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Le seul vrai hétéro
Le seul vrai hétéro
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26 août 2019

Il est des fois où devenir elle comporte des

Il est des fois où devenir elle comporte des risques ; je crois que c'est de là qu'est venue ma tendance à absorber comme une éponge son mal-être. J'étais elle le plus possible que je pouvais (ce qui suppose nécessairement quelques zones non atteintes, peuvent-elles d'ailleurs être atteintes par elle-même ?), or ce n'est pas ce qu'elle aurait voulu : j'aurais dû faire obstacle à elle. Mais si je ne pouvais pas être elle, que devais-je être ? L'impossibilité de répondre à cette question me faisait perdurer dans l'effort consistant à l'atteindre dans ses atteintes, m'y fixer afin de ne faire plus qu'un avec elles, avec elle, cette indistinction sujet-objet me paraissant plus ambitieuse qu'une simple présence à ses côtés ; je devais être en partie ce qu'elle ressentait afin de pouvoir nous en extraire (ce qui peut vite faire dériver vers être partie prenante de ce qu'elle ressentait, autrement dit l'une des causes ; on y vient insensiblement, les suites pouvant être dramatiques, mais je restais persuadé qu'il fallait en passer par là pour extirper le mal). Quelle leçon en tirer ? Disons que tout en n'étant pas prêt à abandonner ce rêve d'indistinction (sans lequel je ne suis rien, ou tout du moins ne veux rien être de spécial), je me dis qu'il aurait fallu percer de façon plus consciente cette impossibilité que j'avais à savoir ce que je ne voulais pas être (j'appelle donc désormais ici, provisoirement, ne pas vouloir être un mec cette propension, avec tous les sous-entendus comportementaux).

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28 août 2019

Proust dit quelque part que l'amour que l'on

Proust dit quelque part que l'amour que l'on ressent dans les yeux de l'autre est le reflet de notre propre amour qu'on lui envoie, circularité qui trouve son accomplissement lorsqu'il y a réciprocité, chacun aimant ainsi ce que l'autre lui renvoie de lui-même : l'amour peut exister. Donc oui, bien conscient qu'à la base je mets dans les filles tout mon émerveillement pour elles, mais dans ma situation c'est un problème pour l'existence de l'amour ou plutôt pour l'acceptation de sa non-existence (ce qui revient au même, ayant l'impression que pour qu'il puisse m'arriver il faudra que je sois passé par accepter mon impossibilité à l'accueillir dans cet état) : vu mon être, je me dis que je suis en post-amour, c'est fini ces choses, j'ai déjà bien assez à faire avec ma propre existence précaire, ce qui me fait d'autant plus admirer toutes ces belles façons courageuses d'embrasser l'existence que dégagent plusieurs filles que je peux croiser, par conséquent quelque chose comme le sentiment de l'amour refait jour, alors que j'étais parti pour vivre sans. Ça revient me chercher et me rappeler que je ne peux pas y répondre, que je ne peux pas me répondre à moi-même, à mon propre envoi d'amour dont je reçois ensuite l'accusé de réception à l'insu du plein gré de la destinatrice (comme toujours, c'est moi qui l'avais demandé).

26 novembre 2019

On n'a pas encore commencé à être hétéros (ou

On n'a pas encore commencé à être hétéros (ou homos mais bref, orientés). Ça n'existe pas encore.
Car il va de soi que se montrer ou se regarder en fille ou en mec, n'aimer que ces déguisements, ce n'est pas aimer les êtres qu'il y a derrière, “filles” ou “mecs”. C'est tout faire pour ne pas ressentir ce qu'il y a à aimer chez l'autre.
Et pourtant, force est de contaster que ça perd du terrain : personne ne pourra contester que les critères normatifs – devenus clichés – ne font plus guère rêver, ne troublent plus ; ce n'est plus à ça que l'on pense quand l'on pense à une “fille” ou à un “mec” avec qui l'on voudrait être, c'est même parfois à tout le contraire (mais qui n'est “contraire” que dans un monde d'illusions ; ce n'est pas “contraire” à quoi que ce soit, c'est juste la vie).
Et l'on se rend compte alors que oui, pour le coup on est troublé à l'idée d'être avec un être pareil et c'est alors cela, cette sensation, cette espérance qui forme notre orientation. Et dans laquelle on est plus que jamais fervent.
Et c'est alors vraiment qu'on arrive à comprendre pourquoi il fallait que ce soit cet être et aucun autre, de quelle façon entre en jeu la sensation-fille ou sensation-mec qui colle à l'être qu'on aime, à la fois profondément-intensément et sans qu'elle le définisse entièrement (difficile de penser cette lucide coexistence qui n'a pourtant rien d'une dichotomie).
Peut-on approcher cela par des mots hors du langage « ensembliste-identitaire » (Castoriadis) qui n'est fait que de signifiants quantitatifs, désignant du séparable, du distinguable ? “Composés”, “éléments”, “attributs” : toutes ces tentatives de décrire le masculin et le féminin (ce qui nous trouble en eux) se dérobent désormais, nous semblent indignes de la ferveur de nos orientations. Preuve que nous n'avions pas encore “pris la mesure”, si l'on peut dire (et justement non, on ne peut pas le dire, c'est immesurable), de celles-ci.
C'est tout récemment que l'on arrive enfin à comprendre ce qui nous rend tout chose et qui n'a absolument jamais rien eu à voir avec les colifichets et autres démonstrations-monstrations monstrueuses (la "fille très fille" et le "mec très mec" étant des créations tératologiques auxquelles personne n'a réellement envie d'être confronté). C'est seulement maintenant que c'est simplement l'autre, la sensation de l'autre sans aucun masque, fard ou rôle faisant écran qui constitue notre choix plus fort que nous de nous orienter vers lui, vers elle. 
Ça y est, nous le sommes. Les seuls vrais.

