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Le seul vrai hétéro
Le seul vrai hétéro
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22 mai 2019

La voix de cette chanteuse me plaît simplement

La voix de cette chanteuse me plaît simplement par sa douceur abstraitement teintée d'innocence, alors qu'on dirait que la voix de ce chanteur agit sur son sexe (elle le reconnaît en riant, en serrant les jambes). De mon côté c'est toute une imagerie éthérée qui se fait jour, de son côté cela semble être de l'ordre de la sensation brute. Il faudrait ainsi définir l'idéalisation à l'œuvre chez l'hétéro mec (qui peut parfois se manifester par le plaisir scopal pur, une sorte de degré zéro de l'objectal) par une déshumanisation du fantasme, qu'importe sa forme, violente ou non. De l'autre côté, une violence qui semble toujours reposer sur quelque chose de matériellement concret. On ne s'attendrait pas à ce que ce soit la première des deux violences qui soit socialement la plus violente, mais le problème c'est qu'elle a investi les instances dirigeantes. Ou c'est sans doute l'inverse : c'est parce qu'ils ont investi les instances dirigeantes que les fantasmes des mecs ne sont que des théories.

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27 mai 2019

De la même manière que le regard du seul vrai

De la même manière que le regard du seul vrai hétéro percevra toujours la fille comme fille même (et surtout) dépouillée de toute parure ou attitude de fille (d'où l'incompréhension immémoriale devant la remarque de série-télé « ah bon, tu me trouves jolie même au saut du lit ? »), je me dis que finalement j'aurai beau m'efforcer d'être tout sauf un mec, il ne manquera pas certaines filles pour me percevoir toujours ainsi. Ma défaite se doublera alors d'une victoire : certes j'aurai manqué mon coup, mais alors ça voudra dire que peut-être, malgré tout, je peux plaire à une fille (hétéro) ? (Si bien sûr on part du principe que les filles aiment les mecs parce qu'ils sont des mecs de la même manière que les mecs aiment les filles parce qu'elles sont des filles.)

28 mai 2019

Elle avait laissé un message sympathique sur mon

Elle avait laissé un message sympathique sur mon blog d'alors. Qui est-elle donc comme personne ? Comment une fille peut-elle me lire ? (Elle a l'air normale alors que j'écris des trucs pas normaux !) 

Je propose une discussion et la lance. Elle répond en trouvant des correspondances à tout ce que je dis. Je lui dis quel groupe je suis en train d'écouter et elle fait "c'est mon groupe préféré !", je fais une comparaison avec un autre groupe et elle dit "c'est exactement ça !".

Je m'aperçois qu'elle se fiche de ma gueule, le but étant ici de faire tourner en bourrique l'éventuel dragueur, de lui faire vainement croire à l'inespéré (l'arroseur arrosé). "Tu cherches quoi en fait en parlant avec moi ?", qu'elle me demande. 

Chercher quoi. Il faut donc forcément chercher à ? J'apprends ce jour-là que je suis un mec, qu'il est semble t-il dans ma nature de devoir chercher à.

À partir de là, je détesterai encore plus ma race (qui m'empêche de pouvoir être perçu comme un individu souhaitant juste percer les secrets des autres personnes, visant la réassurance concernant l'existence d'un monde commun). 

S'il y avait de l'hétérosexualité là-dedans, c'était celle-ci : comment je peux intéresser cette catégorie de personne nommée fille ?, le verbe pouvoir n'impliquant ici aucune visée stratégique ni mise en place d'une quelconque volonté d'agir, mais bien plutôt la recherche d'un savoir : comment une fille peut me trouver, non pas forcément en tant que mec (surtout pas !), mais en tant que personne perçue ; qui suis-je pour elle, comment mérite-je d'être considéré à ses yeux (à ses yeux de fille, certes, oui, bien sûr, mais pas en tant que mec donc pas dans le cadre strict de l'hétérosexualité telle qu'elle se théâtralise dans ses parades, simplement dans celui de la différenciation sexualisée du regard que le seul vrai hétéro ne peut s'empêcher de reprendre à son compte pour saisir son objet qui n'existe premièrement que circonscrit ainsi, avant toute possibilité d'augmentation humaniste ; en gros, comme toujours : c'est bien une fille qui me juge mais interdit de me juger comme un mec !).

