Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le seul vrai hétéro
Le seul vrai hétéro
Publicité
Archives
6 juin 2019

Quand ils me parlent d'elle, je fais semblant de

Quand ils me parlent d'elle, je fais semblant de croire qu'elle a seulement été ma compagne ou ma copine alors qu'elle est encore aujourd'hui bien davantage que cela. C'est ainsi par la séparation que je retrouve et comprends la genèse de l'amour (comment un tel sentiment peut-il être motivé à naître) : c'est qu'on a envie que ça soit toujours davantage que ce qu'on vit avec cette personne, pour ça qu'il ne peut jamais vraiment finir et qu'ainsi on a édifié ce récit de l'amour toujours qui est bel et bien réel dans les esprits bien que forcé dans les faits. (Mais c'est décidé, je ne lui mettrai plus de majuscule : car c'est bien plus qu'Elle en tant que personne édifiée que j'aime, c'est son esprit relié au mien par ce que j'en perçois ou conçois dans la durée, non pas donc le sommet d'un promontoire sacré mais la poursuite d'une égale intensité.) (Je pensais ne plus parler d'elle dans ce blog, mais c'est justement parce que ce blog fut très tôt motivé par l'idée de ne pas parler d'elle qu'elle ne peut pas s'empêcher d'apparaître de ci de là.)

Publicité
Publicité
8 juin 2019

Cela partait toujours d'un agacement : « pfff,

Cela partait toujours d'un agacement : « pfff, c'est malin, pourquoi est-elle jolie à ce point ? ». J'usais beaucoup du vocable jolie fille (sic), qu'il me gênerait aujourd'hui d'employer par peur de passer pour un mec. Il y avait certes du frustré (sic) en moi, mais aussi du transi (sic) car du plaintif : c'était trop de beauté que les coup-de-foudrettes (sic) dégageaient. Trop pour moi. Je rentrais dépité, non pas tant quant à ma timidité (sic) (interprétation aisée que je ne me privais pas de manier par confort, mais qu'aurais-je bien pu dire ou faire ?) mais plutôt par impossibilité de laisser exploser ce trop-plein de colère face à elles. J'aurais aimé leur crier : « je ne te remercie pas d'être trop jolie, ça n'arrange pas ma vie, tu sais ! ». Et le fait est que ça ne l'a en effet pas arrangée (je n'ai poursuivi que ça durant tout un temps, attendant vainement de débloquer le reste de mes flux mentaux dans une sorte d'illumination tardive : « en fait, je peux penser à des choses sans avoir ce but ultime (sic) en ligne de mire ! »), mais j'ai su garder ma dignité, mon respect. Je suis le seul vrai hétéro.

13 juin 2019

À l'école primaire c'était elles que cela

À l'école primaire c'était elles que cela semblait intéresser : elle mimait le fait de faire l'amour (en gigotant au pied du matelas), elle (pas la même) m'avait montré sa zézette en plein spectacle (plongés dans le noir de la salle) ; à l'inverse, au lycée (je n'ai pas vécu le collège, je ne pensais qu'à être triste et au fait d'être poisseux), je semble ne plus exister en tant qu'être possiblement sexualisé, je suis distant de tout, je pense enfin à cela mais c'est justement parce que j'y pense enfin qu'il me paraît plus digne de préserver toutes ces pensées de ce qui pourrait les altérer, non pas que je les croie pures mais parce qu'elles sont trop précieuses pour risquer la confrontation avec ce qui intéresse le monde réel, d'ailleurs cela tombe bien car il n'y a que dans mon hétérosexualité naissante que mon flux mental se rapproche plus ou moins de celui d'un mec, pour le reste je n'ai pas l'air d'être perçu comme tel, il faut dire que je passe mon temps à avoir un phrasé pseudo-humoristique tout sauf viril, je ne sais pas si ce sont vraiment des “blagues” et est-ce que je tiens tant que ça à parler aux filles ? Je sens qu'il me faudra avant tout comprendre ce que je suis.