25 décembre 2020

« Et ça fait toujours un mec de plus,

« Et ça fait toujours un mec de plus, heureusement parce que sinon... », dit-il en mentionnant le fait que sa présence (à ce mec) évite qu'il se retrouve le seul mec sur ce lieu de travail qui déjà ne lui sied guère, alors si en plus on peut pas rigoler... Je me rappelle qu'il trouvait déjà à l'époque qu'on ne pouvait pas rigoler avec les filles, que ce n'était pas normal. Et quand il me parlait, quand je lui parlais, je me sentais toujours anormal, amoindri, prenant une petite voix car ne sachant où placer mon genre : étais-je un « mec » comme lui ? Surtout pas, mais étais-je une « fille » ? Non plus, car c'était justement le fait de ne pas l'être qui faisait que j'aimais tant être avec elles, qu'elles rendaient le monde normal alors qu'avec les « mecs » il fallait toujours que ça devienne pas normal à un moment. 
Mais alors, quand il laissait entendre que les filles c'était pas cool (mais alors pourquoi les aimait-il quand même à d'autres points de vue ? comment pouvait-il lier ces deux positions contradictoires ? je ne comprenais pas), devais-je me mettre à les « défendre » comme j'aurais défendu les « miens » ? Le faire m'aurait trop fait passer pour le fasciné de service, le cœur d'artichaut, quelque chose de déjà référencé dans l'univers des « mecs » : cela aurait maintenu le dialogue, la correspondance avec “l'univers mec”, avec cette espèce de petite voix que je ne pouvais m'empêcher de prendre en miroir face aux « mecs » quand ils me rappelaient que je n'avais pas confiance en moi, que je tendais vers le pas normal, tandis qu'avec les filles je commençais à être de plus en plus « moi-même », à savoir le moi tendant vers la normalité de ce que je suis, idéal certes asymptotique mais à l'existence tout à fait solide et certaine. Les filles, si elles existaient, c'était pour être enfin normal, enfin ne plus être un “mec”. Être avec elles.

26 décembre 2020

Si tu veux que je te parle des mecs, je peux être

Si tu veux que je te parle des mecs, je peux être objectif car je n'en suis pas un ; si j'en étais un, je me dégoûterais ; on peut parler objectivement d'un dégoût. Concernant les filles, par contre, je suis trop partie prenante en les idéalisant et en les appréciant/comprenant à travers ce que cette idéalisation me permet de saisir (au sens le plus basique : l'idéal que je poursuis en étant hétéro bien qu'elles n'existent pas), souvent plus finement que quelqu'un qui ne serait que modérément concerné (qui ne serait pas le seul vrai).

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27 décembre 2020

Non seulement elles sont différentes, n'ont pas

Non seulement elles sont différentes, n'ont pas les mêmes qualités, mais en plus elles sont toutes les deux DES FILLES ! Mais de façon différente. Mais chacune DES FILLES ! C'est cette coexistence qui... Chacune incomparablement une fille. Il y aurait tant d'autres choses à dire sur elles (mais combien sont-elles, au juste ?), mais le fait qu'elles aient pour point commun (le plus essentiel à mes yeux, bien que je ne maîtrise pas ce jugement) d'être DES FILLES, c'est quand même EXACTEMENT ça qui fait que je suis hétéro et... je n'en reviens toujours pas... ELLES SONT DES FILLES, QUOI !

3 janvier 2021

souvent je suis dans la rue je vois la tête d'un

souvent je suis dans la rue je vois la tête d'un mec et là je me dis "mais quelle tête de mec !"

ça me fait jamais ça pour une fille, je veux dire je me dis pas "quelle sale gueule de mec", je me dis juste "quelle gueule de mec", ridicule en soi !

ha ha, c'est un mec, quoi ! juste un mec mais justement, quelle gueule ! 

il y a des fois où je trouve qu'ils sont tous plus "ridiculement mecs" les uns que les autres, ça arrête pas !

ha ha, un mec, quoi, c'est un mec !

il faut que je croise enfin une fille pour avoir l'impression de revenir dans un monde normal, non risible, non grotesque.

c'est pour moi la plus grande preuve de ce que certains persistent à appeler l'hétérosexualité.

(aussi, parfois, avant de m'endormir, une image hypnagogique de tête de mec telle que leur constitution nous en offre l'exemple – avec telle conformation ridicule de traits, d'expression, d'implantation capillaire, etc. pas forcément effrayante ni spécialement marquante, là encore, juste une tronche de mec comme le monde nous en offre, et avec laquelle il faut faire avec malgré qu'on les trouve grossiers et encombrants. des mecs, quoi.)

