Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le seul vrai hétéro
Le seul vrai hétéro
Publicité
Archives
13 avril 2019

Le premier livre de non-fiction que j'achetai

Le premier livre de non-fiction que j'achetai dans ma vie commençait ainsi : « J'écris de chez les moches, pour les moches, les frigides, les mal baisées, les imbaisables, toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf, aussi bien que pour les hommes qui n'ont pas envie d'être protecteurs, ceux qui voudraient l'être mais ne savent pas s'y prendre, ceux qui ne sont pas ambitieux, ni compétitifs, ni bien membrés. » (King Kong théorie, Virginie Despentes). J'ai donc su que tout ça était pour moi, que le féminisme s'adressait à moi. Le féminisme, c'était le truc fait pour que les mecs se libèrent du fait d'être des mecs autant que les filles se libèrent du fait d'être des filles. À partir de là, plus grand chose à rajouter (et pourtant on dirait qu'il faut toujours recommencer pour ceux qui ont pas suivi !). La seule nuance que peut apporter le seul vrai hétéro, c'est cette contradiction-là : j'aime les filles mais je sais que les filles n'existent pas plus que les mecs (ou je ne veux pas être un mec mais je sais que ce n'est pas en bloquant sur l'idée que je ne veux pas l'être que je le détruirai, au contraire, ça le nourrit donc tentons de ne plus y penser : je me conduis vers ce que j'aime en elle et en nous, point barre).

Publicité
Publicité
12 avril 2019

J'avais jadis revendiqué le « draguez-moi » (l'un

J'avais jadis revendiqué le « draguez-moi » (l'un de mes meilleurs amis m'avait dit s'y être reconnu, me lis-tu toujours ? que penses-tu de ce blog ? ne suis-je pas devenu trop étranger ? toujours peur d'être étranger...). Je ne pense plus pouvoir le soutenir. Non pas pour la position de passivité qu'il sous-entend, mais justement pour le résidu d'activité qui s'y maintient : proclamer ça, c'est encore dire qu'on est un objet qui choisira ; « regardez-moi comme un mec et ensuite je déciderai si je veux l'être ». Eh ben non, interdit de me regarder comme ça ! Tout devrait commencer par là : pas d'ça entre nous. Car ce serait encore être dans cette position de dominant qui doit décider des faveurs : au final, avoir l'initiative ou consentir aux demandes, c'est toujours être dans la relation faussée (être celui/celle qui doit répondre n'a jamais été moins violent pour quiconque, nous le savons tou.te.s). Luttons pour la mort même de tout processus de ce genre !

11 avril 2019

Je ne sais pas ce que j'attends de la lecture de

Je ne sais pas ce que j'attends de la lecture de ce blog. Bien sûr que je rêve que les mecs me disent « c'est ce qu'on aurait aimé dire sur notre dégoût d'être nous mais on pouvait pas ! », bien sûr que je rêve que les filles me disent « merci d'apporter une pierre à l'édifice de la déconstruction de la masculinité, on ne peut pas le faire à votre place ! ». Mais si ce blog existe, c'est bien parce que 1) si j'étais sûr que ces voix de rêve existaient, je n'exprimerais sûrement pas les choses telles que je les exprime ici, je ne passerais pas par quatre chemins puisque je serais sûr d'être compris (si je rajoute de la confusion c'est parce que je me dis « ils ne vont pas comprendre vu que pour la plupart c'est des mecs et des filles normaux, donc autant faire croire que je suis confus, ça passera mieux »), 2) je ne suis après tout pas sûr de vouloir encore m'adresser à des mecs et des filles mais tout simplement à une sorte de substrat sexuel-affectif commun indéfinissable, difficilement saisissable et peut-être encore plus rare que l'entreprise féministe ou libertaire : si ce fond existe, j'aurais gagné ; j'aurais gagné parce que j'aurais perdu (j'aurais cru pouvoir parler de mission politique, je n'aurais parlé que d'invocation archaïque d'une sorte de mana honteux : la violence de l'objectal, on aime tellement l'autre qu'on veut le saisir en son entier car c'est lui le plus fort puisqu'il nous saisit).