28 juin 2019

C'est vrai qu'on a l'impression de prendre la

C'est vrai qu'on a l'impression de prendre la chose moins à cœur et de moins passer son temps à toujours vouloir le faire. Au début (chez les grands-parents), c'était carrément nié, isolé du reste de tout ; ensuite (chez les parents), ça s'est déployé et ça voulait toujours se manifester. Chez nous, désormais, on fait avec et c'est important, on reconnaît que c'est important (on ne s'en cache pas, contrairement à l'époque des grands-parents), mais c'est justement parce que c'est important qu'il faut faire ça sérieusement (sans mystique de l'irrépressible, contrairement à l'époque des parents) : en nous l'objectalité, mais pas comme des objets. Car on est des paysages.

6 juillet 2019

Depuis que je la connais, tant de signes m'ont

Depuis que je la connais, tant de signes m'ont incité à penser que l'on voulait qu'une histoire avec elle ne puisse commencer. L'on me retenait. Jamais là tous les deux quand il fallait, toujours empêchés car devant répondre aux autres attentes de surface, de bonne figure. Comment nous décider ?
Cela m'a rappelé une auto-interrogation jadis secrètement extirpée chez celle qui sera finalement devenu mon hésitante compagne : elle se demandait (à moins que ce ne soit à la cantonade, mais cela revient au même) comment savoir s'il fallait bien mener quelque chose avec moi ; afin de remédier à cette perplexité tiraillante, elle s'en remit au destin : si on l'appelait ailleurs, c'était que je n'étais pas le bon ; si on ne l'appelait pas, c'était comme si on lui intimait de persister ici avec la personne que j'étais, de se décider enfin à me suivre tel quel. Comment ça tient à peu de chose ! L'impression qu'elle a lancé le même genre de dés plus de huit ans après, lorsqu'il s'est agi cette fois-ci de choisir d'en suivre ou pas un autre (cette fois-ci j'ai perdu).
Aussi curieux que cela puisse paraître, une telle mystique du hasard s'accorde bien avec l'idée de signe : ici, dans le rapprochement entre leurs deux impossibilités (celle d'elle qui fut mienne, suivi de celle d'elle qui le sera peut-être), si signe il y a, c'est le signe que l'histoire sera hasardeuse, ce qui est une forme de beauté. Par conséquent, si avec elle aussi, une fois de plus, cela ne me semble tenir à rien (ou à pas grand chose), il y a de grandes chances pour que cela dure longtemps et soit beau, comme avec elle, par conséquent pourquoi pas ?

Publicité
Publicité
9 avril 2019

Je ne comprends pas pourquoi tous les mecs ne

Je ne comprends pas pourquoi tous les mecs ne comprennent pas que c'est juste la normalité d'être seul. S'ils deviennent fous, inconvenants, grossiers, grotesques, agresseurs, tout ce qu'on veut (ou plutôt qu'on ne veut pas), c'est parce qu'ils n'ont pas compris cette vérité basiquement évidente : un mec n'est pas aimable, il est fait pour vivre l'amour de façon inaccessible puisqu'il n'est qu'un mec et que c'est tout ce qu'il mérite. Tout à fait d'accord qu'on ne m'aime pas, c'est pas ça le problème ! Ce que je ne supporte pas, c'est d'avoir l'impression que l'on voudrait que je reste tout de même masculin malgré tout, notamment protecteur ou sûr de soi, quand bien même je ne mérite que la solitude puisque je suis un mec. C'est contradictoire : « tu es un mec », ok je ne le veux pas mais très bien, si vous voulez, ça veut alors dire que je pourrai me concentrer sur ma solitude puisqu'un mec, en tout cas le seul vrai hétéro, n'est fait que pour cultiver sa honte d'être un mec (puisqu'il sera à tout jamais indigne d'être ce qu'il aime : une fille) ; mais alors là d'un coup on me dit que non, que ça se fait pas d'être seul parce qu'alors on n'est plus vraiment un mec, on est juste un puceau gaga aigri et alors ça c'est ridicule, c'est pas du tout viril, il faut être rassurant, avoir une voix grave, mener la danse, s'affirmer dans la conversation, convaincre que notre pensée est la mieux, faire découvrir tout l'art du monde que l'on connaît toujours bien mieux que les filles qui n'ont jamais le temps pour ces choses-là. « Endors-toi pas sur tes lauriers de mec, chaque jour faut être encore plus un mec que la veille, c'est pas une mince affaire de dominer le monde social ! ». Alors pour la peine je prends une voix de fille quand je chante.

