Elle avait laissé un message sympathique sur mon blog d'alors. Qui est-elle donc comme personne ? Comment une fille peut-elle me lire ? (Elle a l'air normale alors que j'écris des trucs pas normaux !)
Je propose une discussion et la lance. Elle répond en trouvant des correspondances à tout ce que je dis. Je lui dis quel groupe je suis en train d'écouter et elle fait "c'est mon groupe préféré !", je fais une comparaison avec un autre groupe et elle dit "c'est exactement ça !".
Je m'aperçois qu'elle se fiche de ma gueule, le but étant ici de faire tourner en bourrique l'éventuel dragueur, de lui faire vainement croire à l'inespéré (l'arroseur arrosé). "Tu cherches quoi en fait en parlant avec moi ?", qu'elle me demande.
Chercher quoi. Il faut donc forcément chercher à ? J'apprends ce jour-là que je suis un mec, qu'il est semble t-il dans ma nature de devoir chercher à.
À partir de là, je détesterai encore plus ma race (qui m'empêche de pouvoir être perçu comme un individu souhaitant juste percer les secrets des autres personnes, visant la réassurance concernant l'existence d'un monde commun).
S'il y avait de l'hétérosexualité là-dedans, c'était celle-ci : comment je peux intéresser cette catégorie de personne nommée fille ?, le verbe pouvoir n'impliquant ici aucune visée stratégique ni mise en place d'une quelconque volonté d'agir, mais bien plutôt la recherche d'un savoir : comment une fille peut me trouver, non pas forcément en tant que mec (surtout pas !), mais en tant que personne perçue ; qui suis-je pour elle, comment mérite-je d'être considéré à ses yeux (à ses yeux de fille, certes, oui, bien sûr, mais pas en tant que mec donc pas dans le cadre strict de l'hétérosexualité telle qu'elle se théâtralise dans ses parades, simplement dans celui de la différenciation sexualisée du regard que le seul vrai hétéro ne peut s'empêcher de reprendre à son compte pour saisir son objet qui n'existe premièrement que circonscrit ainsi, avant toute possibilité d'augmentation humaniste ; en gros, comme toujours : c'est bien une fille qui me juge mais interdit de me juger comme un mec !).