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Le seul vrai hétéro

Le seul vrai hétéro
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3 juin 2019

« Tu vois, le problème avec le qualificatif

« Tu vois, le problème avec le qualificatif d'hétéro cisgenre c'est qu'il est purement négatif, cela regroupe celles et ceux qui n'ont pas affaire à telles oppressions mais c'est un ensemble très hétérogène, moi par exemple je dirais que ma situation est intermédiaire, mon genre m'est problématique mais je ne me sens pas pour autant d'un autre genre ni d'une autre orientation et c'est même l'inverse, c'est parce que je me sens trop hétéro que mon genre m'est problématique car j'aimerais tendre tout entier vers les filles en le devenant le plus possible, mais à la fois je me dois de rester mec pour correspondre aux attentes de cette orientation, et il est vrai que si j'étais complètement fille ça n'irait pas car alors ce ne serait plus une destination objectale mais une identité et cela perdrait tout attrait, je parle de ça en ce moment dans un blog que j'ai semi-ironiquement appelé Le seul vrai hétéro. »

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30 mai 2019

Elle ne supportait pas d'entendre parler de « la

Elle ne supportait pas d'entendre parler de « la femme » et je crois qu'elle m'a transmis ça, cette quasi-répulsion non pas tant envers le contenu visé qu'envers l'entreprise de construction lyrique à la fois niaise et malsaine (par exemple, je viens à l'instant d'éteindre violemment la radio après avoir capté les quelques mots d'un énième poète de l'éternel féminin – je peux vraiment témoigner que mon mouvement fut celui d'un malaise violent, je me suis précipité sur le bouton avec colère). Bien sûr, cette propension était déjà en germe et c'est elle qui me pousse à employer le signifiant fille, état existentiel mobilisé non pas en tant que position strictement chronologique (il n'est pas spécialement question de jeunesse ici, pas en soi) mais pour les possibilités d'indétermination qu'il contient : une fille, on sait pas encore bien ce que ça peut être, ça peut tout devenir suivant ce que l'on souhaitera, suivant les forces en présence ; c'est bien moins circonscrit qu'une femme ; ça l'est sûrement déjà trop, mais c'est parce que je suis le seul vrai hétéro, c'est bien ça le problème et c'est de ça dont je souhaite me dépêtrer devant vos yeux ébahis.

29 mai 2019

Il est significatif que la première agression (sa

Il est significatif que la première agression (sa tête violemment sur mon épaule) soit la première conservée dans la mémoire, celle qui est apparue spontanément dans l'écriture. Or, c'est la deuxième, sa bouche qui vint arracher la mienne, qui fut objectivement la plus choquante. L'expression je me suis laissé faire est très étrange : nous resterions alors le sujet jusqu'au bout, non seulement je mais en plus me suis ! Je dirais plutôt j'ai laissé faire. Car ce n'était pas moi mais c'était sans nul doute ce que je portais (ce que j'avais en moi, nuance) : cette absence de toute opinion vis-à-vis de ce qui pourrait advenir ; je n'avais encore jamais connu ces choses et il fallait bien que cela se passe, indépendamment de savoir quel rôle je devais avoir – celui d'un mec ou pas – et à quel point je devais apprécier la fille qui tiendrait l'autre rôle. Je dois bien avouer que le fantasme du “passif”, de celui qui laisse à l'autre le soin de tout faire, m'avait traversé dans ma jeunesse, mais il a suffi de quelques secondes pour le faire éclater : non, décidément, ça n'allait pas comme ça. Il y fallait tout de même la détermination de l'objectal, ce singulier élan où la distinction “actif/passif” (pur artefact de la théorie érotico-sexologique des romans et magazines) n'a plus aucun sens. En laissant faire, j'avais oublié que j'étais le seul vrai hétéro

28 mai 2019

Elle avait laissé un message sympathique sur mon

Elle avait laissé un message sympathique sur mon blog d'alors. Qui est-elle donc comme personne ? Comment une fille peut-elle me lire ? (Elle a l'air normale alors que j'écris des trucs pas normaux !) 

Je propose une discussion et la lance. Elle répond en trouvant des correspondances à tout ce que je dis. Je lui dis quel groupe je suis en train d'écouter et elle fait "c'est mon groupe préféré !", je fais une comparaison avec un autre groupe et elle dit "c'est exactement ça !".

Je m'aperçois qu'elle se fiche de ma gueule, le but étant ici de faire tourner en bourrique l'éventuel dragueur, de lui faire vainement croire à l'inespéré (l'arroseur arrosé). "Tu cherches quoi en fait en parlant avec moi ?", qu'elle me demande. 

Chercher quoi. Il faut donc forcément chercher à ? J'apprends ce jour-là que je suis un mec, qu'il est semble t-il dans ma nature de devoir chercher à.

À partir de là, je détesterai encore plus ma race (qui m'empêche de pouvoir être perçu comme un individu souhaitant juste percer les secrets des autres personnes, visant la réassurance concernant l'existence d'un monde commun). 