29 mai 2019

Il est significatif que la première agression (sa

Il est significatif que la première agression (sa tête violemment sur mon épaule) soit la première conservée dans la mémoire, celle qui est apparue spontanément dans l'écriture. Or, c'est la deuxième, sa bouche qui vint arracher la mienne, qui fut objectivement la plus choquante. L'expression je me suis laissé faire est très étrange : nous resterions alors le sujet jusqu'au bout, non seulement je mais en plus me suis ! Je dirais plutôt j'ai laissé faire. Car ce n'était pas moi mais c'était sans nul doute ce que je portais (ce que j'avais en moi, nuance) : cette absence de toute opinion vis-à-vis de ce qui pourrait advenir ; je n'avais encore jamais connu ces choses et il fallait bien que cela se passe, indépendamment de savoir quel rôle je devais avoir – celui d'un mec ou pas – et à quel point je devais apprécier la fille qui tiendrait l'autre rôle. Je dois bien avouer que le fantasme du “passif”, de celui qui laisse à l'autre le soin de tout faire, m'avait traversé dans ma jeunesse, mais il a suffi de quelques secondes pour le faire éclater : non, décidément, ça n'allait pas comme ça. Il y fallait tout de même la détermination de l'objectal, ce singulier élan où la distinction “actif/passif” (pur artefact de la théorie érotico-sexologique des romans et magazines) n'a plus aucun sens. En laissant faire, j'avais oublié que j'étais le seul vrai hétéro

30 mai 2019

Elle ne supportait pas d'entendre parler de « la

Elle ne supportait pas d'entendre parler de « la femme » et je crois qu'elle m'a transmis ça, cette quasi-répulsion non pas tant envers le contenu visé qu'envers l'entreprise de construction lyrique à la fois niaise et malsaine (par exemple, je viens à l'instant d'éteindre violemment la radio après avoir capté les quelques mots d'un énième poète de l'éternel féminin – je peux vraiment témoigner que mon mouvement fut celui d'un malaise violent, je me suis précipité sur le bouton avec colère). Bien sûr, cette propension était déjà en germe et c'est elle qui me pousse à employer le signifiant fille, état existentiel mobilisé non pas en tant que position strictement chronologique (il n'est pas spécialement question de jeunesse ici, pas en soi) mais pour les possibilités d'indétermination qu'il contient : une fille, on sait pas encore bien ce que ça peut être, ça peut tout devenir suivant ce que l'on souhaitera, suivant les forces en présence ; c'est bien moins circonscrit qu'une femme ; ça l'est sûrement déjà trop, mais c'est parce que je suis le seul vrai hétéro, c'est bien ça le problème et c'est de ça dont je souhaite me dépêtrer devant vos yeux ébahis.

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3 juin 2019

« Tu vois, le problème avec le qualificatif

« Tu vois, le problème avec le qualificatif d'hétéro cisgenre c'est qu'il est purement négatif, cela regroupe celles et ceux qui n'ont pas affaire à telles oppressions mais c'est un ensemble très hétérogène, moi par exemple je dirais que ma situation est intermédiaire, mon genre m'est problématique mais je ne me sens pas pour autant d'un autre genre ni d'une autre orientation et c'est même l'inverse, c'est parce que je me sens trop hétéro que mon genre m'est problématique car j'aimerais tendre tout entier vers les filles en le devenant le plus possible, mais à la fois je me dois de rester mec pour correspondre aux attentes de cette orientation, et il est vrai que si j'étais complètement fille ça n'irait pas car alors ce ne serait plus une destination objectale mais une identité et cela perdrait tout attrait, je parle de ça en ce moment dans un blog que j'ai semi-ironiquement appelé Le seul vrai hétéro. »