10 avril 2019

Un homme trans' (ex-fille lesbienne) disait

Un homme trans' (ex-fille lesbienne) disait l'autre jour : « j'ai choisi d'être homme parce que dans ce monde binaire il faut choisir ». Même à mon niveau de seul vrai hétéro je comprends bien ça : si je choisis de rester mec c'est parce qu'il paraît que pour être hétéro, dans mon cas vaut mieux être mec, c'est plus simple. Faut choisir donc très bien, mais ça m'enchante pas. Autre choix que je fais, celui du cœur : il y a quelque chose qui m'émeut particulièrement dans cette façon d'être, ce style de voix, qui me fait penser à ce que j'aime chez les filles, alors pour la peine un jour j'essaierai de devenir davantage fille que je ne le suis actuellement, en parlant enfin comme je veux que ma voix parle (elle le fait parfois et je me dis bêtement « mince, on a dû croire que j'étais homo », mais après tout qu'importe, dans ces moments-là j'ai envie d'être le seul vrai hétéro « en moi » et pas objectalement, bref de tendre « moi-même tout seul » vers une fille) et en me rasant le crâne car je serai alors enfin libre de mes mouvements de tête : oui, car pour moi être davantage une fille ce serait enfin ne plus rassembler à ce genre de type qui m'écœure, à savoir le rêveur écorché mal rasé aux cheveux mi-longs mal coiffés (JE LE HAIS, JE ME HAIS QUAND JE RESSEMBLE À ÇA, JE NE SUIS ALORS QUE LE PIRE DES MECS, UNE SUPERCHERIE PLANÉTAIRE QUI DURE DEPUIS TROP LONGTEMPS), bref de toutes façons tout le monde sait qu'une fille est encore plus fille quand elle a les cheveux courts, il faudra ainsi que je commence par là, je pourrai mieux bouger la tête, je chanterai mieux, je serai enfin plus doux. Je serai encore plus le seul vrai hétéro. 

9 avril 2019

Je ne comprends pas pourquoi tous les mecs ne

Je ne comprends pas pourquoi tous les mecs ne comprennent pas que c'est juste la normalité d'être seul. S'ils deviennent fous, inconvenants, grossiers, grotesques, agresseurs, tout ce qu'on veut (ou plutôt qu'on ne veut pas), c'est parce qu'ils n'ont pas compris cette vérité basiquement évidente : un mec n'est pas aimable, il est fait pour vivre l'amour de façon inaccessible puisqu'il n'est qu'un mec et que c'est tout ce qu'il mérite. Tout à fait d'accord qu'on ne m'aime pas, c'est pas ça le problème ! Ce que je ne supporte pas, c'est d'avoir l'impression que l'on voudrait que je reste tout de même masculin malgré tout, notamment protecteur ou sûr de soi, quand bien même je ne mérite que la solitude puisque je suis un mec. C'est contradictoire : « tu es un mec », ok je ne le veux pas mais très bien, si vous voulez, ça veut alors dire que je pourrai me concentrer sur ma solitude puisqu'un mec, en tout cas le seul vrai hétéro, n'est fait que pour cultiver sa honte d'être un mec (puisqu'il sera à tout jamais indigne d'être ce qu'il aime : une fille) ; mais alors là d'un coup on me dit que non, que ça se fait pas d'être seul parce qu'alors on n'est plus vraiment un mec, on est juste un puceau gaga aigri et alors ça c'est ridicule, c'est pas du tout viril, il faut être rassurant, avoir une voix grave, mener la danse, s'affirmer dans la conversation, convaincre que notre pensée est la mieux, faire découvrir tout l'art du monde que l'on connaît toujours bien mieux que les filles qui n'ont jamais le temps pour ces choses-là. « Endors-toi pas sur tes lauriers de mec, chaque jour faut être encore plus un mec que la veille, c'est pas une mince affaire de dominer le monde social ! ». Alors pour la peine je prends une voix de fille quand je chante.

Publicité
Publicité
8 avril 2019

Retour de la puanteur sans que j'y prenne garde,

Retour de la puanteur sans que j'y prenne garde, à cause du sweat-shirt, du coup elle risque de me dire "tu schmouques". Ah mais non, il n'y a qu'Elle qui disait "schmouquer". Non seulement je pue, mais en plus je n'ai plus le droit de réentendre le mot qui s'appliquait de façon si adéquate et émouvante à ma puanteur. J'aimais l'entendre prononcer. Nouvelle preuve de la valeur affective particulièrement particulière de la puanteur pour moi, sans que je m'y complaise néanmoins, celle-ci n'ayant de valeur que comme fond sonore, de bande originale de mon existence (je me sens comme protégé dans un cocon sous toutes ces couches de vêtements, il paraît qu'on m'a toujours trop habillé lorsqu'il fallait qu'on me sorte, m'a t-on appris récemment). 