S'il y avait de l'hétérosexualité là-dedans, c'était celle-ci : comment je peux intéresser cette catégorie de personne nommée fille ?, le verbe pouvoir n'impliquant ici aucune visée stratégique ni mise en place d'une quelconque volonté d'agir, mais bien plutôt la recherche d'un savoir : comment une fille peut me trouver, non pas forcément en tant que mec (surtout pas !), mais en tant que personne perçue ; qui suis-je pour elle, comment mérite-je d'être considéré à ses yeux (à ses yeux de fille, certes, oui, bien sûr, mais pas en tant que mec donc pas dans le cadre strict de l'hétérosexualité telle qu'elle se théâtralise dans ses parades, simplement dans celui de la différenciation sexualisée du regard que le seul vrai hétéro ne peut s'empêcher de reprendre à son compte pour saisir son objet qui n'existe premièrement que circonscrit ainsi, avant toute possibilité d'augmentation humaniste ; en gros, comme toujours : c'est bien une fille qui me juge mais interdit de me juger comme un mec !).

27 mai 2019

De la même manière que le regard du seul vrai

De la même manière que le regard du seul vrai hétéro percevra toujours la fille comme fille même (et surtout) dépouillée de toute parure ou attitude de fille (d'où l'incompréhension immémoriale devant la remarque de série-télé « ah bon, tu me trouves jolie même au saut du lit ? »), je me dis que finalement j'aurai beau m'efforcer d'être tout sauf un mec, il ne manquera pas certaines filles pour me percevoir toujours ainsi. Ma défaite se doublera alors d'une victoire : certes j'aurai manqué mon coup, mais alors ça voudra dire que peut-être, malgré tout, je peux plaire à une fille (hétéro) ? (Si bien sûr on part du principe que les filles aiment les mecs parce qu'ils sont des mecs de la même manière que les mecs aiment les filles parce qu'elles sont des filles.)

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26 mai 2019

Maintenant, quand j'ai l'impression qu'on me

Maintenant, quand j'ai l'impression qu'on me perçoit comme quelqu'un qui doit protéger (comme un mec), tout de suite je refuse, je pars au loin, je vais prendre le bus sans demander mon reste. J'ai pourtant essayé parfois, et avec une certaine sincérité (puisqu'avec une vraie affection), mais il faut croire que je ne sais pas bien incarner le rôle. Et cela me semble plus important de ne pas vouloir l'incarner que de m'efforcer à. C'est toujours comme ça lorsqu'il est globalement question de l'amour : par exemple, est-ce plus important d'atteindre l'amour ou de refuser le couple, est-ce plus important d'être un bon amant ou de ne pas être un mec, etc. J'avais pourtant tenté, plus jeune, de bien théoriser la chose : l'amour est mon but ultime, et en attendant je dois devenir celui que je suis (en gros : une sorte de punk-hippie androgyne, artiste précaire, à la fois toujours lucide-déprimant et toujours le sourire et une blague débile aux lèvres) ; sauf qu'une fois l'amour trouvé, je me suis trouvé bien embêté : non seulement je n'avais pas encore pu devenir celui que j'étais (court-circuit dans l'évolution visée, saut d'un stade, oubli d'une étape), mais qui plus est il apparaissait que ce projet d'être était un obstacle au projet d'amour. Néanmoins, je n'arrive pas à être convaincu par l'option qui voudrait que je reparte de zéro en m'exclamant : « les deux étaient des errements : l'être comme l'amour ! » ; car il me semble plus rigoureux de reconnaître que la vérité se situe entre les deux : le projet d'être comme le projet d'amour auraient chacun mérité moins de dogmatisme quant à leur conception. Ils ne sont que des idées hypostasiées : ils n'existent pas en soi, ne correspondront jamais à leur définition. Mais faut pas s'en formaliser, faut continuer à se retrouver, car oui, le plus souvent c'est bien nous, c'est juste nous, c'est juste. C'est juste.

