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Le seul vrai hétéro
Le seul vrai hétéro
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18 mars 2019

C'est avant tout pour des raisons objectales que

C'est avant tout pour des raisons objectales que je suis le seul vrai hétéro : c'est pour les filles. Mais j'ai bien conscience que je ne parle pas de nulle part : il paraît que j'ai un sexe de mec et je veux bien le croire. Dans l'idéal, j'aimerais que la donnée « manifestement mec » n'ait aucune incidence sur le fait que je puisse être « hétéro » ; mec ou fille, qu'importe, je brouillerais les pistes, l'essentiel à comprendre serait uniquement que j'en ai pour les filles. Mais avoir quoi ? Du sexe, entre autres, car il est bien question de ça. Mais alors quel sexe ? Mon sexe ? Mon sexe de mec ? Pourquoi forcément ? Pourquoi forcément quand on parle de sexe il faudrait parler de mon sexe ? L'utopie sexuelle du seul vrai hétéro pourrait être formulée ainsi : en avoir pour le sexe des filles mais uniquement à destination de ; rien envers soi, rien par-devers soi, rien avec soi. Tandis qu'un mec pense toujours à son sexe dans le sexe des filles, le seul vrai hétéro penserait uniquement au sexe des filles, point barre. Tendu vers mais pas comme un sexe de mec, juste tourné vers. Peut-on y croire ? Peut-on m'accorder que ma façon d'être tourné vers ne doit rien à ce que je possède ou pas ? 

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19 mars 2019

Le constat actuel le plus triste qui soit :

Le constat actuel le plus triste qui soit : tandis que la plupart des mecs non-virils (dont le seul vrai hétéro) auront passé toute leur existence à attendre désespérément qu'on les drague, les filles n'en peuvent plus de l'être à longueur de temps. Constat aisé à faire, pouvant conduire au bon mot, à l'exclamation « inversons tout, pour voir ! ». Sauf qu'il faudrait surtout penser des mouvements vers l'autre qui ne soient pas centrés sur nous. La névrose hétéro mérite bien ça. C'est nous-même avant tout que nous devons cesser de considérer en tant que mec ou fille : c'est en sachant que nous ne sommes ni l'un ni l'autre que nous pourrons ensuite envisager l'objectal autrement.

20 mars 2019

Premier souvenir d'attente obsessionnelle du seul

Premier souvenir d'attente obsessionnelle du seul vrai hétéro, obsédé par l'objet : quand je la regardais en classe et que je me disais « on sait jamais, peut-être que si on va tous les deux aux toilettes en même temps elle va vouloir qu'on fasse des choses ensemble ». Ça ne s'est jamais produit, à aucun moment de ma formation. L'expérience du puceau gaga peut sans nul doute se résumer ainsi : dans les moments où ce serait inconvenant, toujours penser au sexe ; dans les moments où il faudrait y aller, toujours surpris qu'il surgisse. (La seule fois où j'ai vraiment décidé en toute connaissance de cause concrète et effective, ça a mené ensuite à huit ans d'amour, mais j'en parlerai peu ici.)

23 mars 2019

Preuve que « filles » est un signifiant vide,

Preuve que « filles » est un signifiant vide, dans lequel on peut mettre ce qu'on veut (et c'est justement ce qui en fait toute la saveur pour le seul vrai hétéro) : depuis toujours, je me dis par exemple : « sans maquillage, les filles sont tellement + filles ! » (optique naturaliste quelque peu adolescente) ; depuis toujours, je me dis : « les filles sont vraiment encore plus filles quand elles cessent de vouloir se conformer aux canons genrés ! C'est carrément plus excitant et enthousiasmant de percevoir cette fille comme n'ayant surtout pas un comportement de type fifille ! » (la fille avec qui j'ai partagé huit ans de ma vie disait « fifille » pour parler de la façon d'être beaucoup trop fille de façon fille). À partir de là, pourquoi garde t-on la notion ? Qu'est-ce qu'on y met ? Notre hétérosexualité, entre autres (sûrement en majeure partie). Notre poussée vers l'objet (devant bien être nommé d'une façon ou d'une autre).