7 avril 2019

Elle m'a invité mais après elle a regretté, m'a

Elle m'a invité mais après elle a regretté, m'a fait la gueule parce que j'avais rien foutu (je l'avais pas aidée à déplacer des trucs ni à faire la vaisselle, alors que je lui avais pourtant dit que je m'étais fait renverser par une voiture la semaine précédente). Elle est asexuelle et de mon côté je recherche une relation féminine d'absence-présence de l'émoi, complicité non sexualisée permise par l'intermédiaire de la différence sexuelle qui apporte la curiosité complice. Elle a bien conscience que quelque chose dans son enfance a dû déterminer cette attitude chez elle mais elle refuse de m'en dire davantage, ou plutôt j'ai l'impression qu'elle attend que je lui tire les vers du nez (je retrouverai parfois cette sorte d'attente, à la fois bloquée et insistante, chez une autre fille et pas des moindres). Elle ne comprend pas la pop. De mon côté, je joue le non-comprenant. Je suis bien plus gamin gaga qu'elle (différence d'âge non négligeable) et j'en profite. Quand je ne saisis pas ce qu'on attend de moi, je redeviens le petit dictateur qui a perdu sa maman. Je fais comme chez moi. Un matin, je sors de la douche en pyjama et je vois bien qu'à un moment elle regarde au niveau de mon zizi qui fait une bosse, franchement c'est d'un goût ! Je ne suis pas ce qu'elle attendait. Pour la peine, je ne lui parlerai plus. Je finis quand même par lui dire implicitement (je ne me souviens plus des mots exacts) : « et puis bon, moi j'ai toujours peur de tomber amoureux alors hein... ». Et c'était vrai, tout est toujours trop crispé et niais chez le seul vrai hétéro. Il tentera d'en prendre conscience. 

6 avril 2019

Mais d'une certaine manière, tout est revenu à la

Mais d'une certaine manière, tout est revenu à la normale. C'était une exception de vivre l'amour. Quand j'y repense, je me dis de plus en plus « ah oui, curieux quand même d'avoir vécu ça, qui l'eut cru ? ». Quand on est le nez dans le guidon (huit ans), on n'y pense pas, on finit vite par trouver ça normal. On se lève de moins en moins chaque jour en se disant « mais qu'est-ce qu'il m'arrive ? », alors qu'on devrait, tellement que c'est fou qu'on plaise à une fille. Le sentiment d'irréalité qui persiste après la rupture, c'est juste l'irréalité que j'ai toujours vécue avant : tout flotte, le monde sensible me paraît loin, trop difficile de s'y prendre, tout le monde a l'air bien trop occupé pour m'expliquer.

5 avril 2019

La preuve que je l'aime toujours, c'est que quand

La preuve que je l'aime toujours, c'est que quand je suis avec une autre qui à un moment donné finit toujours par me déplaire, je suis agacé comme je le suis rarement par quelqu'un. D'habitude j'aime à peu près tout le monde, surtout quand tout le monde est une fille, mais là elle me sort par les yeux tellement qu'elle n'est pas Elle ! On est en train de faire une activité quelconque, un jeu de société par exemple, et elle se contente d'être elle, ce qui installe une sale et triste ambiance car elle est à mille lieux d'être Elle. C'est vraiment dans ce dégoût que je perçois plus que jamais mon affection persistante, bien plus que dans mes pleurs (que je soupçonne souvent d'être portés à mon encontre, de relever du simple manque dans l'absolu et non pas du manque d'Elle).

4 avril 2019

Au moins, puer quand je transpire me permet de

Au moins, puer quand je transpire me permet de changer de honte. Si je n'avais pas ça, je ne penserais qu'à ma honte de parler et d'agir. La puanteur fait dériver l'esprit ailleurs : juste dans ce qui émane du corps, rien de plus. Et concernant les filles, tout est mis à plat. Plus de timidité à avoir puisque de toutes façons je pue ! Cela fait disparaître tout enjeu, c'est juste un être humain que j'ai en face de moi, un être humain qui ne pourra jamais rien à voir à faire avec quelqu'un qui pue. C'est plus simple. Ça a été ma stratégie.

Publicité
Publicité
<< < 1 2 3 > >>
Publicité