4 janvier 2021

Quoi qu'on en dise, seul vrai hétéro ou pas, le

Quoi qu'on en dise, seul vrai hétéro ou pas, le fait qu'elles aiment les mecs restera toujours ce qui nous distanciera d'elles à jamais. Le point sur lequel on aura beau essayer d'être compréhensif, de saisir même corporellement le principe (en se faisant par exemple en esprit, ou désespérément devant un miroir, objet d'un regard hétéro-féminin comme elles sont à longueur de journées objets du regard hétéro-masculin), mais pour lequel on ratera le ressenti. C'est ce qui outrepasse.

5 janvier 2021

Il est possible que l'incompréhension de certains

Il est possible que l'incompréhension de certains devant leur détresse et leur révolte ne réside que dans ce constat du cœur mal embouché, pourrait-on dire, simple comme un bonjour qui ne verrait pas plus loin que le bout de sa salutation manuelle : c'est déjà des filles – donc ce qu'il y a de mieux sur cette terre – , que veulent-elles être de plus ? Et c'est peut-être justement ça le scandale : que sur leurs épaules reposent le fait (certaines diront le devoir, mais en tant qu'hétéro fasciné l'on se doit de reconnaître que nous vivons avant tout cela comme un fait) d'être le mieux sur cette terre. On devient fou pour moins qu'ça.

26 janvier 2021

Elle me dit que l'amour arrive petit à petit à

Elle me dit que l'amour arrive petit à petit à force de côtoyer régulièrement, dans une forme de proximité ascendante, une personne avec qui l'on partage un concret. Que le coup de foudre en une seule fois, elle n'y croit pas. 
Je ne sais pas si j'y crois davantage, par contre je crois encore moins à la première voie : trop de parasites mentaux viennent embuer la possibilité de penser vraiment à l'amour, finissent par assécher l'envie avant même qu'elle ait commencé, découragent les motivations du cœur. Car dans le quotidien, je me présente généralement comme épuisé, mal embouché. Je perçois bien les possibilités de tissage affectif avec telle personne mais au moment même où je les vois, je suis également celui qui est préoccupé par telle ou telle perte de moyens et de repères. Impossible de me concentrer sur ce que je pourrais vouloir de plus. On vient ici pour souffrir ou se divertir, on se salue, on rit parfois, mais quel rapport avec le sujet de l'amour ? 
Au moins, dans la rencontre faite pour ça, on est tout de suite dans le sujet. Le sujet de l'amour. On peut donc s'y tenir, du moins quand l'autre le veut bien. (Sous peine de rester l'épuisé décrit ci-avant.)

27 janvier 2021

Incroyable, je vois son visage (c'est si rare en

Incroyable, je vois son visage (c'est si rare en ce moment), elle sourit, le regarde droit dans les yeux, doit hausser la tête pour ça (il est bien plus grand qu'elle) et lui dit, avec beaucoup de chaleur émue dans la voix : « je te remercie vraiment de m'avoir attendue ». L'autre semble étonné de tant de reconnaissance, il a un peu les yeux éberlués (en tout cas c'est ce que j'en déduis parce que ça m'arrange pour mon tableau), « mais de rien »... Et j'aurais envie de rester là, à savoir s'il va y avoir quelque chose entre eux. 
Je viens de leur parler à chacun d'eux, séparément, il y a quelques minutes, dans leur magasin. Je ne pensais pas qu'ils se retrouveraient ensuite pour exprimer devant moi une saynète évoquant l'amour, spécialement à ma destination, moi qui en manque tant (d'amour comme de destination, à vrai dire). Étant hétéro, c'est bien sûr le personnage de la fille qui m'intéresse le plus ; c'est vrai qu'elle a quelque chose, qu'on sent qu'elle est du genre timide et discrète ; je suis certain en ayant vu ses yeux et son sourire qu'elle recherche actuellement l'amour. Ou alors c'est que je me projette, mais qu'y gagnerais-je puisque pour le coup, je ne recherche pas spécialement l'amour avec elle et que je suis surtout curieux de savoir comment elle investira sa tendre et fervente reconnaissance pour celui qui l'a « attendue » ; faites comme si je n'étais pas là. J'allais écrire : comme si je n'existais pas. 
Il faudrait que ce soit toujours comme ça pour consoler des (nombreuses, successives) fois où c'est l'autre (l'autre mec) qui imprime davantage dans le cerveau de celle qu'on aime, qui finit par avoir le dernier mot. Au moins, on n'aurait pas à se faire d'idées, ce serait plié d'avance : on n'existerait pas, point. Pas de prétention à être aimé quand on n'a pas à exister.