4 juin 2019

Pour candidater à l'école des Beaux-Arts, on doit

Pour candidater à l'école des Beaux-Arts, on doit produire une œuvre en quatre dimensions, un volume. Je demande à mon père de me découper un morceau de planche rectangulaire sur lequel j'écris au feutre “plancher des vaches”, sur celui-ci j'édifie trois petits compartiments cartonnés nommés “Art”, “Amitié”, “Amour” : ma vie devra suivre cet ordre. Je sais qu'il y a des échanges, des transitions décisives ; j'ai conscience que la position intermédiaire de l'amitié est une position centrale : c'est par les amitiés artistiques que se construit l'art, c'est par les amitiés amoureuses que se construit l'amour. Mais je m'en tiens officiellement à une vision évolutionniste, graduelle : c'est toujours aller plus haut dans la félicité et l'aboutissement dont il s'agit. De l'art à l'amour en passant par l'amitié, on grimpe, on grandit. Je l'appelle Le monticule ascensionnel et je tente d'y croire dur comme fer. Le jury me demande de commenter ma démarche : je leur bafouille quelque chose comme « c'est une vision naïve de la vie ». Je me renie déjà. Je ne tiendrai pas longtemps.

5 juin 2019

À mon échelle, dans ma situation, c'est la seule

À mon échelle, dans ma situation, c'est la seule profession de foi libertaire à ma portée : proclamer que ce n'est pas parce qu'on n'est plus ensemble qu'on doit rompre le lien. Proclamer que séparation du couple ne veut pas dire séparation des êtres, des esprits. C'est l'acte d'authenticité anti-bourgeoise qui est accessible à cet instant. Pour le reste, les façons différentes de vivre l'amour, les façons différentes de vivre le couple, les façons différentes de vivre la force de l'objectal, les façons différentes de vivre la complicité sexualisée, on verra quand ça se présentera. Mais proclamons ce qu'il est d'ors-et-déjà possible de proclamer. C'est tout ce qu'il me reste.

(Pour la première fois, mes inclinaisons politiques correspondent à mes inclinaisons affectives.)

13 mars 2019

Le mec n'aime pas tant que ça le sexe puisque

Le mec n'aime pas tant que ça le sexe puisque cela ne débouche chez lui que sur du génital (d'où son côté « porc »). Si on respecte le sexe au point d'être le seul vrai hétéro, on se doit justement de « faire durer le plaisir », la meilleure solution étant alors de repousser toujours plus loin le moment de faire l'amour voire même de ne jamais le faire afin de garder tout ce qu'on aime : l'absence-présence permanente de l'émoi, toujours là – discrètement, parfois quasi-absent mais toujours quasi-présent – derrière chaque intonation, chaque regard des filles vers lesquelles on tend

26 février 2019

Des fois je me dis que le but est bel et bien

Des fois je me dis que le but est bel et bien sexuel en soi mais que tout dépend ce qu'on fait dire à cette proposition. On peut dire que c'est excitant de se dire qu'on est en train d'être enthousiaste envers cette fille parce qu'elle est une fille tout en pouvant pleinement profiter de la joie de laisser ça en arrière-plan et de ne considérer que la complicité avec cet être humain. Où donc est l'excitation là-dedans ? Un mec répondrait : dans le fait que tu lui caches son jeu et que tu penses qu'à son sexe tout en n'en faisant rien, pardi ! Même en n'en faisant rien tu y penses et ça te suffit pour prendre ton pied, ton pied de mec ! Me dit ce mec. Sauf que non, le seul vrai hétéro tord une nouvelle fois le bâton dans l'autre sens et envisage les choses ainsi : ce qui est excitant, c'est non pas le sexe caché ou dénié, c'est son absence-présence bel et bien réalisée dans ces moments d'amitié non-sexualisée à déterminante sexuelle. À la fois absent (discret car authentique) et présent (intense car fondamental), c'est comme ça que j'aime l'émoi.

23 février 2019

« Elle s'est fait tout un film, elle a pensé que

« Elle s'est fait tout un film, elle a pensé que t'étais un dragueur, du coup l'autre lui a dit “faut surtout pas que tu restes toute seule avec lui dans le bar, hein”... ». Or, c'est justement parce que j'avais une curiosité particulière pour cet être humain, curiosité que je n'aurais sans doute pas eu pour ce que l'on appelle un mec, que j'étais loin de pouvoir m'efforcer vers quoi que ce soit qui puisse être de la drague : c'est justement parce qu'il s'agissait d'une fille et que j'aime les filles qu'il ne fallait surtout pas que ce soit de la drague. Car je suis le seul vrai hétéro.

