Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le seul vrai hétéro
Le seul vrai hétéro
Publicité
Archives
31 juillet 2019

Ce n'était pas comme ça qu'il fallait que je

Ce n'était pas comme ça qu'il fallait que je sois. Je m'étais imaginé qu'elles avaient parlé de moi ce jour-là lorsqu'elles semblaient nous évaluer l'un après l'autre, alors que je ne pouvais décemment pas faire partie de la liste puisque je n'étais pas un mec à proprement parler. Je tentais vaguement de considérer l'éventuel succès de mes dessins grotesques et naïfs, ils faisaient semble t-il quelque peu sourire celle que nous avions élue comme une sorte d'égérie, tout en sachant que si elle riait de nous ce n'était sûrement pas de la façon dont nous aurions aimé qu'elle le fasse, pas nécessairement à nos dépends (du moins espérons-le) mais plus exactement comme l'on considère des êtres simplement touchants, frais, candides, ce que nous étions sans aucun doute mais en rêvant néanmoins de tenter parfois de jouer dans la cour des mecs par nos entreprises vaguement volontaristes (qu'allait-elle donc penser de ma chanson intitulée « Faire l'amour » dans la cassette que nous lui avions transmise, quelle audace !).

Pouvais-je continuer à être ainsi ? Celle qui me prendra une fois la main seulement quatre ans plus tard (ce qui est peu, à l'aune d'aujourd'hui) répondra en partie à la question : oui et non. Oui car il a dorénavant été prouvé que quelque chose pouvait se passer malgré le corps chaotique (mais il faut faire ça discrètement la nuit, en jetant le papier toilette dans la poubelle pour davantage de discrétion), et malgré la nette sensation de faiblesse anti-virile (désormais expliquée) que je me traîne sur mes deux jambes : impossible de coordonner mes doigts sur la guitare, elle tente de me les placer mais on ne peut rien y faire, j'ai bien trop mal à la tête, et l'essentiel semble après tout résider dans ma propension vocale à une androgynie semble t-il « magnifique » (ou adjectif similaire), mais d'ailleurs cela favorise t-il mon cas ? Eh bien NON car à cause de mon souhait d'avoir cette voix et aucune autre je ne peux faire valoir que je suis une sorte de seul vrai hétéro car ce n'est pas à cela qu'elle sert mais seulement à me complaire dans une douceur soulageante qui me sauve de mes atteintes, donc c'est pipé (gêné quand dix ans plus tard elle lira devant moi l'inscription suivante sur la même cassette précédemment citée, dans la partie présentation de l'artiste : « regarde les filles », au sein d'une liste d'auto-définitions, comme si j'avais écrit « est né là-bas », preuve de ma propension jadis à la monstration appuyée, quelque peu compensatoire de tout le reste, désormais récusée car c'est encore trop). 

D'ailleurs, jamais vraiment su si dans son regard il y avait avant tout de l'attendrissement ou avant tout une sorte de reconnaissance. (Il faut dire que je suspecte toujours la compassion à cause du fait que ma maman est morte.)

Publicité
Publicité
30 juillet 2019

(...Mais un jour, incroyable : elle me dit, en

(...Mais un jour, incroyable : elle me dit, en référence à un camarade guitariste beau-parleur : « toi au moins t'es pas prétentieux comme lui », tandis que j'essaie de lui trouver des circonstances atténuantes ; je me dis donc que leur règne prendra peut-être fin un jour. Il faut dire qu'elle avait quelque chose, bien que je sois complètement passé à côté à l'époque. Il me restera tout de même l'impression de m'être dit qu'elle était contente de me voir dans le public. 
Néanmoins, le même soir : gaffe avec la copine du mec qui fait la première partie : je dis « c'est vraiment pas mon genre, ce genre de chose », elle « ah ben c'est mon copain », mi-vexée mi-amusée... On n'en aura jamais fini avec eux...)

29 juillet 2019

Le dégoût que j'ai toujours ressenti vis-à-vis du

Le dégoût que j'ai toujours ressenti vis-à-vis du mec sensible, du fameux poète écorché (très souvent sexiste dans son histrionisme, par ailleurs) vient fondamentalement de là : son mal-être ne vient que de sa tête, donc ce n'est pas du jeu. C'est ça le scandale, bien plus que son entreprise stratégique de recherche intensive de commisération (danger qui nous guette tou.te.s) : il peut rester un mec (et il ne s'en prive pas) puisque c'est simplement son esprit qui est atteint. Je sentais bien que l'absence de romantisme de ma personne était dûe de façon évidente à la nature avant tout corporelle de mes atteintes, qui ne ressemblaient en rien au cri de révolte de l'autre Narcisse. Et même s'il y avait du psychomental dans leur déclenchement, cela ne faisait que rendre impure ma plainte : ni assez grave pour être une maladie, ni assez aigue pour être un trouble, mes perturbations métaboliques m'empêchaient tout simplement de me tenir droit comme celui que j'aurais dû être, confiant en sa capacité de ne pas flancher (un mec, quoi). 