28 février 2022

Ce qu'il faudrait, c'est qu'on puisse savoir

Ce qu'il faudrait, c'est qu'on puisse savoir quand même si ça a eu une importance, si c'est ça qui construit ensuite la masculinité ; à savoir : si je suis si unique, si rare à avoir eu un vécu où ce sont, historiquement, à plusieurs reprises, aux premières reprises, à 5 premières reprises correspondant chacune à un sens différent du mot "première", où ce sont, je disais, ELLES qui ont initié, qui se sont montrées intéressées en premier au domaine de sensations-affections. Si jamais cela s'avère un vécu spécifique, qui conduit ensuite tous ceux qui en sont concernés à avoir un autre type de rapport à l'Autre féminin voire une toute autre masculinité (voire une anti-masculinité en regard des normes en vigueur), il faudrait vraiment que cela se fasse savoir. Il faudrait que tout le monde témoigne dans les commentaires pour confirmer. 
Bien entendu, ce ne seront jamais les seules données en jeu : il y a aussi tout l'entour, tout ce qu'on nous dit d'ELLES sans qu'on l'ait jamais vérifié, tout ce qui se sait sans avoir besoin de l'avoir su. Mais tout de même, il y a des chances que cela ne soit pas anodin : dans un monde où elles sont censées être le "passif", le deuxième, celles qui disposent après proposition, lorsqu'on sait, qu'on a vécu, qu'on a été formé par, initié par une vision où c'est tout le contraire au niveau de ce domaine de sensations-affections (et sans doute aussi d'autres domaines, mais celui-ci est tout spécialement décisif au sein de ce qu'on appelle encore malgré tout l'hétérosexualité), cela ne peut pas ne pas avoir de conséquences sur la façon dont on les voit, dont on les vit : ce sont elles qui tiennent en premier la possibilité, la volonté de l'avenir à la fois troublant et concret, si émouvant d'être si relié à des aires de sensations-affections si concrètes. On ne leur reconnaîtra pas forcément tous les pouvoirs (histoire de rester dignement matérialistes), mais on leur reconnaîtra cet empowerment-là, cette initiative-là d'avoir créé, à leur image, à leur façon, sur leur décision d'en user à leur façon et ainsi à notre façon, d'en jouir et plus globalement d'en vivre à leur façon et ainsi à notre façon aussi, le sexe.

(En gros, si je devais dire, ce serait : 1) émotion émoustillée quant à la possible découverte, 2) émotion enjouée quant à l'impudeur délibérée, 3) émotion de la demande pressante d'affection, 4) émotion de la prise à bras le corps du rapprochement impromptu, 5) émotion de l'assaut irrépressible envers une bouche à mordre, mais aïeuh, ça fait mal !)

6 novembre 2022

« Tu vois, quand tu frottes comme ça, c’est pas

« Tu vois, quand tu frottes comme ça, c’est pas tant… c’est pas tant que ça me fait rien, c’est que… rien que le fait que je puisse le décrire par le verbe « frotter » c’est que ça n’est pas…
- Mais je « frotte » pas vraiment, regarde, quand je fais ça… T’appelles ça « frotter » ?
- Ah, par contre, comme ça, mmh, okay, là il y a… il y a un rythme, ou plutôt une densité, ou plutôt une épaisseur qui…
- Un rythme, une densité ou une épaisseur ?
- Raaah je sais pas, disons une teneur… une façon de tenir…
- …Mais pourtant je tiens rien encore, j’effleure à peine !
- Oui mais avec densité ! Désolé mais c’est dense, tu effleures avec densité !
- Ah, okay, entendu, je le saurai maintenant… J’y penserai autrement maintenant que je sais que je suis dense, enfin que c’est dense quand je te fais ça…
- Ah parce que tu y penses des fois ?
- Ben… oui, ça peut m’arriver, mais tu vois du coup j’y penserai différemment maintenant que je sais que t’y vois de la densité. En retour ça me fera pas le même effet.
- C’est pas déjà le cas ?
- Là je crois qu’on parle trop pour que je me rende tout à fait compte… En tout cas il y a eu un mot de prononcé, je veux dire de validé.
- Oui, c’est « densité », « densité » je valide. Ça me fait quelque chose de dense quand tu me fais ça et… le fait de sentir que tu y mets de la densité, que tu le veuilles ou non, ça me plaît encore plus, car je me dis que…
- …Que j’y crois aussi, que de mon côté aussi…?
- …Oui, voilà, que de ton côté aussi c’est dense, en tout cas que ça a l’air. Bon, on n’est jamais sûr mais là, quand c’est à ce point…
- Oui, tu remarqueras que je continue, là, sur la même lancée…
- Oui, c’est bien… Et moi aussi, du coup, j’ai envie de… enfin à ma façon, de… voire même carrément, au point où…
- Te gêne pas !
- …De toutes façons on était déjà dans… enfin… tu crois que si je me mets à faire… à aller jusque… là, tu…?
- Mmmh, doucement mais oui, je n’y vois pas… je n’y vois pas surtout pas…
- …d’inconvénient ?
- …Oui bon facile de… de terminer mes phrases quand tu vois que je suis… que je suis dans… Wow !
- Oups, pardon, je…
- Non mais c’est juste que… je m’attendais pas à…!
- Oui là je sais pas si on est encore dans l’effleurement mais… j’étais dans le mouvement et…
- Non mais, et puis comme d’hab’…
- Oui, il y a ce renflement et je sais bien qu’il te…
- Un renflement ? T’appelles ça un renflement ?
- Ben je crois que c’est toi-même qui l’as appelé comme ça une fois. T’as dit « tu vois, là il y a un renflement »…
- …Déjà j’ai pas pu dire « tu vois » car je le vois pas plus que toi et je crois pas t’avoir un jour mené à…
- Non, pas mené, mais genre « tu vois, si tu vas jusque là, il y a un renflement et… »
- Mais t’es vraiment sûr que j’ai dit « renflement » ? Je me revois pas dire « renflement » pour…
- Si si, je t’assure, c’était bien « renflement » que…
- Bon, OK, « renflement » alors. Très bien.
- …Donc c’est bon, ça te…
- Ben oui, comme d’hab, ça fait « wow », mais je t’assure que je me revois pas l’appeler « renflement » alors que…
- Bon, laisse tomber, on enlève « renflement » alors, ça a l’air de moins bien aller que « densité » pour toi donc…
- C’était pour toi « densité », moi je sais pas si c’était… si j’étais vraiment dense, pas plus que je sais si on peut appeler ça un « renflement » ce que tu es en train de… mmh, en ce moment…
- En train de quoi, d’ailleurs ? Tu dirais de « frotter » ? Tu dirais pas « frotter » quand même ? Je me sentirais gêné d’être là à « frotter », on en revient là, je… à partir du moment où on peut dire « frotter » d’un truc c’est que ça ne va pas, c’est que…
- Non mais là je t’assure que ça va bien, très bien même, mais oui ce n’est pas « frotter », ce n’est pas non plus ti… enfin je veux même pas le dire, je n’aime pas tous ces verbes, aucun ne décrit ce que… ce que j’aime bien que… ce que j’aime bien que tu fasses comme en ce moment même si… même si je sais pas si… mmh…
- Même si tu sais pas quoi ?
- …Même si je sais pas si… si c’est vraiment un renflement, une densité, ou… ou que sais-je encore ou… mais…
- …Mais allons encore plus loin ?
- Dans… Dans quel sens ? Ah oui, pas forcément dans…
- Non, dans le sens que tu veux, je veux dire on peut continuer ?
- Oui mais je sais pas si je veux qu’on parle alors. Ça…
- …Je t’assure que je dirai plus jamais « frotter », ni « renflement », ni même « densité » !
- C’est pas ça, mais… Ça fait comme si… comme si on nous regardait alors que…
- …Oui, suis pas non plus trop exhibo’ mais je voulais juste…
- Oui non mais ça se comprend, surtout que c’est pas la première fois que…
- Oui, pas la première fois qu’on fait tout ça donc c’est comme si je voulais parvenir à saisir et… surtout qu’il me semble bien que ça nous est déjà arrivé d’essayer de… comme quand par exemple, même si tu l’as oublié, tu… tu avais dit « renflement » pour désigner…
- Je sais pas si j’avais dit « renflement », je te dis !!!
- …Moi non plus à vrai dire, je sais pas, moi non plus, mais… c’est comme si… comme si j’avais voulu…
- Allez stop, tu ne veux rien d’autre que ça, vas-y, vas-y pour de bon, avec densité ou non…!
- Oui, je… c’est ce qu’on va… c’est ce qu’on va faire, je… je t’aime.
- Je t’aime. »