7 juin 2019

Dystopie : les infirmières sont parties. Les

Dystopie : les infirmières sont parties. Les infirmières ont disparu. Les pharmaciennes aussi, les pharmaciennes surtout. Que reste t-il alors aux mecs ? Comment encore vouloir mettre le nez dehors ? « Ça fait bien trois semaines que je suis pas sorti et que je me suis pas levé ni lavé », me confie cet ami au téléphone. Il me semble également que la vie dans le monde se présentera sous un jour de plus en plus cruel, sans pitié. L'ambiance urbaine fait froid dans le dos mais j'aperçois tout de même encore quelques raisons de rester le seul vrai hétéro, tout en hésitant sur l'opportunité existentielle qu'il y aurait ainsi à enfin cesser de l'être. Mais c'est comme se pencher devant un précipice.

9 juin 2019

Je lui faisais plein de caresses sur le bras et

Je lui faisais plein de caresses sur le bras et la main et je me rappelle m'être dit « comment savoir si ça lui plaît ? ». À cette époque, un mec pouvait encore se demander ça, comme si dans le cas contraire elle ne m'aurait pas tout de suite dit d'arrêter. Pour me défendre, je dois dire que c'était la première fois que c'était moi qui faisais le mouvement : les fois précédentes, on m'avait mis une tête sur l'épaule et mordu la bouche de façon inopinée, puis pris la main alors que c'était inespéré, et à la suite de cette main j'ai léché un doigt et j'ai pu voir le visage correspondant qui semblait apprécier, là j'avais juste un dos alors comment faire ? J'ai gambergé, « comment faire, comment faire pour savoir », puis eurêka j'ai trouvé : j'ai vu son cou, j'ai vu son pouls, son pouls battait, son pouls battait fort, anormalement fort. Ça lui faisait quelque chose, manifestement. Oui, ça devait être le cas car ça a continué encore pendant huit ans après.

10 juin 2019

C'est justement parce que je suis le seul vrai

C'est justement parce que je suis le seul vrai hétéro que je peux être le moins hétéro-normé de façon incroyablement à l'aise. C'est quand je me rends compte que j'aime décidément vraiment définitivement les filles que je n'ai plus peur que l'on trouve que je suis trop effeminé. « T'es strictement hétéro ? », me demande cet ami ; si merveilleux d'apprendre que cela ne se sait pas ! Non pas que j'en aie honte ou que je souhaiterais jouer à être autre chose, mais au contraire : cela me rappelle que je le suis tellement que je me permets avec félicité de ne surtout pas le paraître (car je n'aime que l'être ; le reste, je n'en veux pas ; le reste, ce n'est pas de l'être ; ce qui est de l'être dans le reste de l'être, à savoir tout ce que l'hétérosexualité n'épuise pas et qui existe à ses côtés, ne peut être que tout autre chose que de l'hétérosexualité). 
Je le redis, ce n'est pas un amusement, c'est juste l'expression de tout le reste que je suis en plus de l'hétérosexualité qui ne m'épuise pas, c'est justement parce que je suis le seul vrai hétéro que tout le reste de ma personne n'a rien à voir avec le fait de l'être ou pas, est bien plus que ça puisque ça est déjà suffisamment grand qu'il occupe toute la place qu'il doit occuper et qu'il laisse tout le reste à tout ce qui n'est pas ça.

11 juin 2019

Je n'ai même plus envie, ça aurait pu se faire à

Je n'ai même plus envie, ça aurait pu se faire à une époque mais on aurait dit que chacun attendait l'autre, oui car c'est sûrement pareil de son côté, elle a dû se dire que manifestement je n'étais pas enclin à tenter quelque chose avec elle, de la même manière que j'ai conclu la même chose de mon côté, synchronisation conduisant ainsi à la disparition du sens donné à un tel éventuel mouvement. Cela n'est même pas triste puisqu'après tout l'envie est bel et bien partie de façon simultanée, certes nous aurions pu sans doute vivre quelque chose au moment opportun mais le fait est que nous nous rejoignons désormais dans la lassitude vis-à-vis de l'absence de concrétisation de l'entreprise. Nous vivons ainsi communément l'épuisement, alors que nous sortions chacun d'une fin d'histoire vécue asymétriquement ; nous vivons ainsi enfin dans le non-amour la coordination.