24 mars 2019

Tu écriras sur tout ça ; c'est ce que je m'étais

Tu écriras sur tout ça ; c'est ce que je m'étais promis de faire à quinze ans. Ça aura attendu que je ne puisse plus rien faire d'autre (et il n'est pas la peine de crier à qui mieux mieux « c'est toute mon Œuvre que je couronne là » car on l'a déjà entendu trop de fois de ta part, cf celui qui criait au loup, sauf que cette fois c'est vraiment vrai). Si j'avais écrit tout ça à quinze ans, j'aurais sans doute davantage insisté sur le côté fille (avec descriptions à l'appui de ce que j'aime dans le fait d'aimer les filles) ; le faire quinze ans plus tard, ça pousse à appuyer le côté mec (le malaise à devoir sans cesse être un mec). Je crois que j'aurais aimé que ce soit mon plus grand secret d'être le seul vrai hétéro, que ce ne soit pas le genre de chose que l'on remarque à première vue ; le fait est que ça nécessite pas mal d'exhumations de sentiments, preuve que ce n'est pas ce qu'on peut trouver en premier lieu chez ma personne. C'est le vécu de mes quinze ans qui est le plus simple à retranscrire ; toute la suite, ça ressort petit à petit, dans certaines répliques qui se sont fait jour pour enrichir ou contrecarrer mon soliloque. Il s'agit d'avancer progressivement vers aujourd'hui.

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28 mars 2019

Quelque chose s'éprouve de particulièrement

Quelque chose s'éprouve de particulièrement rassérénant pour le seul vrai hétéro : l'amitié pour une fille qui aime les filles. Il n'est donc plus seul : comme il n'aime que les filles, il commençait à penser qu'il fallait forcément aimer les mecs (vu que les filles aiment les mecs), or l'honneur est sauf, il découvre qu'on peut aussi être une fille et aimer les filles. Ça le trouble mais pas du point de vue sexuel comme on pourrait le croire et pourtant, si, c'est bien de sexe dont il s'agit. Car il ne s'agit pas de se complaire dans une « relation sans enjeu » – « comme elle aime les filles, je peux penser à autre chose » – non, car le seul vrai hétéro pense toujours aux filles. Mais il s'agit justement de découvrir le commun qu'il peut y avoir avec une fille qui est bel et bien une fille et qui aime les filles comme nous : une alchimie ultime à laquelle on n'aurait jamais pensée. Le ton de ma voix se fait alors différent, je sens que j'atteins une complicité inouïe ; je me rappelle lorsqu'elle m'avait dit « elle est jolie cette chanteuse, non ? » avec un clin d'œil : ça y est, le partage humain de l'émoi existait proprement dit.

Mais avec toujours quelque chose d'un peu triste car que fera t-elle de ce partage ? À quel moment la gêne se fera t-elle sentir (puisqu'après tout, l'on n'est qu'un mec et elle aurait bien raison de nous le rappeler) ?

Mais même dans cette tristesse il y a l'intensité de l'absence-présence de l'objet (de l'indicible) ; c'est le principe d'être le seul vrai hétéro.