18 novembre 2022

Avant tout, en premier, il y a la fascination et

Avant tout, en premier, il y a la fascination et le "j'aimerais tant être elle", dans les fixations. C'est donc plutôt queerisé à la base, et ce n'est que dans un second temps que vient "bon ben du coup je suis attiré par elle". 
Du coup j'ai du mal à séparer les deux termes, c'est comme si la projection amenait tout naturellement "l'orientation" (la seconde étape n'ayant jamais été un concept théorique).
Je comprends que certains choisissent de se pencher à nouveaux frais sur leur intérieur puisqu'ils ont senti que c'était "en eux" ; cette fille, elle est déjà d'emblée en moi, elle résonne et rayonne d'emblée en moi, je vis d'emblée ainsi la fascination. Ça rayonne. 
Et la poursuite de ce rayonnement est "l'attirance", inévitablement dans le cadre de "l'hétérosexualité", mais colorée pour ma part de tous les remuements du premier mouvement. Si je suis hétéro, c'est justement parce que j'ai tout de suite ressenti, en la voyant (lorsqu'elle apparaît, car elle finit toujours par apparaître), que je n'étais pas un mec mais bien au contraire que j'étais tout ce qu'elle était elle, donc un être humain aussi, oui, entre autres, mais pas un mec. Et bien plus qu'un être humain car elle a quelque chose en plus qui me la rend différente, d'où le fait qu'ensuite on soit bien dans "l'orientation", etc.
Elle est tous les gestes, mouvements, les voix que j'avais toujours voulu être, je sais pas comment elle fait pour l'être semble-t-il naturellement, comme si c'était une fille (et on dit bien, il paraît, que c'est une fille) ; du coup je vais tenter de l'approcher le plus possible, c'est une envie comme une autre. C'est la façon que je trouve la plus simple d'être avec elle, à défaut d'être elle. (Et pourquoi pas être elle, hein, ce serait un tout autre... comment dire... bref, on voit bien ici mes idées courtes, ma paresse ; me lover en elle, c'est un peu plus à ma portée et c'est fou comme c'est déjà si intense.)

