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Le seul vrai hétéro

Le seul vrai hétéro
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13 juin 2019

À l'école primaire c'était elles que cela

À l'école primaire c'était elles que cela semblait intéresser : elle mimait le fait de faire l'amour (en gigotant au pied du matelas), elle (pas la même) m'avait montré sa zézette en plein spectacle (plongés dans le noir de la salle) ; à l'inverse, au lycée (je n'ai pas vécu le collège, je ne pensais qu'à être triste et au fait d'être poisseux), je semble ne plus exister en tant qu'être possiblement sexualisé, je suis distant de tout, je pense enfin à cela mais c'est justement parce que j'y pense enfin qu'il me paraît plus digne de préserver toutes ces pensées de ce qui pourrait les altérer, non pas que je les croie pures mais parce qu'elles sont trop précieuses pour risquer la confrontation avec ce qui intéresse le monde réel, d'ailleurs cela tombe bien car il n'y a que dans mon hétérosexualité naissante que mon flux mental se rapproche plus ou moins de celui d'un mec, pour le reste je n'ai pas l'air d'être perçu comme tel, il faut dire que je passe mon temps à avoir un phrasé pseudo-humoristique tout sauf viril, je ne sais pas si ce sont vraiment des “blagues” et est-ce que je tiens tant que ça à parler aux filles ? Je sens qu'il me faudra avant tout comprendre ce que je suis.

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12 juin 2019

« Douleur tellement soulagée après la mise de mes

« Douleur tellement soulagée après la mise de mes appareils auditifs que franchement j'aurais pu embrasser sur la bouche mon audioprothésiste !

– ...Et peut-être qu'elle aurait bien aimé ! me lance t-elle. »

Qu'a t-elle voulu me dire par là ? Quel fut le sens de sa remarque ? Comment a t-elle pu se la permettre ? Quoi percevoir en creux ?

Je me sens alors mec et j'ai un mouvement de recul ; il faut dire que j'avais donné le change en exprimant cette fiction éthérée non concrètement vécue, en surjouant l'hétérosexualité, le surjeu conscient faisant parfois partie du jeu (du seul vrai hétéro ; car « parler de l'idéologie comme d'une chose, c'est déjà la dépasser en partie », dixit Sartre : ainsi, ici, faire un tel blog ne peut que signifier que je le suis déjà un peu moins – pour pouvoir le faire).

D'où mes réticences à montrer l'hétérosexualité : on se met alors à me saisir comme mec, alors qu'il faut pas, il faut surtout pas (pour continuer à être ce que mon être tient à ce que je sois).

11 juin 2019

Je n'ai même plus envie, ça aurait pu se faire à

Je n'ai même plus envie, ça aurait pu se faire à une époque mais on aurait dit que chacun attendait l'autre, oui car c'est sûrement pareil de son côté, elle a dû se dire que manifestement je n'étais pas enclin à tenter quelque chose avec elle, de la même manière que j'ai conclu la même chose de mon côté, synchronisation conduisant ainsi à la disparition du sens donné à un tel éventuel mouvement. Cela n'est même pas triste puisqu'après tout l'envie est bel et bien partie de façon simultanée, certes nous aurions pu sans doute vivre quelque chose au moment opportun mais le fait est que nous nous rejoignons désormais dans la lassitude vis-à-vis de l'absence de concrétisation de l'entreprise. Nous vivons ainsi communément l'épuisement, alors que nous sortions chacun d'une fin d'histoire vécue asymétriquement ; nous vivons ainsi enfin dans le non-amour la coordination.

10 juin 2019

C'est justement parce que je suis le seul vrai

C'est justement parce que je suis le seul vrai hétéro que je peux être le moins hétéro-normé de façon incroyablement à l'aise. C'est quand je me rends compte que j'aime décidément vraiment définitivement les filles que je n'ai plus peur que l'on trouve que je suis trop effeminé. « T'es strictement hétéro ? », me demande cet ami ; si merveilleux d'apprendre que cela ne se sait pas ! Non pas que j'en aie honte ou que je souhaiterais jouer à être autre chose, mais au contraire : cela me rappelle que je le suis tellement que je me permets avec félicité de ne surtout pas le paraître (car je n'aime que l'être ; le reste, je n'en veux pas ; le reste, ce n'est pas de l'être ; ce qui est de l'être dans le reste de l'être, à savoir tout ce que l'hétérosexualité n'épuise pas et qui existe à ses côtés, ne peut être que tout autre chose que de l'hétérosexualité). 
Je le redis, ce n'est pas un amusement, c'est juste l'expression de tout le reste que je suis en plus de l'hétérosexualité qui ne m'épuise pas, c'est justement parce que je suis le seul vrai hétéro que tout le reste de ma personne n'a rien à voir avec le fait de l'être ou pas, est bien plus que ça puisque ça est déjà suffisamment grand qu'il occupe toute la place qu'il doit occuper et qu'il laisse tout le reste à tout ce qui n'est pas ça.

9 juin 2019

Je lui faisais plein de caresses sur le bras et

Je lui faisais plein de caresses sur le bras et la main et je me rappelle m'être dit « comment savoir si ça lui plaît ? ». À cette époque, un mec pouvait encore se demander ça, comme si dans le cas contraire elle ne m'aurait pas tout de suite dit d'arrêter. Pour me défendre, je dois dire que c'était la première fois que c'était moi qui faisais le mouvement : les fois précédentes, on m'avait mis une tête sur l'épaule et mordu la bouche de façon inopinée, puis pris la main alors que c'était inespéré, et à la suite de cette main j'ai léché un doigt et j'ai pu voir le visage correspondant qui semblait apprécier, là j'avais juste un dos alors comment faire ? J'ai gambergé, « comment faire, comment faire pour savoir », puis eurêka j'ai trouvé : j'ai vu son cou, j'ai vu son pouls, son pouls battait, son pouls battait fort, anormalement fort. Ça lui faisait quelque chose, manifestement. Oui, ça devait être le cas car ça a continué encore pendant huit ans après.