29 mars 2019

Bien sûr que j'ai une « idée derrière la tête »,

Bien sûr que j'ai une « idée derrière la tête », mais elle n'a rien à voir avec « moi » ! C'est une absence-présence. C'est tout entier vers toi. Et la moindre des choses, le moindre des respects est que je ne t'embête pas avec tout ce que cela peut avoir de « localisé dans moi » (car oui, je parle bien de quelque part, je pars de quelque part, j'ai paraît-il un sexe mais il ne dit rien sur ce que je vais finalement décider de ressentir ou de faire). Pour que tu comprennes, j'aurais parfois envie de me mettre à tes pieds façon cœur d'artichaut en t'implorant de la façon suivante : « De la même manière que ce n'est pas parce que « je t'aime parce que tu es une fille » que « je pense que tu es une fille » (que les filles ça existe vraiment), ce n'est pas « un mec qui se pense mec » qui se conduit vers toi, c'est quelqu'un qui est poussé à te considérer ainsi (comme fille) – et ce que j'y mets n'a sûrement rien à voir avec ce que tu y mets. À la fois c'est triste car on ne pourra peut-être jamais comprendre ce que chacun y met – pourquoi j'aime les filles, pourquoi tu aimes les mecs –, mais à la fois je t'assure que pour ma part je n'excuserai jamais mes manquements, indiscrétions ou irrespects par le fait que “je veux être un mec” (car je ne le veux pas). »

31 mars 2019

C'est en commençant par se rendre compte qu'on

C'est en commençant par se rendre compte qu'on n'est pas des mecs que l'on pourra ensuite cesser de les voir comme des filles. C'est d'abord nous-même qu'il faut déconstruire, puis viendra l'objectal (qui dans un premier temps s'impose trop d'emblée comme ce vers quoi on tend, donc difficile de prendre du recul). Les mecs ont moins d'excuses pour ne pas se déconstruire puisqu'ils sont moins victimes de la violence de l'objectal : ils ont juste à comprendre qu'ils n'existent pas. Les filles peuvent plus difficilement cesser de croire qu'elles existent, ou disons que ça leur coûte davantage, puisque le règne de l'objectal le leur répète à longueur de temps (qu'elles existent comme filles vers qui on tend). Le mec c'est du vide : le mec c'est quand la violence de l'objectal est mal vécue (on enrobe ça sous des dehors de mec). Les filles, c'est leur quotidien de subir l'objectal à leur encontre : leur parade, c'est soit d'être fille autrement, soit de ne plus l'être. 

2 avril 2019

Si le pur mec s'ennuie tant avec la pure fille et

Si le pur mec s'ennuie tant avec la pure fille et vice versa, c'est parce qu'ils ne sont plus des êtres humains mais des sortes de monstres. Comment s'intéresser à un monstre ? C'est pour ça que les mecs/filles ne traînent qu'entre eux : la distance à l'autre n'est pas dûe à la peur du sexe-qui-peut-surgir-sans-qu'on-le-veuille mais à la fameuse et curieusement nommée séparation genrée (genres de quoi ?), cette création ne pouvant être définie que tératologiquement. Car quel gloubi-boulga de caractéristiques hétéroclites assemblées au mépris de la logique ! Le mec est en même temps celui qui charrie et qui pense, la fille celle qui manie et qui ressent. Faudrait savoir... “Bonjour, c'est toi qui fais la cuisine mais c'est moi le Grand Chef !”. “Bonjour, c'est toi qui es inspiré par les muses mais c'est moi qui pleure !”. On comprend rien. Ça veut rien dire. Foutons-nous à la poubelle.

5 avril 2019

La preuve que je l'aime toujours, c'est que quand

La preuve que je l'aime toujours, c'est que quand je suis avec une autre qui à un moment donné finit toujours par me déplaire, je suis agacé comme je le suis rarement par quelqu'un. D'habitude j'aime à peu près tout le monde, surtout quand tout le monde est une fille, mais là elle me sort par les yeux tellement qu'elle n'est pas Elle ! On est en train de faire une activité quelconque, un jeu de société par exemple, et elle se contente d'être elle, ce qui installe une sale et triste ambiance car elle est à mille lieux d'être Elle. C'est vraiment dans ce dégoût que je perçois plus que jamais mon affection persistante, bien plus que dans mes pleurs (que je soupçonne souvent d'être portés à mon encontre, de relever du simple manque dans l'absolu et non pas du manque d'Elle).