29 novembre 2022

"Pars de ça : je ne suis pas un mec.– Pfff, mais

"Pars de ça : je ne suis pas un mec.
– Pfff, mais attends, je te signale que...
– Oui, peut-être, et d'ailleurs je t'ai pas autorisé à...
– Pardon mais c'est toi-même qui évoque le domaine alors que t'es justement en train de...
– Oui mais n'empêche ! N'empêche que même s'il y a ça, cette réaction présentement à ta personne, à ce qu'on est en train de faire toi et moi, je ne suis pas un mec ! Il faut partir de là pour me comprendre, pas de ce que tu vois ou de ce que tu touches là.
– Hum, "te comprendre", dit comme ça, ça sonne bien "présomption de mec"...
– Ah parce que toi tu veux pas que je te comprenne ? 
– Si, mais je n'en fais pas un préalable pour ce qui concerne ce qu'on est en train de faire, là. Avec ta queue dans ma main. 
– ... (s'adressant au public) Mais elle ne comprend pas sur quel plan je me situe, hein... (retourne vers son interlocutrice) C'est bien pour ça que je profite de ce moment pour te dire, pour te faire remarquer – car je conçois que ce ne soit pas évident présentement – que je ne suis pas un mec, avant tout et préalablement, oui, avant toute autre considération, avant toute chose, j'aimerais que tu me voies comme ça : comme un mec qui n'est pas un mec. Je t'aime, j'te trouve carrément... enfin bref, tu me fais de l'effet à fond, mais cela n'a rien à voir avec le fait que... et je dirais même, non, au contraire, cela ne peut justement avoir lieu que parce que je ne suis pas vraiment un mec, dans le fond et au préalable, fondamentalement. C'est ce que j'ai théorisé, c'est ainsi. Je suis "le seul vrai hétéro". 
– Et ça te sert à quoi, ta théorie ?... Pas spécialement en ce moment même, je veux dire, mais en général, c'est pour quoi faire ?
– Pour tout faire, justement. Pour tout refonder. Pour que tu ne me voies plus avant tout comme un "mec", de la même manière que je ne te vois pas avant tout comme une "fille". Essaie juste de te dire ça : si je ne le vois plus comme un mec, si ce n'est pas un mec, est-ce que ça change quelque chose en moi, en nous, pour nous ? Qu'est-ce que ça nous apporte ?
– ...Le fait est que, là, tu... on est bien partis pour... Et dans une telle situation, je peux facilement me dire que...
– Oui mais au-delà de cette "facilité", justement, il y a la vérité. La seule vérité : celle que je n'ai rien d'un mec.
– À part...
– À part ça, si tu veux, là... et encore, je crois pas qu'on puisse dire que... et pourquoi ça serait forcément...? Non, je le redis, c'est un tout autre plan, c'est bien plus grand, c'est toute une refondation.
– On la commence maintenant, alors ? Par ça ?
– Oui, mettons par ça, la suite viendra bien d'elle-même... Mais souviens-toi des prémices : je ne suis pas un mec."

8 janvier 2023

Non, bon, c'est bon, on arrête. Non, c'est non.

Non, bon, c'est bon, on arrête. Non, c'est non. Ça a assez duré.
Regardez-moi de quoi on a l'air, on n'est plus des êtres humains.
On joue je ne sais qui, je ne sais même pas si ce sont des "rôles", ce sont des sortes d'ectoplasmes, des monstres.
On a peur l'un de l'autre (surtout l'une a peur de l'autre, mais continuer le jeu est encore une façon de conjurer la peur).
T'as vu ta façon de parler quand t'es dans cette optique ? T'as vu à quel point ça ressemble à rien ?
Je parle de tout le monde qui se met à percevoir le monde avec ces yeux, avec les yeux de ce jeu, que cela soit par prévoyance ou délibérément (je pense que la majeure partie de la part relevant de la "prévoyance" est moins "délibérée" qu'elle n'en a l'air, que nous nous y mettons d'une façon "plus forte que nous", comme un réflexe de survie pour ce qui pourrait atteindre nos corps, nos sentiments).
Qu'il y ait séduction, parade à la séduction, contre-parade, le champ lexical le dit bien : il y a parade. Il ne s'agit pas de comportements de consciences authentiques. 
Arrêtons. 
Il faut bien sûr donner des gages de confiance et on sait bien à qui revient la charge de prouver en premier qu'il n'est pas un connard. Mais d'une façon générale, il s'agit surtout de s'écouter. Du moins si l'on souhaite rester une individualité. 
Car l'essentiel c'est bien de se dire que quand bien même cela pourrait concerner, dans un futur plus ou moins proche, plus ou moins lointain, notre futur, le futur de nos corps et de nos sentiments, le rapprochement physique et mental de deux êtres (donc de deux peaux, bien plus que les enveloppant, les innervant), on ne voit pas le rapport entre ce futur possible, plus ou moins souhaitable, souhaitable ou non par l'un ou par l'autre, effrayant, prometteur ou dérisoire, on ne voit pas le rapport entre ce futur et notre attitude, là, maintenant, ces mimiques, ces façons qu'ont nos voix de ne jamais rien dire de vrai sur un plan authentiquement conscient. Quand bien même on voudrait tous les deux, là, finir un jour emmêlés, il n'y a pas le moindre rapport entre cette vue et la façon qu'on a ici de se séparer de nous comme de l'autre, de se couper de l'humanité que nous dégagerions vraiment l'un comme l'autre si l'on décidait simplement de rester dans l'écoute attentive de l'individualité sans délibération ni prévoyance prématurée. Il n'y a pas de rapport.
Il n'y a pas le moindre rapport.
Et au final, tout ce qu'on obtiendra, qu'il y ait "rapport" futur ou non, c'est qu'il n'y en ait justement jamais eu, de rapport. Avec l'autre. 
Personne n'aura jamais existé. 
(Qu'il y ait eu câlins ou non.)
Alors arrêtons. 