29 juillet 2019

Le dégoût que j'ai toujours ressenti vis-à-vis du

Le dégoût que j'ai toujours ressenti vis-à-vis du mec sensible, du fameux poète écorché (très souvent sexiste dans son histrionisme, par ailleurs) vient fondamentalement de là : son mal-être ne vient que de sa tête, donc ce n'est pas du jeu. C'est ça le scandale, bien plus que son entreprise stratégique de recherche intensive de commisération (danger qui nous guette tou.te.s) : il peut rester un mec (et il ne s'en prive pas) puisque c'est simplement son esprit qui est atteint. Je sentais bien que l'absence de romantisme de ma personne était dûe de façon évidente à la nature avant tout corporelle de mes atteintes, qui ne ressemblaient en rien au cri de révolte de l'autre Narcisse. Et même s'il y avait du psychomental dans leur déclenchement, cela ne faisait que rendre impure ma plainte : ni assez grave pour être une maladie, ni assez aigue pour être un trouble, mes perturbations métaboliques m'empêchaient tout simplement de me tenir droit comme celui que j'aurais dû être, confiant en sa capacité de ne pas flancher (un mec, quoi). 

30 juillet 2019

(...Mais un jour, incroyable : elle me dit, en

(...Mais un jour, incroyable : elle me dit, en référence à un camarade guitariste beau-parleur : « toi au moins t'es pas prétentieux comme lui », tandis que j'essaie de lui trouver des circonstances atténuantes ; je me dis donc que leur règne prendra peut-être fin un jour. Il faut dire qu'elle avait quelque chose, bien que je sois complètement passé à côté à l'époque. Il me restera tout de même l'impression de m'être dit qu'elle était contente de me voir dans le public. 
Néanmoins, le même soir : gaffe avec la copine du mec qui fait la première partie : je dis « c'est vraiment pas mon genre, ce genre de chose », elle « ah ben c'est mon copain », mi-vexée mi-amusée... On n'en aura jamais fini avec eux...)

1 avril 2019

Je sais pas, ça se passait bien, on discutait

Je sais pas, ça se passait bien, on discutait bien, de choses et d'autres, donc un jour je décide de lui envoyer un florilège de textes correspondant à ma veine absurdo-trash (à l'époque où j'excellais dans ce domaine), et hop, après, fini, plus de nouvelles. Quel toupet, je lui montre enfin que je suis un artiste et c'est comme ça qu'elle me remercie, bonjour l'amitié, bonjour le partage compréhensif et complice ! Je lui demande quelques mois plus tard « que s'est-il passé ? tu m'avais demandé de t'envoyer des textes, je l'ai fait, et ensuite tu n'as plus rien dit », elle me répond « c'était trop intime ce que tu m'as envoyé, ça m'a fait bizarre ». Trop intime ? Pas du tout, ce n'était jamais moi qui parlais. Par exemple, le premier poème commençait par un mec qui disait « ohlala je ne t'aime tellement plus que tu me dégoûtes, etc. », enfin ce genre de choses sombres et grotesques qu'il ne me viendrait jamais à l'idée de ressentir (et que je n'ai toujours pas ressenties encore aujourd'hui). Après coup, je me suis dit que c'est ce qu'elle devait éprouver vis-à-vis de son mec de l'époque : « on est encore ensemble mais il n'y a plus rien », me disait-elle, et c'était intéressant comme confidence d'amie. Mais alors bien au contraire, elle aurait dû apprécier de trouver un texte de ma plume qui exprimait tant son vécu ! C'était quoi le problème ? En plus elle m'avait envoyé des photos d'elle et elle riait à tout ce que je disais, je voyais son visage sur la webcam. C'était une vraie amie, quoi. Je ne voulais pas lui faire peur, juste lui montrer qui j'étais. Je comprends pas où ça a cloché. Répétons : une fille sympa, texte sombre dans lequel elle peut possiblement se retrouver, « regarde comme je suis le genre d'ami subtil et attentionné », et ça va pas. Comme si je sais pas, comme si elle avait prévu autre chose à mon encontre, comme si ma situation ne pouvait pas me permettre de... Je viens de penser seulement hier, avant d'écrire tout ça, qu'elle avait pu s'imaginer que je sois un mec avec qui elle aurait été, je veux dire dans le cadre de l'hétérosexualité. Ha ha, mais alors IL FALLAIT LE DIRE ! Qui suis-je pour le savoir ? 