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8 juin 2019

Cela partait toujours d'un agacement : « pfff,

Cela partait toujours d'un agacement : « pfff, c'est malin, pourquoi est-elle jolie à ce point ? ». J'usais beaucoup du vocable jolie fille (sic), qu'il me gênerait aujourd'hui d'employer par peur de passer pour un mec. Il y avait certes du frustré (sic) en moi, mais aussi du transi (sic) car du plaintif : c'était trop de beauté que les coup-de-foudrettes (sic) dégageaient. Trop pour moi. Je rentrais dépité, non pas tant quant à ma timidité (sic) (interprétation aisée que je ne me privais pas de manier par confort, mais qu'aurais-je bien pu dire ou faire ?) mais plutôt par impossibilité de laisser exploser ce trop-plein de colère face à elles. J'aurais aimé leur crier : « je ne te remercie pas d'être trop jolie, ça n'arrange pas ma vie, tu sais ! ». Et le fait est que ça ne l'a en effet pas arrangée (je n'ai poursuivi que ça durant tout un temps, attendant vainement de débloquer le reste de mes flux mentaux dans une sorte d'illumination tardive : « en fait, je peux penser à des choses sans avoir ce but ultime (sic) en ligne de mire ! »), mais j'ai su garder ma dignité, mon respect. Je suis le seul vrai hétéro.

7 juin 2019

Dystopie : les infirmières sont parties. Les

Dystopie : les infirmières sont parties. Les infirmières ont disparu. Les pharmaciennes aussi, les pharmaciennes surtout. Que reste t-il alors aux mecs ? Comment encore vouloir mettre le nez dehors ? « Ça fait bien trois semaines que je suis pas sorti et que je me suis pas levé ni lavé », me confie cet ami au téléphone. Il me semble également que la vie dans le monde se présentera sous un jour de plus en plus cruel, sans pitié. L'ambiance urbaine fait froid dans le dos mais j'aperçois tout de même encore quelques raisons de rester le seul vrai hétéro, tout en hésitant sur l'opportunité existentielle qu'il y aurait ainsi à enfin cesser de l'être. Mais c'est comme se pencher devant un précipice.

6 juin 2019

Quand ils me parlent d'elle, je fais semblant de

Quand ils me parlent d'elle, je fais semblant de croire qu'elle a seulement été ma compagne ou ma copine alors qu'elle est encore aujourd'hui bien davantage que cela. C'est ainsi par la séparation que je retrouve et comprends la genèse de l'amour (comment un tel sentiment peut-il être motivé à naître) : c'est qu'on a envie que ça soit toujours davantage que ce qu'on vit avec cette personne, pour ça qu'il ne peut jamais vraiment finir et qu'ainsi on a édifié ce récit de l'amour toujours qui est bel et bien réel dans les esprits bien que forcé dans les faits. (Mais c'est décidé, je ne lui mettrai plus de majuscule : car c'est bien plus qu'Elle en tant que personne édifiée que j'aime, c'est son esprit relié au mien par ce que j'en perçois ou conçois dans la durée, non pas donc le sommet d'un promontoire sacré mais la poursuite d'une égale intensité.) (Je pensais ne plus parler d'elle dans ce blog, mais c'est justement parce que ce blog fut très tôt motivé par l'idée de ne pas parler d'elle qu'elle ne peut pas s'empêcher d'apparaître de ci de là.)

5 juin 2019

À mon échelle, dans ma situation, c'est la seule

À mon échelle, dans ma situation, c'est la seule profession de foi libertaire à ma portée : proclamer que ce n'est pas parce qu'on n'est plus ensemble qu'on doit rompre le lien. Proclamer que séparation du couple ne veut pas dire séparation des êtres, des esprits. C'est l'acte d'authenticité anti-bourgeoise qui est accessible à cet instant. Pour le reste, les façons différentes de vivre l'amour, les façons différentes de vivre le couple, les façons différentes de vivre la force de l'objectal, les façons différentes de vivre la complicité sexualisée, on verra quand ça se présentera. Mais proclamons ce qu'il est d'ors-et-déjà possible de proclamer. C'est tout ce qu'il me reste.

(Pour la première fois, mes inclinaisons politiques correspondent à mes inclinaisons affectives.)

4 juin 2019

Pour candidater à l'école des Beaux-Arts, on doit

Pour candidater à l'école des Beaux-Arts, on doit produire une œuvre en quatre dimensions, un volume. Je demande à mon père de me découper un morceau de planche rectangulaire sur lequel j'écris au feutre “plancher des vaches”, sur celui-ci j'édifie trois petits compartiments cartonnés nommés “Art”, “Amitié”, “Amour” : ma vie devra suivre cet ordre. Je sais qu'il y a des échanges, des transitions décisives ; j'ai conscience que la position intermédiaire de l'amitié est une position centrale : c'est par les amitiés artistiques que se construit l'art, c'est par les amitiés amoureuses que se construit l'amour. Mais je m'en tiens officiellement à une vision évolutionniste, graduelle : c'est toujours aller plus haut dans la félicité et l'aboutissement dont il s'agit. De l'art à l'amour en passant par l'amitié, on grimpe, on grandit. Je l'appelle Le monticule ascensionnel et je tente d'y croire dur comme fer. Le jury me demande de commenter ma démarche : je leur bafouille quelque chose comme « c'est une vision naïve de la vie ». Je me renie déjà. Je ne tiendrai pas longtemps.

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