25 décembre 2023

Ma seule façon de ne pas devenir fou, c'est de me

Ma seule façon de ne pas devenir fou, c'est de me dire que je ne suis pas un mec.
Si elle ne m'a plus aimé, c'est parce que je ne pouvais pas être un mec ; j'aurais fini à un moment ou à un autre par ne pas pouvoir continuer à être un mec. 
Ma seule façon de donner sens à ce qui s'est passé, de créer un récit où je sois un individu poursuivant une vie, c'est de penser la fin de la supercherie : je n'étais tout simplement pas un mec, je ne suis tout simplement pas un mec. C'est le même individu dont il s'agira durant les quelques années qu'il me reste. C'est m'endosser enfin, c'est l'assomption.
Puisqu'il faut que la détonation ait servi à quelque chose pour ne pas devenir fou, on va dire que ça m'aura définitivement sorti de quelque chose, la position masculine, que je n'étais jamais parvenu à faire mienne. 
Je ne délire pas, ou pas complètement – ou disons que je délire simplement pour ne pas devenir fou –, je me rappelle que les seules fois où j'étais mal à l'aise, c'est parce que je sentais qu'on attendait de moi que je sois un mec. C'était sans doute implicite, inconscient, et en partie une projection de ma part, mais une projection a des raisons, elle s'appuie sur une structure sensée, j'ai dit que je cherchais un sens, j'ai trouvé celui-ci : j'entendais qu'elle me disait que j'étais un mec (donc que je devais l'être, mais le problème ne réside pas tant dans des injonctions que dans la constatation ; c'est la constatation qui produit d'emblée une attente).
Si je dois trouver une origine du malaise pour ne pas devenir fou, on va dire que ce sera celle-là : de toutes façons, je ne pouvais pas être un mec. C'est cela maintenant qu'il faut poursuivre, puisqu'il paraît qu'il faut poursuivre quelque chose : j'ai pris acte, puisqu'il paraît qu'il faut prendre acte de la détonation, du malaise, pour ne pas devenir fou : c'est parce que je n'étais, ne suis et ne serai pas un mec. Le passé trouve sens dans le présent qui trouve sens dans le futur. Dans cet ordre-là. 
J'ai compris le message. Ou plutôt, le but de tout ça c'est de le comprendre, de le comprendre enfin, c'est la leçon à tirer, qu'il faut comprendre ça. 
Je suis prêt, et même mieux que ça, c'est la seule chose que j'accepte dans l'histoire. Je n'accepte rien hormis ça, hormis cette confirmation que je ne suis pas un mec. C'est la seule confirmation qui me réjouit, que j'endosse. 
Je me dis que j'aurais pu m'en rendre compte de mille façons, le fait est qu'il a fallu en passer par là, il faut bien une causalité à tout : c'était pour enfin me dire de ne plus être un mec, dans le genre carrément. En comprenant tout ce que ça implique. 
Maintenant, il devra s'agir à la fois du même individu et d'une réelle prise de conscience que si cet individu doit continuer à vivre, il faudra qu'il ait compris : il n'est pas un mec. Tout de suite, même dans le malheur, même dans la détonation, ça soulage.
On pleure toujours, mais au moins maintenant en pleine conscience : on sait qui on n'est pas. Du moins je crois qu'on le croit. 

25 février 2019

Et quand bien même l'idée aurait pu m'effleurer,

Et quand bien même l'idée aurait pu m'effleurer, quand bien même une envie d'intimité aurait pu surgir, cette envie n'a rien à voir avec le génital : il s'agit juste d'avoir accès à un être humain. Rien à voir non plus (encore moins) avec l'asexualité. Au contraire, tout est sexué : c'est justement parce que j'aime les filles que j'aime les êtres humains filles (et qu'il n'y a donc pas de place distinctive du génital puisqu'on est au-delà – au-delà mais pas en-deçà, il est bien présent à la base mais comme en fond, fondement, fondamental, etc.). Un faux hétéro, à savoir un mec viril, un mec aux goûts de mec, est un mec qui aime les mecs et drague les filles. Or, je suis le seul vrai hétéro.

27 février 2019

Je me repassais le film d'elle se faisant un film

Je me repassais le film d'elle se faisant un film sur le fait que j'aurais pu vouloir autre chose que m'entretenir avec elle. J'avais plus que jamais honte de ce genre. Ils en sont donc là. Tellement mecs et tellement peu hétéros qu'on ne peut plus s'entretenir avec des êtres humains filles. Ça les arrange sans doute ; comme ils sont avant tout des mecs, ils pensent mecs : une fille c'est juste pour s'amuser quelques minutes. Or, je ne suis pas un mec : je suis le seul vrai hétéro.

4 avril 2019

Au moins, puer quand je transpire me permet de

Au moins, puer quand je transpire me permet de changer de honte. Si je n'avais pas ça, je ne penserais qu'à ma honte de parler et d'agir. La puanteur fait dériver l'esprit ailleurs : juste dans ce qui émane du corps, rien de plus. Et concernant les filles, tout est mis à plat. Plus de timidité à avoir puisque de toutes façons je pue ! Cela fait disparaître tout enjeu, c'est juste un être humain que j'ai en face de moi, un être humain qui ne pourra jamais rien à voir à faire avec quelqu'un qui pue. C'est plus simple. Ça a été ma stratégie.