6 avril 2019

Mais d'une certaine manière, tout est revenu à la

Mais d'une certaine manière, tout est revenu à la normale. C'était une exception de vivre l'amour. Quand j'y repense, je me dis de plus en plus « ah oui, curieux quand même d'avoir vécu ça, qui l'eut cru ? ». Quand on est le nez dans le guidon (huit ans), on n'y pense pas, on finit vite par trouver ça normal. On se lève de moins en moins chaque jour en se disant « mais qu'est-ce qu'il m'arrive ? », alors qu'on devrait, tellement que c'est fou qu'on plaise à une fille. Le sentiment d'irréalité qui persiste après la rupture, c'est juste l'irréalité que j'ai toujours vécue avant : tout flotte, le monde sensible me paraît loin, trop difficile de s'y prendre, tout le monde a l'air bien trop occupé pour m'expliquer.

8 avril 2019

Retour de la puanteur sans que j'y prenne garde,

Retour de la puanteur sans que j'y prenne garde, à cause du sweat-shirt, du coup elle risque de me dire "tu schmouques". Ah mais non, il n'y a qu'Elle qui disait "schmouquer". Non seulement je pue, mais en plus je n'ai plus le droit de réentendre le mot qui s'appliquait de façon si adéquate et émouvante à ma puanteur. J'aimais l'entendre prononcer. Nouvelle preuve de la valeur affective particulièrement particulière de la puanteur pour moi, sans que je m'y complaise néanmoins, celle-ci n'ayant de valeur que comme fond sonore, de bande originale de mon existence (je me sens comme protégé dans un cocon sous toutes ces couches de vêtements, il paraît qu'on m'a toujours trop habillé lorsqu'il fallait qu'on me sorte, m'a t-on appris récemment). 

11 avril 2019

Je ne sais pas ce que j'attends de la lecture de

Je ne sais pas ce que j'attends de la lecture de ce blog. Bien sûr que je rêve que les mecs me disent « c'est ce qu'on aurait aimé dire sur notre dégoût d'être nous mais on pouvait pas ! », bien sûr que je rêve que les filles me disent « merci d'apporter une pierre à l'édifice de la déconstruction de la masculinité, on ne peut pas le faire à votre place ! ». Mais si ce blog existe, c'est bien parce que 1) si j'étais sûr que ces voix de rêve existaient, je n'exprimerais sûrement pas les choses telles que je les exprime ici, je ne passerais pas par quatre chemins puisque je serais sûr d'être compris (si je rajoute de la confusion c'est parce que je me dis « ils ne vont pas comprendre vu que pour la plupart c'est des mecs et des filles normaux, donc autant faire croire que je suis confus, ça passera mieux »), 2) je ne suis après tout pas sûr de vouloir encore m'adresser à des mecs et des filles mais tout simplement à une sorte de substrat sexuel-affectif commun indéfinissable, difficilement saisissable et peut-être encore plus rare que l'entreprise féministe ou libertaire : si ce fond existe, j'aurais gagné ; j'aurais gagné parce que j'aurais perdu (j'aurais cru pouvoir parler de mission politique, je n'aurais parlé que d'invocation archaïque d'une sorte de mana honteux : la violence de l'objectal, on aime tellement l'autre qu'on veut le saisir en son entier car c'est lui le plus fort puisqu'il nous saisit).

18 avril 2019

Si j'ai envie de me confier à elle, est-ce parce

Si j'ai envie de me confier à elle, est-ce parce que je pense à quelque chose de plus ou parce que justement je pense à rien du tout et que j'aurais envie de lui parler d'amour comme on en parlerait à n'importe quelle oreille attentive ? C'est partagé. Ou peut-être que ça pourrait commencer par une complicité comme ça et qu'ensuite peut-être... mais si déjà j'y pense c'est faussé, et surtout que pour l'instant il se passe le contraire, on dirait que c'était tellement évident qu'on aurait pu se mettre ensemble vu les circonstances que c'est trop évident et que du coup on peut en rester à la complicité pour l'instant vu que cela va sans dire et que c'est même fatigant cette situation où il faudrait forcément en passer par avoir quelque chose derrière la tête pour se dire des trucs. Ce serait même mieux pour l'amour qu'il ne se passe rien, je veux dire pour l'amour en général, tel qu'il existe en soi et pour nous en tant qu'individus qui devons bien continuer à lui donner une contenance qui vaille le coup et qui ne soit pas seulement une sorte d'élan à la va-vite qui ne tienne à rien. Et en plus quand elle me regarde comme ça et qu'elle me dit des choses en rapport avec le fait que je pourrais être un mec, ça ne me donne plus envie car alors elle se trompe sur mon compte (or on va pas déjà commencer à se tromper !).