5 août 2019

Je sentais dans ses attentes (dont elle ne

Je sentais dans ses attentes (dont elle ne faisait d'ailleurs pas mystère) l'envie de quelqu'un de solide, qui pourrait s'opposer. On aurait dit que c'était comme s'il n'y avait rien en face d'elle. Le fait est qu'il n'y avait pas un mec mais simplement un gars perdu, chancelant pour plein de raisons mais entre autres par la tristesse de l'être et l'intuition que cela rendrait toujours précaire toute union et remettrait en cause à plus ou moins long terme la possibilité même de continuer à pouvoir être là avec elle dans un chimérique état d'acceptation réciproque de nos atteintes et attentes afférentes.

9 mars 2019

Vous l'aurez sûrement perçu : à la base de tout

Vous l'aurez sûrement perçu : à la base de tout cela, s'éprouve une expérience de puceau cœur d'artichaut trop gaga qui fait que baver devant, qui idéalise sans pouvoir faire davantage. Il s'en faut de peu pour que cela ne conduise à devenir un mec viril. Ça m'était inconcevable. J'ai néanmoins hérité d'un type de violence qui n'en est pas si éloigné : celui qui voit avant tout des filles dans les filles. La recherche du seul vrai hétéro consiste alors à se servir de ce focus objectal pour le dépasser : le puceau cœur d'artichaut trop gaga a besoin de considérer les filles pour que naisse son humanisme, car sans elles il n'est que ce que sa maman a fait de lui (souvent pas grand chose, ou au contraire tellement trop que ça ne peut pas entrer dans des bornes rationnelles). Il trouvera son accomplissement par l'absence-présence du sexe au-delà du sexe, du féminin qui est comme lui puisqu'il n'est pas un mec, puisqu'il est le seul vrai hétéro

7 mars 2019

Le changement de sexe peut-il être exprimé ainsi

Le changement de sexe peut-il être exprimé ainsi : « je ne me sentais pas homo, je me sentais hétéro, j'ai donc changé de sexe » ? Si on imagine que c'est l'objectal qui joue en premier et non l'intériorité, comme c'est mon cas, cela semble une bonne formule. Je préciserais pour ma part : « je ne me sens pas homo, je me sens hétéro, que faire alors de ce sexe ? ». Je partage le malaise vis-à-vis de mon masculin, par contre je ne tiens pas à me sentir fille jusqu'au bout puisqu'une fille doit rester ce vers quoi je tends. Il n'est pas question de se confondre, je ne mérite pas ça. Éternel paradoxe du seul vrai hétéro, guère moins obsédé par l'objet que ne l'est le mec viril, car se complaisant dans une contemplation, même si celle-ci est totale et doit former un vrai paysage mental (et pas seulement génital).

4 mars 2019

Le seul vrai hétéro est sans nul doute un

Le seul vrai hétéro est sans nul doute un névrosé, comment ne pas en être conscient ? Ce qui m'attire, c'est de penser que je suis en train de discuter avec quelqu'un que j'aime entre autres par son sexe et qu'on arrive à aller au-delà de ça ; je veux dire : le fait qu'elle soit fille a joué dans ma curiosité, mais au final cela me conduit vers tout autre chose. Autre chose qu'il faudra décrire (je dis « être humain » par manque de mots). Fascination maladive : « C'est fou comme elle est un être humain, quel être humain elle est, dis-donc ! Pour rien au monde je ne gâcherai ce moment qui me fait saisir qu'elle est un être humain ! ». T'avais vraiment besoin de ça pour t'en rendre compte ? Oui, besoin d'en passer par le filtre fille car je suis le seul vrai hétéro (ce qui est tout autant une tare qu'une chance).