28 juillet 2019

De la même manière que c'est à partir du moment

De la même manière que c'est à partir du moment où je me suis senti proprement diminué qu'une nouvelle aire d'intelligence et de confiance a pu être libérée dans ma boîte crânienne par la suppression d'une quelconque culpabilité relative à une quelconque faiblesse inhérente à ma psyché (elle ne dépendait pas de moi, par conséquent je pouvais me consacrer à comprendre le monde), c'est à partir du moment où je me suis mis à saisir ce qu'il y avait de non-aimable en moi, à savoir pourquoi je n'étais pas un mec aimable, à savoir pourquoi je n'étais pas un mec, que je me suis mis à enfin accepter la détresse passionnée que cette situation ne manquait pas de me faire vivre. J'étais diminué, je n'étais pas un mec : ça allait de pair avant même que je ne prenne conscience que cela relevait de la même unité de valeur, un mec diminué n'étant plus un mec mais autre chose, une sorte de possible satellite de la masculinité suivant ce qu'on lui accordera par ailleurs comme qualités plus ou moins légitimes, relevant plus ou moins d'une forme de compétence ou pas, mais ne pouvant quoi qu'il en soit pas être rattachées à tout ce qui caractérise un mec proprement dit.

27 juillet 2019

Résumé de l'épisode précédent : Il s'agit par ce

Résumé de l'épisode précédent : Il s'agit par ce blog de me saisir de cet élan d'évidence selon lequel c'est parce que je suis orienté avec un sentiment d'évidente nécessité envers les filles que je ne peux pas être un mec, afin de permettre une toute aussi nécessaire déconstruction de la masculinité qui se doit d'être la tâche de chaque mec pour qui être un mec n'est pas quelque chose d'évident. Après m'être longtemps englué lors de ma jeunesse dans une simple exaltation (perçue comme pressante à cause du parfum d'évidence) des filles en tant que filles (en tant que je les percevais comme filles), il s'agit désormais d'insister sur l'impossibilité (bien plus qu'un refus motivé par une répulsion, même si ça part en partie de là et fait par conséquent partie de la description complète des enjeux) d'être un mec. À partir de là, le seul vrai hétéro s'est trouvé face à deux écueils : ne pas dénier l'angle constituant la première vérité de sa perception et de sa parole, à savoir que seule l'évidence de l'objectal (appelée couramment l'orientation) permet de se concentrer avec sérieux et lucidité sur la problématique genrée (autrement dit : à la base de toute interrogation sur la nature du sexe social, il y a une force préalable de l'orientation, « réglée » ou dépassée ou pas encore par l'intervenant selon son degré de conversion à la transparence du discours et/ou du regard sur soi) ; il ne s'agit pas de partir de l'hétérosexualité pour n'aboutir qu'à l'hétérosexualité dans un éloge mystico-béat (souvent pratiqué à l'adolescence, c'est de bonne guerre), et bien que la conscience d'être le seul vrai hétéro ne puisse pas purement et simplement être considérée en terme graduel – comme une “étape à franchir” en vue d'autre chose – puisqu'elle est nécessairement présente à tous les moments du spectre, par sa force d'imposition irremplaçable qui définit toute évidence de l'objectal, cette contemplation d'un état, si elle ne veut pas risquer de verser dans un romantisme stérile, doit donc s'actualiser politiquement dans un véritable court-circuitage de la masculinité

Teaser de la prochaine saison : La triple vérité à laquelle je fais face (vérité de mon histoire interrompue, vérité du refus politique de la masculinité, vérité du statut existentiel présent où je suis rendu) peut être énoncée ainsi : un état physiquement amoindri ne peut pas être celui d'un mec car alors il n'est pas assez un mec : pour être mec, le mec doit être suffisamment un mec (en étant diminué, il est diminué en tant que mec).