19 avril 2019

Il y a des fois où je suis surtout hétéro parce

Il y a des fois où je suis surtout hétéro parce que je n'aime pas les mecs et des fois où c'est surtout parce que j'aime les filles, ça dépend. La première version c'est quand je ne vais pas bien : les mecs me dégoûtent tellement en tout point, de façon aussi bien sensible qu'intellectuelle, psychologique que politique, que je me dis que c'est un devoir de ne surtout pas aller vers eux et j'en reste à ce niveau-là, j'y patauge car alors il ne me vient pas à l'idée que les filles puissent exister. Puis hop, des fois je me dis qu'elles existent et alors tout s'éclaire, je suis hétéro pour elles et non pas contre eux. Mais existent-elles vraiment ? Pas sûr, car si elles existent c'est juste parce que le seul vrai hétéro y met ce qu'il veut bien y mettre, ce qui lui manque pour percevoir la vie et le monde sous un jour plus doux. Leur douceur est une création ; ce qu'il faudra pour remplacer c'est que le monde entier soit doux, pour la peine.

20 avril 2019

Il s'agit de rejeter à la fois la demi-mesure («

Il s'agit de rejeter à la fois la demi-mesure (« ce ne sont pas les mecs en bloc à rejeter mais simplement ceux qui sont pas gentils » : bien sûr que non, bien sûr que c'est le mec en soi, c'est lui qui pose problème !) et la plainte (« j'ai pas envie d'avoir tout à fait honte de moi, plutôt de dire que des fois faut juste être un peu plus... euh, tu vois quoi » : bien sûr que non, je vois pas, faut avoir honte de toi en soi et pas parce que des fois t'aurais telle pensée ou tel élan objectal !). C'est ce qu'il se passe quand je me mets à chanter Bring on the nubiles des Stranglers : il s'agit d'aller jusqu'au bout de la honte, de se montrer tellement grotesque qu'ainsi on aura envie de savoir ce qu'il se cache derrière tout ça, ce qu'il faut comprendre et par conséquent ce qu'on peut changer. Hugh Cornwell répond qu'il s'agit de constater que les chansons de sexe de mec sont toutes écrites sur ce modèle : ce qu'il y a d'intéressant à penser (an almost religious subject), c'est ce qu'il peut bien y avoir dans cette idée de possession de jouvence, moi je dirais de l'objet pur (dans les deux sens de pur). Ce qu'on appelle « le pouvoir », certes, mais une fois qu'on a dit ça on n'est pas avancé, c'est comme si on disait « le mana » (qui équivaut à le truc, le machin en nous, nous dit Lévi-Strauss). Évitons d'être dupes de la substantification. Percer ce que permet l'objectal après avoir percé ce que permet le gain (ce qui était la première étape de la « libération de la parole » : toutes les fois où la situation sociale de pouvoir est concrètement effective), c'est ce qu'il nous reste à faire alors autant le crier. Ces imageries fantasmatiques de mec me sont à la fois étrangères – plus étrangères que pour un mec qui les vivrait et que pour une fille qui les subirait – et suffisamment familières pour que je les conçoive comme « le possible prélude de ma ruine intérieure », comme dirait l'autre ; il faut alors les expulser dans une tension punk, entre soulagement et lucidité (je ne fais pas partie de ce monde mais je sais qu'il continue à exister).