12 juin 2019

« Douleur tellement soulagée après la mise de mes

« Douleur tellement soulagée après la mise de mes appareils auditifs que franchement j'aurais pu embrasser sur la bouche mon audioprothésiste !

– ...Et peut-être qu'elle aurait bien aimé ! me lance t-elle. »

Qu'a t-elle voulu me dire par là ? Quel fut le sens de sa remarque ? Comment a t-elle pu se la permettre ? Quoi percevoir en creux ?

Je me sens alors mec et j'ai un mouvement de recul ; il faut dire que j'avais donné le change en exprimant cette fiction éthérée non concrètement vécue, en surjouant l'hétérosexualité, le surjeu conscient faisant parfois partie du jeu (du seul vrai hétéro ; car « parler de l'idéologie comme d'une chose, c'est déjà la dépasser en partie », dixit Sartre : ainsi, ici, faire un tel blog ne peut que signifier que je le suis déjà un peu moins – pour pouvoir le faire).

D'où mes réticences à montrer l'hétérosexualité : on se met alors à me saisir comme mec, alors qu'il faut pas, il faut surtout pas (pour continuer à être ce que mon être tient à ce que je sois).

14 juin 2019

Il faudrait que ce soit entre les deux : ni que

Il faudrait que ce soit entre les deux : ni que les filles me regardent avec des yeux gros comme ça lorsque je ne suis pas un mec, ni qu'elles trouvent cela tout à fait banal car alors qu'aurai-je de spécial désormais ? J'ai bon espoir de me servir du fait de ne pas être un mec dans le cadre de mon hétérosexualité, d'ajouter cette particularité à mes qualités perceptibles. Si cela devient trop commun, d'autres mecs ne manqueront pas de me disputer ce créneau. (Non, je déteste quand je pense comme ça : rien ne vaut la diffusion de la révolution ; ma petite personne suivra comme elle pourra, suivant ce qu'on lui accordera – pour l'instant pas grand chose, mais ça ne saurait tarder !)

19 juin 2019

Article 2 de la loi du 9 décembre 1905 : Seront

Article 2 de la loi du 9 décembre 1905 : Seront supprimées des budgets de l'État, des départements et des communes, toutes dépenses relatives à l'exercice des cultes. Pourront toutefois être inscrites auxdits budgets les dépenses relatives à des services d'aumônerie et destinées à assurer le libre exercice des cultes dans les établissements publics tels que lycées, collèges, écoles, hospices, asiles et prisons.

C'est ça la discordance chez celui qui naît au culte hétéro au sein d'une institution fermée : pour contempler des filles il faut en passer par l'isolement rééducatif (car toujours déjà éduqué, à tout âge) ; l'amour sera dorénavant indémêlable d'une aire de contrainte, de mouvements réglés (ainsi, certains iront ensuite dans des bars ou des soirées, autres espaces codifiés).

21 juin 2019

Entre nous, c'est sacré. Quelque chose de sacré

Entre nous, c'est sacré. Quelque chose de sacré se fait entendre, même (et surtout) par écrit. À l'oral, elle pleure auprès de moi, me dit ce qu'il y a à dire sur son tourment et je fais de même. À l'écrit, on décrit notre philosophie de l'existence. C'est par son apport que je dessinerai une petite fable métaphysique qui sera publiée près de dix ans plus tard. Près de dix ans plus tard, justement, je repleure mais uniquement à l'écrit cette fois-ci. Le sacré est resté, peut-être un peu moins vibrant mais il est là (s'il se fait moins entendre c'est tout simplement que nous avons chacun moins de choses à faire entendre). Notre commune puissance consolatrice et ultra-attentive fut la plus troublante que j'ai jamais connue, sûrement parce qu'elle était soutenue par cette sorte de quête fervente que nous n'oserons appeler “spirituelle” (elle distingue Existence, à qui elle met une majuscule, et vie : je la reçois cinq sur cinq). Elle aussi aime les filles et il ne pourrait pas en être autrement. La plus intense expérience du seul vrai hétéro ne pouvait qu'avoir lieu dans ce cadre. 