1 août 2019

Et elle, comment me considère t-elle ? On sent

Et elle, comment me considère t-elle ? On sent bien que devant sa méconnaissance totale de mon chant (pour le coup), elle n'a pu s'empêcher de rire de concert avec une camarade quand j'ai évoqué son existence, alors à quel segment m'avait-elle rattaché ? Sûrement pas à celui d'un mec, malgré mes certitudes politiques ; non, pas « malgré » car elles n'ont rien de commun avec celles de son copain, non seulement plus âgé qu'elle (même si moins que moi) mais surtout hyper-certifiant dans son assurance quand il parle de son véganisme, rarement vu un tel ton. Mais on en rigole ensemble (avec elle, je veux dire) quand je lui fais remarquer que son collectionnisme livresque théorico-artistique (comme le mien) est une maladie masculine, et en effet quel plaisir de décrire les diverses ridiculités des mecs aux filles, non pas que je leur apprenne quoi que ce soit (ce serait encore avoir un toupet de mec) mais ce n'est simplement pas pareil quand c'est un hétéro qui le dit : tout de suite ça sonne plus criant, marrant, « ironie rageuse » comme écrirait un journaliste, et je crois que nous y gagnons de concert, elle et moi. Salutaire.

Oui mais alors : attendrissement, reconnaissance, les deux ou ni l'un ni l'autre ? « À l'année prochaine », me dit-elle avant d'aller faire ses vaccins (elle part étudier un an au Mexique). En tout cas, elle avait bien remarqué que je passais sans cesse d'un pied sur l'autre (comme elle aussi, sauf qu'elle gigote tout autant quand elle est gênée, d'ailleurs il faut qu'on se revoit car la dernière fois j'avais manqué m'évanouir à cause du sucre).

3 août 2019

Cette nuit (dans ce rêve), tout y était. On

Cette nuit (dans ce rêve), tout y était. On aurait dit que j'avais une copine mais comme si on s'était dits “allez, ça y est, on est ensemble”, comme une sorte de décision artificiellement volontariste, forcée. “On peut dormir ensemble, c'est bon, nos peaux peuvent progressivement se rapprocher” : en effet, le phénomène résidait dans cette propension à l'affolement ritualisé concernant la peau – me focalisant sur la sienne plutôt que sur la mienne ; j'en revenais pas de voir son bras-peau étendu et bouillant de vie à quelques centimètres et il fallait que petit à petit j'aille le trouver ; c'était autorisé mais petit à petit, l'aspect “petit à petit” étant central dans l'autorisation. Et cela me convenait tellement cela m'intimidait. Était-ce elle qui en avait décidé ainsi ? Non, on aurait dit que cette loi avait été inscrite plus haut que nous, ce dont elle n'avait pas l'air de se soucier. Elle autorisait la chose mais ce n'était pas elle qui était à l'origine de la mise en scène. Qui était-elle ? Une fille fréquentée durant mon enfance, revue à deux reprises après : à l'adolescence, où elle nous dira « vous avez changé, vous avez gagné en virilité » (le fait est qu'elle pensait surtout à mon alter-ego, à qui elle avait fait des avances) ; puis en compagnie de celle auprès de qui j'avais laissé faire – d'ailleurs, celle-ci me reprochera d'avoir vite décroché ma main en la croisant, « comme si t'avais honte », eh oui, en effet, mais je tenterai néanmoins de sauver la face par un sourire vainqueur du genre “t'as vu, j'ai enfin permis à une fille, j'en suis vachement content, vachement vachement, à fond, mais bien sûr, hu hu” (alors qu'en fait j'avais permis sans y être ou pire, en me niant, donc c'est comme si j'étais toujours ce vrai-faux mec et je voyais bien dans ses yeux qu'elle savait et c'est d'ailleurs la seule à l'avoir vu de ses yeux). 

Grâce à ce rêve, elle (mais elle en particulier ou bien en tant que représentante d'autres ?) accède donc enfin au statut objectal : ça, c'est parce que je me suis enfin (depuis de nombreuses années) libéré de moi-même. Mais tout de même, en me réveillant et toute la journée qui suit, tristesse : à quoi cela m'a t-il servi de me libérer de moi-même ? Certes, plus vraiment d'angoisse par rapport à ma peau à moi, mais sa peau à elle, à elles toutes m'est toujours aussi insaisissable, la preuve ! (Car ça n'allait pas jusqu'au contact.)

