, un mélange des deux) et ensuite j'allais me regarder dans la glace et je voyais que mes cheveux étaient vraiment trop moches à l'arrière donc que « comment ça se fait qu'elle m'aime ? ». J'ai très vite généralisé à « pourquoi les filles aiment les mecs ? ». Il fallait toujours que je me rende compte de nouveau, à chaque fois avec surprise, que « ben oui, on dirait vraiment qu'elles aiment les mecs vu qu'elle a un copain et elle aussi et elle aussi ! ». Toujours me réassurer dans ma prise de conscience, comme quand j'étais avec Elle (huit ans) et encore aujourd'hui je me dis « incroyable, Elle a donc été avec moi qui suis plus ou moins un mec ! ». À savoir que non seulement je suis ce que je suis (déjà pas facile), mais en plus on dirait que je suis un mec ! J'aime me dire que le spectacle viril est juste une façon pour certains de gérer cette incompréhension permanente (« incroyable, elle a tenu ma bite dans sa main alors que c'est une bite ! »). Moi non plus je comprends rien mais je tente de garder ma dignité : je suis le seul vrai hétéro.

25 mars 2019

Les filles et l'humour. « C'est quoi votre

Les filles et l'humour. « C'est quoi votre problème avec l'humour ? », ai-je dit une fois à celle avec qui j'ai passé huit ans de vie d'amour (non dénuée d'humour et de non-humour). Je ne la visais pas spécialement, je visais le fait révoltant que l'absurde soit un truc de mec. Les humoristes filles du marché manient sans doute l'ironie, mais il m'apparaît que l'humour débile – que la bande de puceaux gagas que nous formions mes amis et moi au lycée avions eu la prétention de définir comme discipline de haute volée – est encore un luxe fortement genré. Il y a une sorte de gratuité dans l'abstraction absurde : on domine le monde social donc on peut bien se le permettre. Quand les filles veulent se la jouer « j'ai des couilles » en humour, elles choisissent les choses qui tachent : la provocation est en effet un empowerment plus puissant. Pour notre part (les puceaux gagas), nous avions théorisé que la plus grande violence humoristique résidait dans le décalage total ; par exemple, l'autre jour, un ami me voit discuter avec ferveur avec un autre ami près d'une porte qui claque, je dis donc au premier ami quand il arrive : « on est en train de débattre sur le sujet de la porte qui claque ». Quand je faisais ce genre de blague à des filles, je me sentais toujours comme définitivement pas viril. Ça n'avait pas la prétention de choquer, c'était juste gratuit et par là même je trouvais que c'était beau. C'était faire parler ma douceur, un peu comme de la pop. Le jour où les filles pourront sans gêne nous y rejoindre, ce seront elles les plus drôles. 

24 mars 2019

Tu écriras sur tout ça ; c'est ce que je m'étais

Tu écriras sur tout ça ; c'est ce que je m'étais promis de faire à quinze ans. Ça aura attendu que je ne puisse plus rien faire d'autre (et il n'est pas la peine de crier à qui mieux mieux « c'est toute mon Œuvre que je couronne là » car on l'a déjà entendu trop de fois de ta part, cf celui qui criait au loup, sauf que cette fois c'est vraiment vrai). Si j'avais écrit tout ça à quinze ans, j'aurais sans doute davantage insisté sur le côté fille (avec descriptions à l'appui de ce que j'aime dans le fait d'aimer les filles) ; le faire quinze ans plus tard, ça pousse à appuyer le côté mec (le malaise à devoir sans cesse être un mec). Je crois que j'aurais aimé que ce soit mon plus grand secret d'être le seul vrai hétéro, que ce ne soit pas le genre de chose que l'on remarque à première vue ; le fait est que ça nécessite pas mal d'exhumations de sentiments, preuve que ce n'est pas ce qu'on peut trouver en premier lieu chez ma personne. C'est le vécu de mes quinze ans qui est le plus simple à retranscrire ; toute la suite, ça ressort petit à petit, dans certaines répliques qui se sont fait jour pour enrichir ou contrecarrer mon soliloque. Il s'agit d'avancer progressivement vers aujourd'hui.

23 mars 2019

Preuve que « filles » est un signifiant vide,

Preuve que « filles » est un signifiant vide, dans lequel on peut mettre ce qu'on veut (et c'est justement ce qui en fait toute la saveur pour le seul vrai hétéro) : depuis toujours, je me dis par exemple : « sans maquillage, les filles sont tellement + filles ! » (optique naturaliste quelque peu adolescente) ; depuis toujours, je me dis : « les filles sont vraiment encore plus filles quand elles cessent de vouloir se conformer aux canons genrés ! C'est carrément plus excitant et enthousiasmant de percevoir cette fille comme n'ayant surtout pas un comportement de type fifille ! » (la fille avec qui j'ai partagé huit ans de ma vie disait « fifille » pour parler de la façon d'être beaucoup trop fille de façon fille). À partir de là, pourquoi garde t-on la notion ? Qu'est-ce qu'on y met ? Notre hétérosexualité, entre autres (sûrement en majeure partie). Notre poussée vers l'objet (devant bien être nommé d'une façon ou d'une autre).

22 mars 2019

Oui, je m'en souviens bien : ils parlaient porno

Oui, je m'en souviens bien : ils parlaient porno entre eux et c'est justement parce que je ne voulais surtout pas être le genre de mec qui parle porno avec d'autres mecs que j'ai encore plus ressenti le besoin d'atteindre les filles (toujours à part, toujours entre elles : qui sont-elles, que font-elles, de quoi parlent-elles, etc.). C'est dans l'ambiance poisseuse-potache entre mecs que j'ai su que je ne voulais surtout pas être un mec, que j'ai su que je n'étais bien qu'avec les filles, que j'ai su que j'étais le seul vrai hétéro. C'est de là que vient le soi-disant paradoxe exprimé ici : me rendre compte que je ne voulais pas être un mec, ça m'a encore plus donné envie d'être hétéro (car quand on est hétéro on tend vers la présence des filles). Je dis « soi-disant paradoxe » car cela ne l'est pas davantage que l'homo quand on le considère ainsi : tellement mal dans les prescriptions sexuelles portées envers son propre sexe qu'il se tourne vers un objet de son propre sexe (alors qu'on aurait pu penser le contraire ; en tout cas, le seul vrai hétéro vit le contraire). C'est là qu'on voit qu'on ne comprend pas grand chose – ou si peu – quand on part de l'intérieur : il faut d'abord en passer par élucider la violence de l'objectal (et de son corrolaire le répulsif, ici la masculinité) pour traiter toutes ces questions de genre, sexe et cie.

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