22 juin 2019

Dès le début, jamais su si elle me percevait

Dès le début, jamais su si elle me percevait plutôt comme... (il faut dire qu'elle aime à la fois les filles et les mecs). Elle veut que je lui fournisse des BD "rock" ou "dirty" ou "trash", je ne sais plus le mot qu'elle utilise. Elle me demande ça, alors que quand on a bu un verre ensemble (elle lit mon blog et j'ai juste été curieux de savoir qui elle était en tant que fille) elle a bien vu (je l'ai senti dans son regard) que j'étais juste un puceau gaga. Et en effet, ce ne sera pas ce qu'elle attend : « tu n'as pas bien compris l'esprit », quelque chose comme ça... Jamais autant perçu à quel point j'étais indigne d'être un mec, malgré ses sourires et sa sympathie. Comment donc tourner mes mots pour tenter tout de même d'être un peu plus... non pas pour favoriser quoi que ce soit, juste pour paraître quand même un peu moins... Son dernier message, après une remarque enthousiaste de ma part, sera (cette fois-ci je cite, c'est du copier-coller) : « Je viens de lire ton commentaire. J'ai du mal à savoir si c'est ironique ou sympa... ». 

23 juin 2019

Elles discutent entre elles, j'écoute en secret

Elles discutent entre elles, j'écoute en secret (je les connais mais sont plus jeunes) : elles trouvent que c'est épuisant de s'entendre dire qu'on est jolies alors que c'est pas pour eux qu'on se prépare le matin. Gavées de compliments déplacés. Pour ma part, quand j'ai été le plus mec, je souffrais bien trop de les voir jolies pour les en complimenter (ma violence aurait plutôt résidé dans un reproche). De toutes façons, rien de tout ça n'aura plus lieu dans le monde de la révolution : toute “préparation” ne pourra plus être perçue comme telle, tout “compliment” ne pourra plus être émis ou reçu en tant que tel ; il n'y aura que la transparence des sujets plus ou moins sexualisés selon l'objectalité communément choisie.

8 août 2019

Je me dis qu'elle a vraiment quelque chose, que

Je me dis qu'elle a vraiment quelque chose, que c'est si directement l'entente entre nous, que si j'avais quelques années de moins et étais en meilleure forme peut-être que... Mais, suis-je bête, que me manque t-il ? Une amitié avec elle, c'est déjà inespéré, non ? Qu'aurais-je voulu rajouter de plus ? Quelque chose qui aurait à voir avec ce que j'ai entre les jambes ? MAIS QUEL RAPPORT ? Quel rapport ça aurait avec elle ? 

20 août 2019

On était dans une librairie et je tentais de nous

On était dans une librairie et je tentais de nous trouver une BD, quelque chose qu'on aimerait tous les deux. Je feuilletais des choses vraiment trop sommaires, indignes, même si possiblement intéressantes. L'une semblait l'intéresser, elle me disait "et il y a ça, pourquoi pas ?" mais je sentais quelque chose de pas totalement convaincu dans sa voix et son regard un peu perdus, comme si elle cherchait surtout à me faire plaisir et ne comprenait pas ce que je pouvais trouver à ces choses. Je rêve encore de ça, alors qu'elle avait écrit à quel point elle avait pu se nourrir avec joie des traits avec lesquels je l'avais mise en contact, mais c'est comme si mon manque de légitimité était indécrottable. En mettant mon existence dans des livres et des disques que j'achetais, c'était histoire de me trouver des appuis solides me ressemblant potentiellement, à la fois meilleurs que moi et me reflétant en partie. Lorsqu'ils me reflétaient trop, c'était un problème ; je montrais ainsi de manière impudique ce que je pouvais être et parfois je risquais de ne plus m'aimer à me découvrir ainsi (quelle étrange expérience par exemple d'écouter une musique qui nous plaît trop devant tout le monde, c'est comme si on nous arrachait ce plaisir ou qu'au contraire on l'offrait de façon indécente). Quelque chose de l'affection, du sentiment d'existence que l'amour doit apporter se joue ici, comme si je ne parvenais pas à me suffire à moi-même, que sans ces béquilles artistiques (pourtant fort encombrantes) je ne me jugeais pas digne d'attention, que je n'occasionnerais que des regards perdus en ne sachant pas quoi montrer de moi, de ce que j'aime, que je ne pourrais laisser l'évidence aller, celle-ci ne se manifestant qu'en de rares occasions solitaires, vite insaisissables.