13 août 2019

Le plus difficile pour ma part dans l'expérience

Le plus difficile pour ma part dans l'expérience de pensée homo (et l'on voit déjà qu'il y a une distance puisqu'on ne l'envisage qu'en pensée), ce n'est pas le trouble dans le genre, le court-circuitage de la masculinité, bien au contraire (pour cela que l'homophobie anti-efféminisation est une tournure d'esprit encore bien plus incompréhensible), c'est d'arriver à cerner comment ils perçoivent les filles pour ne pas être portés vers elles. C'est là qu'il y a un gouffre : comment une fille peut-elle ne pas être tout ce que l'on souhaite ? Et l'on comprend en effet la théorisation de l'éthique homosexuelle révolutionnaire – favorisant selon certains, comme Alain Naze, d'autres façons de vivre l'objectalité et par conséquent de nouvelles possibilités pour la vie affective humaine et le tissage de liens entre nous – puisque la différence radicale se situe là. Le seul vrai hétéro rêve pour sa part d'une hétérosexualité révolutionnaire, certes dans la lignée des renouvellements des formes relationnelles permis par les diverses entreprises de “libération”, mais pas seulement ; en tant que dominants, nous avons trop tendance à ne vouloir nous occuper que de la gestion des échanges (« tu auras le droit de connaître ma copine », oui bon et après, qu'en tire t-on de plus concrètement existentiel ?) : il faudrait désormais nous pencher sur ce qui caractérise profondément nos élans, s'arrêter sur ce qui nous conduit vers l'autre, sur ce qui nous rend fou chez l'autre sexe ; qu'est-ce que l'on saisit ainsi de si précieux ? Et cessons deux secondes l'ironie ou la déconstruction car oui, je suis sûr que je comprends quelque chose de la force et de la beauté de cette fille à cet instant et que cela me dit quelque chose des potentialités de cette vie ; la certitude qu'il n'y a qu'une fille, qu'il n'y a que cette fille qui puisse me faire atteindre la perception des éléments à acquérir (qu'il me manquait jusqu'à présent, d'où l'idée de complétude inhérente à l'imaginaire hétéro : ce qui vient me compléter, ce qui me rend complet, on se complète, on s'emboîte et on y prend plaisir).

(Et lorsqu'on est plus ou moins un mec, tenir une ligne de crête entre la tendance romantico-donjuanesque « ce que j'aime dans chaque fille c'est la Fille » – lui dira bien entendu “la Femme” – , où l'irréductibilité individuelle, l'attention à la richesse de chaque souffle est niée aux dépends d'une mystique uniformisatrice et consumériste cherchant son bonheur dans un illusoire principe psychologico-charnel abstrait et surtout mutilant pour elle, et l'indifférence à ce que chaque ouverture vers l'autre, vers elle renferme de révélateur quant à elle, quant à nous, indifférence quant au potentiel politique et spirituel du privé que l'on pourrait nommer l'hétérosexualité bourgeoise, ne perdurant que par sa norme à assurer pour se rassurer.)

15 août 2019

À chaque fois qu'il me demandait si je trouvais

À chaque fois qu'il me demandait si je trouvais telle fille jolie ou s'exclamait que c'était le cas de telle ou telle, j'aimais lui répondre facétieusement : « mais qu'est-ce que tu m'embêtes encore avec ton hétérosexualité ? ». Mais ce n'était pas qu'une facétie : ce que je rejetais, c'était sa manière de l'être (hétéro), sa manie d'être aux aguets de tout ce qui pourrait être caractérisé comme un joli minois ou un corps attirant, son attitude de gobeur passif des charmes évalués, de classificateur des avantages comparés. L'hétérosexualité comme rabaissement de soi autant que de l'objet visé. Pourtant, lui aussi aimait mais comme un petit enfant fasciné. Je tentais pour ma part de m'éloigner de cette tendance, mais avait-elle été la mienne un jour ? Quand j'exaltais mes coups-de-foudrettes, c'était aussi et surtout un mouvement de vie qui me prenait, mouvement tourné vers elles grâce à elles mais parce qu'elles étaient le tout – ce que l'on peut certes considérer comme encore pire, car sur leurs épaules ne reposait pas seulement mon désir béat mais tout ce pour quoi la vie vaudrait la peine d'être vécue.