25 mai 2019

J'aimerais la voir, mais c'est une fille et je

J'aimerais la voir, mais c'est une fille et je suis un mec. Rajouter “en tout bien tout honneur, hu hu” ? Au contraire, ce serait penser que je puisse penser à autre chose ! Ne rien dire ? Ouais mais quand même, ça va lui faire bizarre vu qu'elle est bien plus jeune que moi et qu'en plus elle vient de se séparer de son copain donc elle va forcément penser qu'il y a un lien, surtout qu'une fois elle nous avait parlé (en compagnie de son copain qui était encore avec elle) de ce mec qui s'était tout de suite jeté sur elle dès qu'elle avait annoncé qu'elle n'était plus avec lui (son copain, à qui elle raconte l'histoire en ma compagnie, dont elle s'était séparée une première fois et dont elle s'est de nouveau séparée cette fois-ci, bien que je ne sache pas si elle en est l'initiatrice dans les deux cas, bien qu'il me semble que cela y ressemble d'après un certain indice que je n'ai pas le temps de décrire ici) ! Oui mais justement, c'est parce qu'elle m'en avait parlé que du coup je ne peux pas refaire la même chose comme un gros débile qui n'aurait rien entendu, donc je peux lui proposer, sauf que je n'ai tout de même pas un statut similaire à celui de ce gros débile précédent donc ça peut prêter à confusion et à malaise, surtout qu'en effet, le fait qu'elle soit une fille joue dans mon appréciation de sa personne vu que je suis le seul vrai hétéro, donc ce serait mentir de lui faire croire que je n'ai conscience de rien, et puis je sais qu'elle me trouve gentil donc faut que je garde ce statut en lui montrant que j'ai conscience de la violence possible d'une telle proposition dans le contexte présent, ou alors juste lui dire que je suis là au cas où, mais alors quelle prétention, être là pour quoi ? Non vraiment, être là pour quelqu'un, c'est la pire des prétentions, qui nous dit que quelqu'un veut qu'on soit là ? Dans certaines circonstances d'accord, mais qui ne sont pas réunies vu que je ne suis rien pour elle, bon alors du coup qu'est-ce que je fais ?

24 mai 2019

Elle me dit qu'elle est conviée à une réunion de

Elle me dit qu'elle est conviée à une réunion de polyamoureux. Je ne sais que lui répondre, sachant que je ne sais pas comment elle se situe à mon encontre : pour ma part, c'est le genre de fille avec qui je ne pourrais pas être (pour des raisons qui n'intéressent pas le lecteur), et de son côté j'ai parfois l'impression qu'elle a pu me faire du gringue. Je me retrouve donc dans une position stratégique qu'une fille doit bien connaître : que ma parole ne soit pas perçue comme une quelconque avance ou au contraire comme une quelconque violence désobligeante (du style “cause toujours, tu m'intéresses, t'es pas mon genre”). Finalement, je me contente de lui énoncer ma vérité théorico-pratique : je ne pense pas avoir le profil psychologique pour, bien que théoriquement je conçoive pareille réforme (sauf que justement ce n'est qu'une réforme relevant de la parade réglée, « nous les polyamoureux on ne saute pas sur tout ce qui bouge », lis-je quelque part, c'est bien justement ça le problème que l'on retrouve chez l'encanaillement bourgeois de type adultère ou échangisme, c'est que le but est bel et bien de fonder de nouvelles règles d'échange des partenaires – au sens anthropologique large, lévistraussien ; or, que vient faire l'amour là-dedans ?). Énoncé théorico-pratique qui n'est qu'un comportement de défense, comme l'est toute théorie, comme l'est tout humour : la dissymétrie des sexes vient de là, nous pouvons sans cesse nous le permettre, c'est sans danger pour nous. 'À nous foutre des baffes !

23 mai 2019

En l'écrivant je me suis rendu compte que c'est

En l'écrivant je me suis rendu compte que c'est sans doute aussi la violente inauguration qui a dû jouer dans mon dégoût (en plus de ma non-envie qui se passe de mots) : l'inauguration par une tête sur mon épaule. Se reposer sur moi. Serais-je donc quelqu'un sur qui on peut se reposer, à savoir un mec ? Quel effroi ! Il m'est ainsi apparu que je devais tenir mon rang, que la suite allait de soi. Le plus drôle c'est que la seule chose que j'ai aimé faire avec elle, c'est justement lui manger l'épaule (la sienne à elle), comme une sorte de revanche : t'en voulais à la mienne, ben pour la peine j'en veux à la tienne et il n'y a que ça qui m'intéresse. Pour le reste des hostilités, je n'étais pas là. Ce n'était que des hostilités, que des atteintes (mais je le redis, unique expérience comme celle-ci, ayant l'avantage genré de n'être que très peu victime d'une imposition d'envie).

22 mai 2019

La voix de cette chanteuse me plaît simplement

La voix de cette chanteuse me plaît simplement par sa douceur abstraitement teintée d'innocence, alors qu'on dirait que la voix de ce chanteur agit sur son sexe (elle le reconnaît en riant, en serrant les jambes). De mon côté c'est toute une imagerie éthérée qui se fait jour, de son côté cela semble être de l'ordre de la sensation brute. Il faudrait ainsi définir l'idéalisation à l'œuvre chez l'hétéro mec (qui peut parfois se manifester par le plaisir scopal pur, une sorte de degré zéro de l'objectal) par une déshumanisation du fantasme, qu'importe sa forme, violente ou non. De l'autre côté, une violence qui semble toujours reposer sur quelque chose de matériellement concret. On ne s'attendrait pas à ce que ce soit la première des deux violences qui soit socialement la plus violente, mais le problème c'est qu'elle a investi les instances dirigeantes. Ou c'est sans doute l'inverse : c'est parce qu'ils ont investi les instances dirigeantes que les fantasmes des mecs ne sont que des théories.

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