Cette nuit (dans ce rêve), tout y était. On aurait dit que j'avais une copine mais comme si on s'était dits “allez, ça y est, on est ensemble”, comme une sorte de décision artificiellement volontariste, forcée. “On peut dormir ensemble, c'est bon, nos peaux peuvent progressivement se rapprocher” : en effet, le phénomène résidait dans cette propension à l'affolement ritualisé concernant la peau – me focalisant sur la sienne plutôt que sur la mienne ; j'en revenais pas de voir son bras-peau étendu et bouillant de vie à quelques centimètres et il fallait que petit à petit j'aille le trouver ; c'était autorisé mais petit à petit, l'aspect “petit à petit” étant central dans l'autorisation. Et cela me convenait tellement cela m'intimidait. Était-ce elle qui en avait décidé ainsi ? Non, on aurait dit que cette loi avait été inscrite plus haut que nous, ce dont elle n'avait pas l'air de se soucier. Elle autorisait la chose mais ce n'était pas elle qui était à l'origine de la mise en scène. Qui était-elle ? Une fille fréquentée durant mon enfance, revue à deux reprises après : à l'adolescence, où elle nous dira « vous avez changé, vous avez gagné en virilité » (le fait est qu'elle pensait surtout à mon alter-ego, à qui elle avait fait des avances) ; puis en compagnie de celle auprès de qui j'avais laissé faire – d'ailleurs, celle-ci me reprochera d'avoir vite décroché ma main en la croisant, « comme si t'avais honte », eh oui, en effet, mais je tenterai néanmoins de sauver la face par un sourire vainqueur du genre “t'as vu, j'ai enfin permis à une fille, j'en suis vachement content, vachement vachement, à fond, mais bien sûr, hu hu” (alors qu'en fait j'avais permis sans y être ou pire, en me niant, donc c'est comme si j'étais toujours ce vrai-faux mec et je voyais bien dans ses yeux qu'elle savait et c'est d'ailleurs la seule à l'avoir vu de ses yeux).
Grâce à ce rêve, elle (mais elle en particulier ou bien en tant que représentante d'autres ?) accède donc enfin au statut objectal : ça, c'est parce que je me suis enfin (depuis de nombreuses années) libéré de moi-même. Mais tout de même, en me réveillant et toute la journée qui suit, tristesse : à quoi cela m'a t-il servi de me libérer de moi-même ? Certes, plus vraiment d'angoisse par rapport à ma peau à moi, mais sa peau à elle, à elles toutes m'est toujours aussi insaisissable, la preuve ! (Car ça n'allait pas jusqu'au contact.)