27 mars 2019

Elle (hétéro) me dit « tu devrais quand même

Elle (hétéro) me dit « tu devrais quand même essayer une fois l'homosexualité pour voir, en fait c'est comme si tu regardais l'autre qui est toi de la façon dont l'autre sexe te voit : tu regardes cette fille comme les mecs regardent les filles et tu comprends mieux alors ». Regarder ce mec comme les filles regardent les mecs et mieux comprendre alors. Mais je ne veux pas comprendre ! Je ne veux pas savoir ce que l'on pourrait trouver à un mec, ce que l'on pourrait trouver de mec chez moi ! Regarder ce mec en me disant qu'une fille me regarderait ainsi, comme ceci comme mec, c'est tout ce que je ne veux pas me rappeler ! Ce serait me rappeler que l'on peut me voir comme un mec qui est sexuellement un mec ! Or, laissez-moi oublier que je ne suis pas seulement le seul vrai hétéro. Je veux juste tendre vers l'objet, jamais me souvenir de mon intérieur assigné.

21 mars 2019

La stratégie la moins coûteuse serait de dire «

La stratégie la moins coûteuse serait de dire « l'objectal je m'en fiche, je suis un mec mais un mec gentil ». Ça ne mangerait pas de pain (et le fait est qu'on est bel et bien gentil la plupart du temps, mais telle n'est pas la question). Si on veut la révolution, il faut investir le contraire : « bien sûr que je suis obsédé par l'objectal, mais ça ne fait pas de moi un mec, c'est bien ça qu'il faut comprendre ». Pour comprendre la violence de l'objectal, cesser la référence à une quelconque essence masculine. Comprendre enfin le mouvement hétéro pour qu'on sache chacune et chacun de quoi l'on parle. Dépasser le simple droit individuel d'être différent (« je suis un mec mais pas pareil, pas vraiment un mec ») pour enfin se pencher sur le travail commun à accomplir concernant l'émoi (« il ne s'agit pas de savoir si je suis un mec ou pas, mais pourquoi je tends tellement à ce point vers les filles ? »).

1 mars 2019

Le pire du pire, ce qui me ferait à tout jamais

Le pire du pire, ce qui me ferait à tout jamais dégueuler, ce serait que cela soit considéré comme une stratégie de mec ; mais alors stratégie pour quoi ? Pour retrouver le plaisir de s'apercevoir qu'on est des êtres humains ? Si excitation il y a, c'est l'excitation du dépassement du sexe par le sexe. Car je suis le seul vrai hétéro : ce n'est qu'en partant de mon « j'aime les filles » que je peux en venir à « j'aime les êtres humains », vu que les filles sont des êtres humains (si je commençais direct par « j'aime les êtres humains » ça ne marcherait pas, vu que dans les êtres humains il y a les mecs et que je n'aime pas les mecs, si vous suivez bien).

10 mars 2019

J'hésite entre « le seul moment où je suis un

J'hésite entre « le seul moment où je suis un mec, c'est pendant le coït » et « le seul moment où je ne suis vraiment pas un mec, c'est pendant le coït ». Argument pour la première version : à part dans les quelques rares actions mettant en jeu mon sexe de mec, je ne suis pas un mec. Arguments pour la seconde : comme quasiment tous les mecs, je suis bien trop puceau gaga pour faire quoi que ce soit de sérieux avec mon sexe ; il n'y a donc que quand je m'unis réellement au féminin vers lequel je tends que je deviens proprement dit le seul vrai hétéro

11 mars 2019

Ce n'est pas moi qui suis tout ou rien, c'est la

Ce n'est pas moi qui suis tout ou rien, c'est la société. Pour cette dernière, le sexe est cantonné à certaines aires hyper-sexualisées : fictions, dragues en soirées... Ailleurs, ça ne se fait pas : on est juste des agents. Ou alors on minaude en ayant en tête le frisson du déni : « il/elle m'a souri parce que je lui plais et c'est si inconvenant en ces lieux ». Assez déprimant, non ? Le sexe partout serait une bonne manière d'en finir avec l'hyper-sexualisation, dans la lignée de la révolution avortée des années 60. On prendrait les sourires pour ce qu'ils sont, une absence-présence permanente de l'émoi sexuel qui ne reposerait sur aucun ailleurs rêvé, l'ailleurs étant le meilleur atout de l'oppression patriarcale (bref, en finir avec « viens dans mon aire, on sera bien cachés, je t'apprendrai tout ; on sera tellement cachés que personne ne saura ce que je t'ai fait voir comme émoi »). On saura la transparence. La transparence, ça se sait et quand on sait on peut plonger dedans et faire venir enfin ce qu'elle peut permettre : le partage sexuel (et non plus « partage des sexes ») dépassant ainsi la division sexuée.

