Proust dit quelque part que l'amour que l'on
Proust dit quelque part que l'amour que l'on ressent dans les yeux de l'autre est le reflet de notre propre amour qu'on lui envoie, circularité qui trouve son accomplissement lorsqu'il y a réciprocité, chacun aimant ainsi ce que l'autre lui renvoie de lui-même : l'amour peut exister. Donc oui, bien conscient qu'à la base je mets dans les filles tout mon émerveillement pour elles, mais dans ma situation c'est un problème pour l'existence de l'amour ou plutôt pour l'acceptation de sa non-existence (ce qui revient au même, ayant l'impression que pour qu'il puisse m'arriver il faudra que je sois passé par accepter mon impossibilité à l'accueillir dans cet état) : vu mon être, je me dis que je suis en post-amour, c'est fini ces choses, j'ai déjà bien assez à faire avec ma propre existence précaire, ce qui me fait d'autant plus admirer toutes ces belles façons courageuses d'embrasser l'existence que dégagent plusieurs filles que je peux croiser, par conséquent quelque chose comme le sentiment de l'amour refait jour, alors que j'étais parti pour vivre sans. Ça revient me chercher et me rappeler que je ne peux pas y répondre, que je ne peux pas me répondre à moi-même, à mon propre envoi d'amour dont je reçois ensuite l'accusé de réception à l'insu du plein gré de la destinatrice (comme toujours, c'est moi qui l'avais demandé).