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Le seul vrai hétéro
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28 août 2019

Proust dit quelque part que l'amour que l'on

Proust dit quelque part que l'amour que l'on ressent dans les yeux de l'autre est le reflet de notre propre amour qu'on lui envoie, circularité qui trouve son accomplissement lorsqu'il y a réciprocité, chacun aimant ainsi ce que l'autre lui renvoie de lui-même : l'amour peut exister. Donc oui, bien conscient qu'à la base je mets dans les filles tout mon émerveillement pour elles, mais dans ma situation c'est un problème pour l'existence de l'amour ou plutôt pour l'acceptation de sa non-existence (ce qui revient au même, ayant l'impression que pour qu'il puisse m'arriver il faudra que je sois passé par accepter mon impossibilité à l'accueillir dans cet état) : vu mon être, je me dis que je suis en post-amour, c'est fini ces choses, j'ai déjà bien assez à faire avec ma propre existence précaire, ce qui me fait d'autant plus admirer toutes ces belles façons courageuses d'embrasser l'existence que dégagent plusieurs filles que je peux croiser, par conséquent quelque chose comme le sentiment de l'amour refait jour, alors que j'étais parti pour vivre sans. Ça revient me chercher et me rappeler que je ne peux pas y répondre, que je ne peux pas me répondre à moi-même, à mon propre envoi d'amour dont je reçois ensuite l'accusé de réception à l'insu du plein gré de la destinatrice (comme toujours, c'est moi qui l'avais demandé).

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27 août 2019

La douceur est avant tout pour moi une normalité

La douceur est avant tout pour moi une normalité ; les filles sont simplement ce que le monde devrait normalement être ; disons plus précisément que c'est surtout chez les filles que je trouve ce que le monde devrait normalement être, à savoir doux. Il ne s'agit pas de dire qu'une fille est forcément douce ou qu'aucun mec n'est doux, simplement que cette précieuse douceur dont j'ai besoin, je la ressens de façon beaucoup plus fréquente et évidente chez celles que je perçois comme des filles (à savoir pas toutes les filles parmi les filles). Mais le but final est bien d'étendre cette douceur à quiconque en est capable (les mecs me semblant de mauvaise volonté à ce niveau).

On pourra s'étonner qu'un artiste puisse édifier un tel critère de « normalité » à propos de la définition d'une vie digne de ce nom (douce). Précisons donc : la normalité, c'est simplement ce qui permet tout le reste, tout ce qu'on voudra par la suite, tout et possiblement son contraire ; à l'inverse, rien n'est permis par la dureté ou la violence, que du néant. Une fois la normalité acquise, peut ensuite venir la danse en slip en criant à tue-tête coiffé d'un béret à pois mauves.

Précisons enfin que ce qui a motivé ce texte est une fille de mon entourage familial qui m'est toujours apparue comme différente des autres ; les autres sont durs pour la plupart, même les filles ; les autres, je les ai par conséquent toujours ressentis comme pas normaux, clochant dans leurs approches et leurs réactions ; à l'inverse, elle, apparaissait comme douce, comme normale, comme ce qu'est en général une fille, quelqu'un de normal avec qui on peut parler normalement (avez-vous déjà essayé de parler à un mec ? dialogue de sourds, n'est-ce pas ? croyez-vous qu'ils le savent ou qu'ils s'en battent les couilles, si vous voulez bien me passer l'expression ?).

26 août 2019

Il est des fois où devenir elle comporte des

Il est des fois où devenir elle comporte des risques ; je crois que c'est de là qu'est venue ma tendance à absorber comme une éponge son mal-être. J'étais elle le plus possible que je pouvais (ce qui suppose nécessairement quelques zones non atteintes, peuvent-elles d'ailleurs être atteintes par elle-même ?), or ce n'est pas ce qu'elle aurait voulu : j'aurais dû faire obstacle à elle. Mais si je ne pouvais pas être elle, que devais-je être ? L'impossibilité de répondre à cette question me faisait perdurer dans l'effort consistant à l'atteindre dans ses atteintes, m'y fixer afin de ne faire plus qu'un avec elles, avec elle, cette indistinction sujet-objet me paraissant plus ambitieuse qu'une simple présence à ses côtés ; je devais être en partie ce qu'elle ressentait afin de pouvoir nous en extraire (ce qui peut vite faire dériver vers être partie prenante de ce qu'elle ressentait, autrement dit l'une des causes ; on y vient insensiblement, les suites pouvant être dramatiques, mais je restais persuadé qu'il fallait en passer par là pour extirper le mal). Quelle leçon en tirer ? Disons que tout en n'étant pas prêt à abandonner ce rêve d'indistinction (sans lequel je ne suis rien, ou tout du moins ne veux rien être de spécial), je me dis qu'il aurait fallu percer de façon plus consciente cette impossibilité que j'avais à savoir ce que je ne voulais pas être (j'appelle donc désormais ici, provisoirement, ne pas vouloir être un mec cette propension, avec tous les sous-entendus comportementaux).