12 avril 2019

J'avais jadis revendiqué le « draguez-moi » (l'un

J'avais jadis revendiqué le « draguez-moi » (l'un de mes meilleurs amis m'avait dit s'y être reconnu, me lis-tu toujours ? que penses-tu de ce blog ? ne suis-je pas devenu trop étranger ? toujours peur d'être étranger...). Je ne pense plus pouvoir le soutenir. Non pas pour la position de passivité qu'il sous-entend, mais justement pour le résidu d'activité qui s'y maintient : proclamer ça, c'est encore dire qu'on est un objet qui choisira ; « regardez-moi comme un mec et ensuite je déciderai si je veux l'être ». Eh ben non, interdit de me regarder comme ça ! Tout devrait commencer par là : pas d'ça entre nous. Car ce serait encore être dans cette position de dominant qui doit décider des faveurs : au final, avoir l'initiative ou consentir aux demandes, c'est toujours être dans la relation faussée (être celui/celle qui doit répondre n'a jamais été moins violent pour quiconque, nous le savons tou.te.s). Luttons pour la mort même de tout processus de ce genre !

14 avril 2019

C'est vrai qu'elle écrit de drôles de choses

C'est vrai qu'elle écrit de drôles de choses philosophico-prises de tête que j'aurais pu signer si je croyais à ce que je disais. Et elle écoute ce chanteur qui est quasiment moi (et dont la violence régressive ne semble pas la déranger). Mais je ne sais pas si je la mets sur ma liste de filles avec qui j'aimerais pouvoir essayer de passer ma vie entière. C'est ça le problème, d'accord elle a l'air de m'apprécier et elle est attachante, mais 1) elle me dit qu'elle a ce qu'on appelle un copain, 2) est-ce que je veux vraiment être en couple avec elle ? Vouloir être avec elle voudrait dire vouloir être en couple, non ? (Ou alors j'ai pas tout suivi.) Pour la peine, un beau jour je lui dis que j'ai perdu ma virginité (ce qui est vrai) et je sens qu'elle en est jalouse. Ensuite : elle m'envoie un long texte pour me dire que tout ce temps elle avait été amoureuse de moi sans rien dire, alors que de mon côté je démarre une relation avec celle avec qui j'ai envie de passer ma vie entière. Deux espaces-temps viennent se percuter et j'en reste muet. Elle dira sur son blog qu'elle sera vexée de ma non-réponse. This is what happens in the twenty-first century. 

15 avril 2019

C'est comme si je voulais la saisir tout entier

C'est comme si je voulais la saisir tout entier mais ça me ferait bien trop peur et à elle aussi que je puisse/veuille vouloir ça ! Du coup,  je me crée ma carapace. Une seule fois, il y a très longtemps, j'ai osé dire à l'une d'entre elles « souvent je pense à toi et j'aimerais être comme une petite souris, tout le temps te suivre, savoir ce que tu fais », elle m'a violemment rabroué, m'a fait comprendre ma folie et depuis on est restés amis (encore aujourd'hui). Et elle aussi, quand j'y pense, elle a vu ce que ma volonté de saisir pouvait me faire perpétrer comme attentat à l'indépendance mentale et m'avait dit « bon alors, à quelle fille ensuite tu vas envoyer un flot de messages ? » et j'avais trouvé ça tellement juste de me dire ça et au final on s'est revus il n'y a pas longtemps et ça reste l'une des personnes qui m'a le mieux compris sur terre. J'hésite donc entre « faut croire que je doive en passer par l'expression de ma folie pour qu'il se passe quelque chose de sensé » ou « ce sont celles qui sont prêtes à comprendre ce qu'il y a derrière ma folie qui sont mes meilleures amies ». 

16 avril 2019

« T'entends pas comme le son de ta voix est

« T'entends pas comme le son de ta voix est différent quand tu lui parles ? C'est parce qu'elle te plaît, hein ?

– Oui, elle me trouble mais c'est justement parce qu'avec ce genre de fille je sais que je ne peux être que moi-même.

– Mouais, au contraire c'est pas toi qui parle comme ça, tu parles jamais comme ça d'habitude, pas de cette façon si sérieuse, tu veux l'impressionner par ton sérieux, hein ?

– Non, c'est juste qu'avec une telle fille je dois oublier d'être con. C'est à ça que doit servir l'émoi et plus tard l'amour : oublier d'être con. 

– Ouais ben t'y es pas encore arrivé jusqu'à présent, hein...

– Oui, car le monde et les autres (les autres que la fille, les autres que l'émoi, les autres que l'amour) viennent toujours me rappeler qu'il faut être con pour se perpétuer dans eux, pour jouer le jeu. Mais faut tenir le coup de la non-connerie, promis la prochaine fois je tiendrai le coup. Bien noter ça quelque part : oublier d'être con. »

17 avril 2019

Je le redis (différemment, toujours différemment)

Je le redis (différemment, toujours différemment) : j'ai commencé ce blog parce qu'on a cru qu'à un moment je voulais « draguer » alors que pas du tout en fait. C'était violent de se prendre ça en pleine tronche : « tu es un mec ». Non seulement j'ai envie de répondre « et si j'ai pas envie ? », mais en plus j'ai envie de rajouter « et si j'ai quand même envie de parler avec elle parce que c'est une fille mais que rien à voir avec la drague, juste parler, hein vous en dites quoi dans ce cas ? ». Voilà donc, je suis le seul vrai hétéro (c'était juste un jingle pour résumer, une quatrième de couverture en cours de route).

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