Publicité
Publicité
10 juillet 2019

Et pourquoi tu m'as pas fait des câlins ? lui

Et pourquoi tu m'as pas fait des câlins ? lui avais-je demandé (on avait dormi dans le même lit, c'était la première fois qu'une pareille chose m'arrivait). Elle m'avait répondu quelque chose comme c'est pas venu parce que voilà, je sais pas mais c'était comme ça, ça s'est pas présenté, c'est pas arrivé parce que ça s'est pas senti suffisamment pour que ça se fasse et puis c'est tout, bon... Elle usait d'un ton détaché et c'est tout ce que j'admirais (même si en ces temps je bouillais). Elle exprimait ainsi la réalité de la vie : elle faisait part de la certitude d'une situation tout en ne la justifiant jamais par des tournures relevant d'un quelconque destin invisible (les “il fallait que”, “ça devait”). Elle ne serait pas ma première copine mais cela ne serait pas à cause d'une fatalité voulant que les choses ne se passent pas ainsi. Le champ des possibles restait ainsi ouvert, qui plus est enrichi d'une plus grande lucidité vis-à-vis des situations (je lui dirai que cette « lucidité » serait dorénavant mon maître-mot, bien sûr je n'en fis rien). 

Je ne peux m'empêcher de considérer ainsi la voie à suivre : oui, sans doute que je suis porté vers toi parce que tu es une fille mais cela ne dit rien sur ce qui peut vouloir se passer ou pas, cela n'induit pas de fatalité du physique tout comme cela ne l'exclue pas délibérément, que cela se présente ou pas cela ne voudra pas dire que nous serons définis tout entier par ce qui sera arrivé ou pas, nous sommes tous les deux bien davantage qu'une tension en avant ou en arrière envers l'objet-paysage que nous percevons chacun chez l'autre !

9 juillet 2019

Ah tiens, donc elle aussi elle a l'air quelqu'un

Ah tiens, donc elle aussi elle a l'air quelqu'un de perturbée, d'anxieuse ? Comme moi, comme toutes les autres, comme nous tou.te.s ! Et pourtant j'ai pas fait exprès car ce qui m'avait marqué chez elle, entre nous, c'est que c'était tout à fait spontanément que l'adéquation se faisait, les mots (voire les actions) s'imbriquaient d'eux-mêmes, un peu comme avec elle, où dans sa petite chambre la journée s'était présentée comme elle se présentait, toute seule, on suivait ce qu'il fallait communément faire (sûrement pour ça qu'elle avait fini par me prendre la main et vous connaissez la suite). Il ne semble pas qu'il y ait tant de choses à dire sur elles deux, bien peu de choses s'additionnent finalement et on ne peut qu'en être étonné quand on s'aperçoit qu'avec celles où l'évidence de l'écho mutuel était moins directement frappant il a pu y avoir tant de faits développés (voire concrétisés). Comme si après tout l'imbrication spontanée ne suffisait pas ou bien au contraire suffisait trop, et la preuve c'est qu'elle (la première dont j'ai parlé dans ce texte) se trouve en plus posséder l'éternelle angoisse de toutes celles avec qui j'ai pu partager quoi que ce soit, je peux donc témoigner qu'avec elle non plus la légèreté ne suffirait sans doute pas à définir l'éventuelle relation, alors qu'on aurait pu le penser !

8 juillet 2019

Dans mon message, je ne voulais surtout pas

Dans mon message, je ne voulais surtout pas paraître mec (ce que je suis en partie dans la mesure où il y a une partie de moi qui espère bien pouvoir essayer de tenter quelque chose relevant de ce qu'on appelle l'hétérosexualité), tout en ne souhaitant pas non plus déverser tellement ma non-envie d'être un mec que je serais devenu cette monstruosité pseudo-poétique de dévoilement narcissique nommé le mec sensible : interdit donc de faire dans les tournures alambiquées, sibyllines ou tout bêtement littéraires. À partir de là, chaque mot pesé sera celui d'un mec en équilibre dans ses chaussures, net, concret, tellement revenu du fait qu'il puisse se soucier d'être un mec comme d'être un non-mec qu'il se contente de décrire l'état des choses : ainsi, je suis "tout à fait dispo" (sic), "si tu es toujours ok" (sic), "je pense connaître des cafés" (remarquons la subtile pusillanimité de ce “je pense connaître”, se situant au-delà de toute assurance virile comme de toute affectation non-virile), "voici donc mon numéro", "je pars juste à telle date, etc. mais sinon a priori je suis là, etc.", "donc n'hésite pas". C'est clair, sans fioritures, droit dans ses bottes. Je m'efforce ainsi tellement d'être juste un mec que j'espère dépasser les accusations de l'être vu que si je l'étais vraiment je me serais grimé en autre chose. 

Et si donc la stratégie, aussi bien pour mon adéquation à moi-même que pour mon adhésion fonctionnelle à l'hétérosexualité, serait d'être dans un premier temps juste une sorte de mec pour bien montrer que cela ne va pas bien loin, ne dit rien sur moi ni sur personne, que c'est comme par exemple me raser la barbe mais qu'ensuite c'est mon vrai moi qu'il s'agit de faire apparaître quand la confiance est acquise, à savoir tout le reste de ce qui est ma personne et que ni la masculinité ni l'hétérosexualité n'épuise ? Paraître tout d'abord normal, objectalement correct, pour ensuite aller au-delà de toute prescription existante ? "Dynamiter le système de l'intérieur", comme l'on dit vulgairement ?