25 août 2019

Mais si l'on m'avait dit à l'époque que la seule

Mais si l'on m'avait dit à l'époque que la seule façon d'être amoureux que je connaissais jusqu'alors ne reconnaissait pas assez la confrontation à l'individualité, par sa complaisance dans de simples rêveries hyper-incarnées, j'aurais répondu que cette hyper-incarnation, à la base de tout fétichisme pratiqué par homo sapiens en ce domaine, représentait le summum de l'attention à l'individuel. Ce n'était pas n'importe quel sourire ni n'importe quels cheveux qui me plaisaient, c'était ce sourire, ces cheveux. À elle. Certes, il y avait aussi le sourire et les cheveux d'elle (une autre) qui me faisaient quelque chose, mais ce quelque chose qu'ils me faisaient n'était justement pas le même : c'était un autre sourire, d'autres cheveux ; un certain sourire, de certains cheveux. Ma ferveur me semblait tout autant tournée vers leur individu que ne l'aurait été celle d'un prétendant fidèle, monothéiste. Mon polythéisme ouvrait la voie à l'amour de la seconde sorte (celui qui se concentre sur un seul objet-paysage), dans la mesure où chacune était irremplaçable, aurait manqué dans ma vie si elle n'avait pas été là, simplement là. Enfin, cet édifice mental témoignait du caractère sérieux de la chose physico-charnelle : il ne fallait pas rigoler avec, c'était précieux, sacré, vibrant. Le summum du mysticisme (il m'est donc apparu ensuite que pour devenir réellement amoureux – tel qu'on l'est dans les formes – il fallait devenir un peu moins prophète, un peu plus prêtre : le dogme en serait moins éclatant, plus circonscrit mais peut-être ainsi plus efficace sur la durée, me permettant de vivre l'amour dans le monde et non hors de celui-ci).

24 août 2019

Son métier consiste à soigner des cadavres. « Les

Son métier consiste à soigner des cadavres. « Les suicidés, je me dis qu’ils ont eu ce qu’ils voulaient, quoi ; en plus... une fois j'en ai eu une, elle s'était suicidée pour peine de cœur, alors que franchement j’ai envie de dire “y’a suffisamment de bites sur terre” (rires) ». Il y a suffisamment de bites sur terre. J'aurais voulu inscrire cette phrase comme citation introduisant mon analyse sur sa distance émotionnelle à toute épreuve, aussi bien professionnelle que personnelle. Cette distance sexuelle associée à son genre me semblait la marque la plus révélatrice – et la plus inédite, pour nos mœurs qui édifient le romantisme féminin comme normalité – quant à sa personnalité : c'était cette phrase qui permettait de couronner son portrait, de saisir son être, son idiosyncrasie. Par pudeur scientifique, je me suis retenu de la faire figurer ; je me devais cependant de la faire paraître un jour, la voici donc ici.

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23 août 2019

À chaque fois il faut qu'elles fassent comme si

À chaque fois il faut qu'elles fassent comme si je n'étais pas là, ou plutôt comme si je n'étais pas un mec. C'est ce que j'ai donc conclu, puis voulu (vous avez fini par le comprendre). Elles se racontent tout dans les détails en ma présence, entre copines, parfois même l'une d'entre elles pleure et je m'en souviens encore des années après (« comment elle va, ta copine qui avait pleuré il y a quatorze ans concernant ses affaires de cœur ? »). La dernière fois, elles parlaient de maladies de leur sexe ; cela ne me dérangeait pas dans l'absolu, mais alors que l'une d'entre elles se rendait compte de la gêne possible en me lançant un « mais peut-être que les mecs aussi parfois vous... », auquel je ne rétorquai rien, il me prit l'envie secrète de m’y mêler en les avisant de ma situation : « quant à moi dans cette zone-là ça ne va pas non plus, pollakiurie, hypertonie, sans compter le kyste que je vais bientôt me faire enlever dans le coin, avec des dégâts collatéraux que vous pouvez déduire ». Aurait-ce été la réaction d'un macho égotique, qui voudrait rester le seul à se plaindre de son sexe, qui se plaindrait qu'elles s'en plaignent ? J'aurais bien sûr voulu l'inverse : la subversion de celui qui dévoile la perte de sa virilité. Reste l’asymétrie bien connue : le dévoilement masculin titille son sexe sexuel (il y a à perdre et à gagner au sein d’une compétition) tandis que le dévoilement féminin témoigne d’un sexe-condition (le fardeau éternisé par la fatalité divine).