22 avril 2019

Je voulais recopier ici la lettre d'amour que je

Je voulais recopier ici la lettre d'amour que je lui avais écrite, mais je n'arrive pas à aller jusqu'au bout : c'était si morne comme façon de faire. À peine touchant. Elle avait bien été gentille de me répondre. « Mon copain était là quand j'ai reçu ta lettre. J'ai commencé à la lire, l'ai reposée et il a compris quel genre de contenu c'était. » Il y a toujours un troisième larron. Je ne sais pas ce qu'ils me veulent tous ces mecs, ce que je leur ai fait, à croire qu'ils savent que je les déteste tous et qu'ils veulent se venger. Même si je sais qu'ils ne sont pas là pour toujours, je reste sur mes gardes. « On peut se revoir ? », m'avait dit une autre pour qui ça n'avait pas non plus été possible à cause d'un larron. Non, il fallait que je me protège. Même si elle n'était plus avec lui, on savait jamais, un nouveau pouvait sortir de derrière un buisson et tout faire capoter. Et puis si elle avait décliné une fois, il fallait narcissiquement que ce soit pour toujours. J'étais comme ça à l'époque. Maintenant j'attends juste que certaines m'aiment un peu, de la façon qu'elles le souhaitent, au point où j'en suis.

10 mai 2019

Je crois que dans mon rêve de cette nuit j'avais

Je crois que dans mon rêve de cette nuit j'avais tout compris : on était à la fois de nouveau ensemble (la logique des choses pour mon cerveau) et il y avait quelque chose d'étrange à faire couple ainsi. Et alors je sentais que le risque c'était que l'amour ne s'en sorte pas grandi, alors que par ailleurs c'était évident qu'on devait rester accolés. C'est un peu là où j'en suis rendu, ce qui est à la fois une manière d'accepter et de désespérer (ça va souvent ensemble, l'impulsion fervente partant toujours chez moi d'une non-acceptation, comme la poussée vers l'objectal est motivée par l'élucidation d'un mystère) : et si l'amour ne pouvait continuer qu'hors du couple ? Cela expliquerait ainsi pourquoi les filles tiennent encore à faire couple avec des mecs, alors que franchement, on sait pas ce qu'elles peuvent leur trouver : c'est parce qu'elles savent bien que c'est la fin de l'amour et qu'ils ne méritent pas mieux. Mais les seuls vrais hétéros, que leur reste t-il ? Les interstices d'émoi à saisir, donc à la fois tout et rien (acceptation de ce tout – on s'y remet à fond, on a tout le temps hâte de le vivre – , désespérance de ce rien – c'est toujours trop furtif ces regards et attentions, et on se demande si ça existe bien dans nos conscients, peut-on donc se contenter de l'inconscient, du tropisme difficilement dicible ?).

19 mai 2019

Soudain elle a violemment renversé sa tête sur

Soudain elle a violemment renversé sa tête sur mon épaule alors que c'était pas dit qu'on allait forcément... Mais du coup après j'étais pris, c'était trop tard. Il ne m'est resté que du dégoût (que je n'ai heureusement plus jamais ressenti avec qui que ce soit), la fameuse dissociation « mon corps fait cela mais ma tête est ailleurs ». J'en ai gardé une séquelle : quand la tête ne maîtrise pas (quand on me cherche alors que je suis endormi, quoi que l'on ait derrière la tête), un mouvement de vif repli, sorte de réflexe névralgique de dignité.