7 juillet 2019

Je ne connaissais d'elle que des mots, elle

Je ne connaissais d'elle que des mots, elle allait donc forcément me plaire. Or, non. Dès que l'on s'est vus, elle m'a rappelé… non pas quelqu'un, elle ne me rappelait personne justement, c'était bien là le problème, non, ce que je voulais dire c'est qu'elle m'a rappelé que je lui avais dit, écrit quelques jours plus tôt sans coup férir qu'elle était une personne « merveilleuse » ou quelque chose comme ça (rire gêné de sa part lorsqu'elle évoque devant moi son nez-à-nez avec ce mot), juste parce qu'elle m'avait paru artistique. Et possible amour, par conséquent. Or, non. En la voyant, je ne voyais qu'une possibilité d'amitié vague ou légère ou trop ambitieuse dans sa légèreté concrète (tout cela revenant au même), ce dont je n'étais pas capable en cette époque (la preuve, elle me laissa un Artaud dont je ne sus que faire ; il faudra attendre ma première compagne pour en goûter les fruits, que je lui ai d'ailleurs laissés – ça tombe bien, les pages se détachaient). Je lui dirai beaucoup plus tard que j'avais été dans une mauvaise passe, histoire d'expliquer mon regard fuyant (fuyant la découverte flagrante de l'impossibilité de l'amour, la lourde déception du puceau gaga ; mais était-ce avant ou après la première agression par une bouche ? Ne pas savoir la situer est en tout cas révélateur !). Elle non plus n'allait pas bien, à cause d'une rupture avec un mec (déjà un, on les retrouvera ensuite partout sur notre chemin). En étais-je un à l'époque ? Oui, dans le sens où je semblais à la recherche de formes, d'atours plutôt que de contenus ou de paysages. Mais non, dans le sens où je n'acceptais de m'abandonner à aucune possibilité m'apparaissant comme inauthentique (quand j'accepterai, ce sera pour aller au bout de la honte, en me laissant faire).
« Je suis sûr que c'est bien, ce que tu fais ! ». J'avais encore tout caché de ce que j'étais (la preuve que je n'étais pas prêt). Il me semble qu'elle finira par tomber dessus, enfin, beaucoup plus tard (durant la même période où l'on s'expliquera les anciens regards gênés, les mots comme « merveilleuse », etc.). Elle aimera certains de mes parallèles, et m'apprendra qu'elle possède un chat (tout comme moi). Nous n'aimons pas le président de la République. C'est à peu près tout.

6 juillet 2019

Depuis que je la connais, tant de signes m'ont

Depuis que je la connais, tant de signes m'ont incité à penser que l'on voulait qu'une histoire avec elle ne puisse commencer. L'on me retenait. Jamais là tous les deux quand il fallait, toujours empêchés car devant répondre aux autres attentes de surface, de bonne figure. Comment nous décider ?
Cela m'a rappelé une auto-interrogation jadis secrètement extirpée chez celle qui sera finalement devenu mon hésitante compagne : elle se demandait (à moins que ce ne soit à la cantonade, mais cela revient au même) comment savoir s'il fallait bien mener quelque chose avec moi ; afin de remédier à cette perplexité tiraillante, elle s'en remit au destin : si on l'appelait ailleurs, c'était que je n'étais pas le bon ; si on ne l'appelait pas, c'était comme si on lui intimait de persister ici avec la personne que j'étais, de se décider enfin à me suivre tel quel. Comment ça tient à peu de chose ! L'impression qu'elle a lancé le même genre de dés plus de huit ans après, lorsqu'il s'est agi cette fois-ci de choisir d'en suivre ou pas un autre (cette fois-ci j'ai perdu).
Aussi curieux que cela puisse paraître, une telle mystique du hasard s'accorde bien avec l'idée de signe : ici, dans le rapprochement entre leurs deux impossibilités (celle d'elle qui fut mienne, suivi de celle d'elle qui le sera peut-être), si signe il y a, c'est le signe que l'histoire sera hasardeuse, ce qui est une forme de beauté. Par conséquent, si avec elle aussi, une fois de plus, cela ne me semble tenir à rien (ou à pas grand chose), il y a de grandes chances pour que cela dure longtemps et soit beau, comme avec elle, par conséquent pourquoi pas ?

Publicité
Publicité
1 2 > >>
Publicité