22 août 2019

Les litanies blanches “le voile met une distance”

Les litanies blanches “le voile met une distance” sont d'autant plus délirantes qu'elles me rappellent mes premières intolérances, celles que j'avais à l'égard des fards. Adolescent, il fut un temps où je déclarai que toute fille qui se maquillait était en dehors de mon monde, qu'elle ne méritait pas ma considération. Position de plus en plus intenable lorsque jour après jour, l'une après l'autre de mes égéries tombait sous le joug oppressif que j'avais édifié comme la pire des trahisons politiques. Reste donc ce constat universel : le mec non-réflexif prétend toujours déterminer qui est la vraie fille, même et surtout quand il la façonne comme la fille s'étant émancipée d'être fille, seul effort permettant à ses yeux de pouvoir la définir comme une fille digne de ce nom

21 août 2019

Dans cette essayiste et militante que j'admire,

Dans cette essayiste et militante que j'admire, j'y vois un peu d'elle : tendue dans une affirmation, s'époumone, est toujours juste même quand est excessive, semble ne pas prendre en compte certaines données mais justement pour en affirmer d'autres qui n'auraient pas pu advenir dans une simple exposition froide... Quelle personne ! Je ne pouvais m'empêcher de l'aimer, même quand elle me faisait mal, quand elle ne se laissait pas arrêter par l'état émotionnel de la situation. Mon être objectif n'a jamais perdu la conviction qu'il fallait que je sois avec elle, tandis que mon moi diminué encaissait ce qu'il pouvait et ne savait pas quoi faire de ce qu'il ne pouvait pas. Et ne saura pas quoi penser de ce qui arrivera.

20 août 2019

On était dans une librairie et je tentais de nous

On était dans une librairie et je tentais de nous trouver une BD, quelque chose qu'on aimerait tous les deux. Je feuilletais des choses vraiment trop sommaires, indignes, même si possiblement intéressantes. L'une semblait l'intéresser, elle me disait "et il y a ça, pourquoi pas ?" mais je sentais quelque chose de pas totalement convaincu dans sa voix et son regard un peu perdus, comme si elle cherchait surtout à me faire plaisir et ne comprenait pas ce que je pouvais trouver à ces choses. Je rêve encore de ça, alors qu'elle avait écrit à quel point elle avait pu se nourrir avec joie des traits avec lesquels je l'avais mise en contact, mais c'est comme si mon manque de légitimité était indécrottable. En mettant mon existence dans des livres et des disques que j'achetais, c'était histoire de me trouver des appuis solides me ressemblant potentiellement, à la fois meilleurs que moi et me reflétant en partie. Lorsqu'ils me reflétaient trop, c'était un problème ; je montrais ainsi de manière impudique ce que je pouvais être et parfois je risquais de ne plus m'aimer à me découvrir ainsi (quelle étrange expérience par exemple d'écouter une musique qui nous plaît trop devant tout le monde, c'est comme si on nous arrachait ce plaisir ou qu'au contraire on l'offrait de façon indécente). Quelque chose de l'affection, du sentiment d'existence que l'amour doit apporter se joue ici, comme si je ne parvenais pas à me suffire à moi-même, que sans ces béquilles artistiques (pourtant fort encombrantes) je ne me jugeais pas digne d'attention, que je n'occasionnerais que des regards perdus en ne sachant pas quoi montrer de moi, de ce que j'aime, que je ne pourrais laisser l'évidence aller, celle-ci ne se manifestant qu'en de rares occasions solitaires, vite insaisissables.

(Impossible de savoir sur lequel des deux blogs va ce texte alors pour la peine il est sur les deux. Il est ici aussi, pour rappel : http://defini.canalblog.com )

19 août 2019

Je ne m'étais jamais senti aussi certain de

Je ne m'étais jamais senti aussi certain de pouvoir compter, certifié d'exister. Même si cela se faisait à distance (et je dirais même d'autant plus, preuve que le virtuel n'amoindrit rien), je sentais qu'elle m'attendait. Ce n'était pas à proprement parler son amour qui me remplissait, pour le coup il m'agressera plutôt puisque j'aurai alors l'impression de subir son assaut (envers mon épaule, envers ma bouche, bref envers ce que l'on appelle son intégrité). C'était tout simplement d'apprendre que j'existais bel et bien pour quelqu'un.

Lorsque je me demande « à quelle sorte d'amour correspond le plus l'affection que l'on nous porte ? » (à la sorte “aimantation physique” ou bien à la sorte “recherche d'union morale”), je ne sais que répondre. Bien sûr qu'il est idéalement présent dans les deux, mais je vis sa présence autrement, je vis sa présence comme relevant d'une nature proprement autre, d'une définition plus fondamentale : c'est tout simplement sentir qu'on existe. « Sentiment que l'on ressent dans les deux sortes », me répondrez-vous, mais pas forcément, il m'est arrivé de ne pas le ressentir alors que j'étais bel et bien immergé dans l'une des deux. L'impression que dans la première on est trop accaparé par le fait de rechercher l'intensité sensitive et imaginative, et que le but de la seconde est de se mouler sur une forme sociale (le fameux couple) dont l'établissement ne dit rien de la reconnaissance mutuelle ou non de l'existence pleine et entière de chacun – particulièrement dans son cadre nucléaire bourgeois, conçu pour d'autres finalités que celle-ci.

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