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Le seul vrai hétéro
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25 août 2019

Mais si l'on m'avait dit à l'époque que la seule

Mais si l'on m'avait dit à l'époque que la seule façon d'être amoureux que je connaissais jusqu'alors ne reconnaissait pas assez la confrontation à l'individualité, par sa complaisance dans de simples rêveries hyper-incarnées, j'aurais répondu que cette hyper-incarnation, à la base de tout fétichisme pratiqué par homo sapiens en ce domaine, représentait le summum de l'attention à l'individuel. Ce n'était pas n'importe quel sourire ni n'importe quels cheveux qui me plaisaient, c'était ce sourire, ces cheveux. À elle. Certes, il y avait aussi le sourire et les cheveux d'elle (une autre) qui me faisaient quelque chose, mais ce quelque chose qu'ils me faisaient n'était justement pas le même : c'était un autre sourire, d'autres cheveux ; un certain sourire, de certains cheveux. Ma ferveur me semblait tout autant tournée vers leur individu que ne l'aurait été celle d'un prétendant fidèle, monothéiste. Mon polythéisme ouvrait la voie à l'amour de la seconde sorte (celui qui se concentre sur un seul objet-paysage), dans la mesure où chacune était irremplaçable, aurait manqué dans ma vie si elle n'avait pas été là, simplement là. Enfin, cet édifice mental témoignait du caractère sérieux de la chose physico-charnelle : il ne fallait pas rigoler avec, c'était précieux, sacré, vibrant. Le summum du mysticisme (il m'est donc apparu ensuite que pour devenir réellement amoureux – tel qu'on l'est dans les formes – il fallait devenir un peu moins prophète, un peu plus prêtre : le dogme en serait moins éclatant, plus circonscrit mais peut-être ainsi plus efficace sur la durée, me permettant de vivre l'amour dans le monde et non hors de celui-ci).

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