(Impossible de savoir sur lequel des deux blogs va ce texte alors pour la peine il est sur les deux. Il est ici aussi, pour rappel : http://defini.canalblog.com )

1 septembre 2019

Ils veulent être tranquilles pour pouvoir se

Ils veulent être tranquilles pour pouvoir se balader comme ils veulent alors ils nous ont mis en colonie, ma cousine et moi. Mais pourquoi ne suis-je pas avec elle ? Je suis compartimenté ailleurs parce que je suis un garçon : les garçons sont avec les autres garçons. Il y a quelque chose de particulièrement repoussant chez les garçons, dans leur corps même, leur façon de toujours s'agiter et se donner des coups pour un rien, de transpirer, de dire des blagues grossières ; on dirait qu'ils font exprès d'être pas normaux. Je me sens tellement normal à côté que je dois être différent, j'aimerais être avec les filles qui sont normales aussi, elles. Quand on fait une mise en scène dans un jeu, elles prennent le temps de rentrer dedans, elles comprennent les enjeux, en plus j'aime bien comme elles sourient et certaines ont l'air de me trouver marrant (pour l'instant je fais même pas exprès, puis petit à petit j'aimerai tellement quand elles me trouvent marrant que je chercherai volontairement à l'être). Tout semble simple avec elles, on est direct ce pour quoi on est là, on se comporte normalement, on est doux car on ne peut que l'être, on est des petits êtres sensibles et il faut en avoir conscience (je sais pas si j'en ai conscience à proprement parler, mais disons que je sais que je suis triste à cause de ce que j'ai vécu). J'aimerais tout le temps être avec elles, de leur côté, j'ai l'impression qu'il n'y a qu'elles qui savent vraiment comment on fait dans la vie, comment on fait bien, comment on est bien. Je veux être avec elles. Je veux chercher à être avec elles (il faut forcément chercher à puisque je ne suis pas mis avec elles direct, puisqu'on me sépare d'elles). Mais le voudront-elles, elles ? 

[Fin ? Du moins pour l'instant ça se clôt. Merci et à bientôt.]

28 décembre 2019

Une tête sur mon épaule : c'est comme ça que tout

Une tête sur mon épaule : c'est comme ça que tout a commencé, que je me suis rendu compte qu'il y aurait un hic. À chaque fois, le malaise : qui suis-je pour être une épaule sur laquelle on met une tête ? Cela ne ferait-il pas de moi un mec ? Si c'était moi qui mettait la tête sur l'épaule d'elle, serait-ce alors moi qui serait la fille ?
J'ai encore vu ça l'autre jour, soit dit en passant, lorsque je suis descendu dans le salon : parmi les invités, deux amoureux dont l'un avec la tête sur l'épaule de l'autre et figurez-vous que – ça pouvait pas manquer : la tête c'était la fille et l'épaule c'était le mec ! Dans cette vision m'est réapparue la certitude que je ne pourrai jamais être l'épaule. L'entité tête-épaule, j'y assiste en soi (avec stupeur mais avec l'acceptation que l'on éprouve à l'égard de toute facticité), je m'en tiens désormais à l'écart et il m'apparaît que cette ligne – ce fait de tenir à se tenir à l'écart, avec résolution – est la plus grande beauté à éclairer, à révéler en moi et auprès du monde : ce refus d'être épaule-pour-tête, refus pour cause d'impossibilité-malgré-hétérosexualité, est l'une des plus importantes voies à défricher, l'un des plus inconnus choix-d'être à déceler, signaler. Il va falloir affirmer la difficulté qu'il y a à se vivre ainsi, comme appui-tête-de-fille, afin qu'il puisse en sortir une vérité d'existence qui soit mieux pour toutes et tous.
(Un challenge encore plus grand que l'amour, afin de permettre ensuite un amour réellement plus grand que tout.)

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