20 mai 2019

Je croyais au début y avoir accordé trop

Je croyais au début y avoir accordé trop d'importance (au fait qu'à un moment elle a pris ma main, tout ce dont je rêvais, et qu'ensuite j'ai commencé à lui sucer un doigt), pendant des années je me suis dit qu'en fait c'était pas si criant de sens, vu qu'au final tout a foiré. Mais en y repensant, je me dis qu'au contraire mon erreur a été de ne pas y avoir accordé assez d'attention, de n'avoir considéré la scène que de façon panoramique, façon : il se passe ce genre de rapprochement puis ça laisse un drôle de goût puis elle me demandera « tu penses quoi de ce qu'il s'est passé ? », ce à quoi je ne me souviens pas avoir répondu quelque chose d'intéressant, m'étant contenté d'être aux abois concernant la suite, d'attendre qu'elle veuille bien de moi. Il est évident, avec le recul, qu'il aurait fallu disserter des heures sur ces quelques secondes, qu'elles les méritaient puisqu'elles étaient inespérées pour elle comme pour moi : pour elle parce que quel drôle de loustic je devais être (une sorte de jeune-vieux dégingandé qui ne savait à peu près faire que chanter et parler de livres), et pour moi surtout parce que j'étais loin de m'être imaginé qu'elle allait choisir ma main comme ça comme une surface de peau digne de contact. Il s'est passé là comme une énigme, la même sorte d'énigme quand je l'ai revue dix ans plus tard, une sorte d'accord explicite de sa part quant à la compréhension de ce que je peux être ; encore aujourd'hui, quelque chose dans son regard porté sur moi a gardé quelque chose de sa main de l'époque.

23 mai 2019

En l'écrivant je me suis rendu compte que c'est

En l'écrivant je me suis rendu compte que c'est sans doute aussi la violente inauguration qui a dû jouer dans mon dégoût (en plus de ma non-envie qui se passe de mots) : l'inauguration par une tête sur mon épaule. Se reposer sur moi. Serais-je donc quelqu'un sur qui on peut se reposer, à savoir un mec ? Quel effroi ! Il m'est ainsi apparu que je devais tenir mon rang, que la suite allait de soi. Le plus drôle c'est que la seule chose que j'ai aimé faire avec elle, c'est justement lui manger l'épaule (la sienne à elle), comme une sorte de revanche : t'en voulais à la mienne, ben pour la peine j'en veux à la tienne et il n'y a que ça qui m'intéresse. Pour le reste des hostilités, je n'étais pas là. Ce n'était que des hostilités, que des atteintes (mais je le redis, unique expérience comme celle-ci, ayant l'avantage genré de n'être que très peu victime d'une imposition d'envie).

25 mai 2019

J'aimerais la voir, mais c'est une fille et je

J'aimerais la voir, mais c'est une fille et je suis un mec. Rajouter “en tout bien tout honneur, hu hu” ? Au contraire, ce serait penser que je puisse penser à autre chose ! Ne rien dire ? Ouais mais quand même, ça va lui faire bizarre vu qu'elle est bien plus jeune que moi et qu'en plus elle vient de se séparer de son copain donc elle va forcément penser qu'il y a un lien, surtout qu'une fois elle nous avait parlé (en compagnie de son copain qui était encore avec elle) de ce mec qui s'était tout de suite jeté sur elle dès qu'elle avait annoncé qu'elle n'était plus avec lui (son copain, à qui elle raconte l'histoire en ma compagnie, dont elle s'était séparée une première fois et dont elle s'est de nouveau séparée cette fois-ci, bien que je ne sache pas si elle en est l'initiatrice dans les deux cas, bien qu'il me semble que cela y ressemble d'après un certain indice que je n'ai pas le temps de décrire ici) ! Oui mais justement, c'est parce qu'elle m'en avait parlé que du coup je ne peux pas refaire la même chose comme un gros débile qui n'aurait rien entendu, donc je peux lui proposer, sauf que je n'ai tout de même pas un statut similaire à celui de ce gros débile précédent donc ça peut prêter à confusion et à malaise, surtout qu'en effet, le fait qu'elle soit une fille joue dans mon appréciation de sa personne vu que je suis le seul vrai hétéro, donc ce serait mentir de lui faire croire que je n'ai conscience de rien, et puis je sais qu'elle me trouve gentil donc faut que je garde ce statut en lui montrant que j'ai conscience de la violence possible d'une telle proposition dans le contexte présent, ou alors juste lui dire que je suis là au cas où, mais alors quelle prétention, être là pour quoi ? Non vraiment, être là pour quelqu'un, c'est la pire des prétentions, qui nous dit que quelqu'un veut qu'on soit là ? Dans certaines circonstances d'accord, mais qui ne sont pas réunies vu que je ne suis rien pour elle, bon alors du coup qu'est-ce que je fais ?