14 mars 2019

Si je veux à la fois que cela débouche sur

Si je veux à la fois que cela débouche sur quelque chose et que cela ne débouche sur rien de spécial, c'est parce que cette fille me plaît. Si ça débouche sur quelque chose, ce sera la preuve qu'il y avait partage sexuel entre êtres humains (mais alors vient le risque que cela se teinte de considérations externes : actions et jugements n'ayant rien à voir avec l'émoi) ; si ça ne débouche sur rien de spécial, l'absence-présence permanente de l'émoi pourra ainsi continuer comme il se doit, à la fois insaisissable et incorruptible (mais alors vient le risque qu'on en oublie la déterminante sexuelle au sein de l'amitié non-sexualisée, qu'on se fasse croire qu'on est des agents). Les deux me vont : je suis le seul vrai hétéro

15 mars 2019

C'est vraiment indicible, quasi-insaisissable, la

C'est vraiment indicible, quasi-insaisissable, la façon qu'elle a d'être une fille. Bien sûr c'est en partie dans sa voix, dans sa gestuelle, mais ce n'est pas si simple que ça, c'est autre chose de plus fondamental, c'est à la fois tout ça en même temps et encore plus que ça. D'où une certaine tristesse que je ressens envers l'expérience d'être trans, dont je ne peux être que spectateur – et la tristesse vient sans doute de cette position car je ne pourrai jamais rien savoir d'autre à ce sujet : il a changé mais il y a quelque chose qui reste de l'ancien sexe, ce n'est jamais tout à fait ça, alors qu'on se dit qu'il aurait bien voulu (mais peut-être que pas forcément, le but n'étant sans doute pas une chimérique « perfection table rase »). Et en même temps, en tant que le seul vrai hétéro, cette tristesse est ce qui fait persister ma ferveur et mon émoi pour celle vers laquelle je tends : tout ce pour quoi je tends vers elle qui est une fille, c'est bien plus qu'un simple genre ou un sexe manifeste, c'est gigantesque, c'est ce qui est tellement plus grand que tout qu'on ne peut que devenir fou. 

17 mars 2019

Il faut tout de même cadrer. C'est un peu ce que

Il faut tout de même cadrer. C'est un peu ce que je reproche aux locuteurs des problématiques de genre et normativité sexuelle : on comprend la démarche d'insister sur la donnée sexuelle pour déconstruire la sexualisation, mais certaines vues affirmées avec force mériteraient que l'on nous éclaire sur d'où l'on parle, quels émois l'on a pour dire ça. Descriptions qui demandent davantage de développement que la simple mention informative « hétéro/homo/bi/trans » : on veut savoir d'où vient le politique en nous (volonté de savoir qui est le prix de la transparence sociale post-bourgeoise à atteindre, donc à dépasser ; pour l'instant il faut bien énoncer puisque rien n'est dit entre nous ; quand il n'y aura plus d'implicite hypocrite, on pourra cesser l'explicite confessionnel). 

Pour résumer : pas de maman, éveil sexuel à la fois précoce et tardif (pulsions d'abord sans objet puis apparition violente de l'objet, nécessairement hypostasié), longue période de puceau cœur d'artichaut trop gaga, puis longue relation qui a enrichi d'humanisme concret la problématique objectale violente et abstraite, puis blog Le seul vrai hétéro écrit pour faire le bilan de tout ça après la rupture (pourquoi ne suis-je pas un mec ? pourquoi suis-je le seul vrai hétéro, ce qui est monstrueux ? etc.). 

Entre toutes ces lignes : de nombreux souvenirs de tropismes qu'il faudra exposer.

Publicité
Publicité
<< < 1 2 3 4 5 6 7 > >>
Publicité