16 mars 2019

Mon goût pour les cheveux courts est arrivé

Mon goût pour les cheveux courts est arrivé tardivement. « C'est parce qu'en fait t'aimes les mecs ou quoi ? », me dit ce mec. Or, c'est tout le contraire ! C'est justement parce qu'avec les cheveux courts, donc la fin du genre culturellement manifeste, on peut mieux apercevoir tout ce qui fait fondamentalement le fait qu'elle est une fille. C'est éliminer le superflu : je suis le seul vrai hétéro.

15 juin 2019

Pour ce qui est des couples autour, ça dépend. Ce

Pour ce qui est des couples autour, ça dépend. Ce fut un cheminement. Longtemps je ne supportais pas d'apprécier le mec quand j'appréciais la fille, comme une discordance dans mon cerveau : si j'apprécie cette fille je ne peux pas apprécier qu'elle ait osé avoir un mec qui n'est pas moi, oui mais ce serait encore pire si elle était avec un vrai mec, là elle est juste avec un mec sympa – espèce intermédiaire entre le vrai mec et le seul vrai hétéro : plutôt appréciable, même si peut mieux faire – donc c'est moins pire, oui mais alors il faut qu'il soit vraiment sympa sinon c'est vraiment la pire des choses qui puisse nous arriver (à elle et à moi), à savoir le règne du faux sensible écorché, mon alter-ego démoniaque que je pourchasserai jusqu'à la fin de mes jours, moi le vrai débile timoré ! Oui mais voilà, je dois bien l'admettre : c'est un chouette gars. Pas question pour autant d'apprécier en soi son union avec elle. Avec le temps, j'ai appris à trouver une voie médiane : j'apprécie tout simplement leur couple, cet ensemble compact à part qu'ils forment indépendamment de leurs personnes respectives ; ils sont touchants comme ça. (Je me prémunis ainsi de deux parasitages mentaux : ma considération teintée d'envie envers lui, mon désir envers elle.)

16 juin 2019

Cet ami a littéralement peur des filles (peur de

Cet ami a littéralement peur des filles (peur de plein d'autres choses mais notamment et surtout des filles). De mon côté, c'est une sorte d'extrême inverse : plus j'avance, plus je ne me sens bien qu'avec ce genre à l'exclusion de tout autre (« c'est pas tant que toutes les filles sont louables, c'est plutôt que tous les mecs ou quasiment sont blâmables »). En avais-je peur jadis, en ai-je déjà eu peur ? C'est plutôt que je n'en avais tellement pas peur (je n'ai toujours eu peur que des mecs) que j'avais peur de ma réaction à ma non-peur, la non-peur étant inhabituelle chez moi (vu le nombre de mecs). Encore aujourd'hui, si je suis raide quand je marche, c'est parce que je n'en reviens encore pas d'avoir si peu peur auprès d'elles et de ne pas savoir quoi faire de cette non-peur (et quand on ne sait pas quoi faire, on reste sur ses gardes).
(En gros, cette non-peur devrait être l'initiation d'une révolution individuelle et collective, donc quelle pression sur mes épaules !)
(Bien sûr, au bout d'un moment, peut se réinstaller la peur auprès d'une fille ; j'ai connu ça ; la mission qu'il reste à tenter c'est faire perdurer sur la durée la non-peur, cette non-peur présente un peu partout dans mes pensées envers elles, l'intuition que cela dit quelque chose de moi et du monde à la fois et qu'il faudrait juste parvenir à unir ces esquisses de sensations, une sorte de mélange éclatant de sérénité et d'entrain.)

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